De Vercingétorix, en passant par Jeanne d'Arc, en poursuivant plus près de nous avec le général de Gaulle, le général Leclerc et Jean Moulin, et en terminant avec le colonel Arnaud Beltrame, nous pouvons dire que notre pays compte de nombreuses belles figures de la résistance, sans oublier d'autres tout aussi illustres, et des plus anonymes, comme beaucoup de "Justes" que vous avez aussi évoqués.

Et je serais le premier à porter haut et fort votre discours d'hommage pour ce héros de la gendarmerie, qui a donné sa vie pour en sauver une autre dans ce supermarché de province, si vous n'aviez pas conduit le général Pierre de Villiers à la démission par un autoritarisme indigne de votre fonction. Il me paraît en effet incongru de faire l'éloge de la résistance quand on est capable d'écarter un homme susceptible de la porter.

Droit, lucide et brave, il faisait face à l’agression islamiste, face à la haine, face à la folie meurtrière, et avec lui surgissait du cœur du pays l’esprit français de résistance, par la bravoure d’un seul entraînant la nation à sa suite.

En limogeant et en humiliant le général de Villiers, vous avez affaibli cet esprit de résistance. À moins que, il y a huit mois, vous n'ayez pas eu encore clairement conscience de ce qui se jouait sur notre sol dans la guerre que les islamistes mènent contre la France.

Mais votre évolution, bien que tardive, est tout à votre honneur et le choix de la résistance (avec celui de la geste de Jeanne d'Arc) comme nouveau paradigme pour penser l'agression islamiste, est certainement juste et jette sur notre situation une lumière nouvelle.

S'il y a "résistance", depuis l'acte héroïque du colonel Beltrame, c'est qu'il y a ou a eu par le passé des "collabos", comme le soulignait ici Gabrielle Cluzel. Et puis la grande masse des attentistes. Mais cela signifie aussi que, comme en 1940, le parti des Résistants est ultra-minoritaire : en 1940, moins de 1 % des hommes valides ont répondu à l'appel du 18 juin pour rejoindre les Forces françaises libres.

Si vous voulez vraiment être le chef de cette nouvelle résistance, vous avez un avantage et une force considérables par rapport au général de Gaulle en 1940 qui, ne l’oublions pas, était exilé par la force des choses, non élu, et faisait face à un régime de collaboration (celui de Vichy) qui l'avait d'ailleurs condamné à mort. Or, vous avez été élu démocratiquement chef de l’État, et vous disposez d’une majorité parlementaire large. Vous jouissez de pouvoirs considérables que vous confèrent la Constitution et toutes les lois sécuritaires votées ces dernières années.

Mais tous ces atouts vous obligent. Et nous ne pouvons donc pas nous contenter de l'exemplarité de quelques hommes d'exception pour résister à notre ennemi de l'intérieur qui est l'islamisme radical.

Vous avez vous-même placé ce combat sur le terrain des valeurs et ce n'est certainement pas avec les valeurs de Mai 68 et de Charlie que nous combattrons l'hydre Daech. À un moment, il vous faudra choisir. Dans la résistance authentique, le "en même temps" n'était pas possible.

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03 avril 2018 à 13:04

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