Les Trois Mousquetaires version française et version pudding, woke et Commonwealth !

LES TROIS MOUSQUETAIRES

En ce début d’année 2023, les fans d’Alexandre Dumas et de cinéma populaire seront ravis : deux Trois Mousquetaires en compétition dans les salles obscures. Oui, mais lequel choisir ? Plouf, plouf… l’un est français et l’autre britannique.

Sans chauvinisme étroit, parlons d’abord du film gaulois. Réalisé par Martin Bourboulon et prévu sous forme de diptyque – avec deux sorties prévues entre avril et décembre –, cette grosse production d’environ 70 millions d’euros semble, à première vue, ne pas trop malmener l’histoire et le mythe. Avec des incarnations visuelles identifiables, tant du côté des héros – avec un François Civil d’Artagnan ténébreux et viril, une Eva Green Milady vénéneuse ou un Vincent Cassel Athos renfrogné à souhait – que de l’ambiance d’un XVIIe recréé d’ombres et de loques, inspirées pour la caméra des clairs-obscurs du Caravage et pour l’inspiration crépusculaire du Capitaine Alatriste d’Agustín Díaz Yanes.

Le film cède-t-il à l’air du temps ? Oui, bien sûr. Mais les critiques de l’art vous diront que le cinéma est forcément l’image de sa société et des idéologies prégnantes, qui l’inspirent. Alors, parmi les seconds rôles, voici Ralph Amoussou dans la peau d’Hannibal, un mousquetaire… de couleur ! Les scénaristes s’en sont expliqués : l’inspiration vient d'Aniaba, venu de Côte d’Ivoire, adopté par Louis XIV et qui sera le premier officier noir bien connu de la cavalerie royale française. Voilà un personnage qui satisfait à la fois aux principes du « quarteron » Dumas, violant l’Histoire, peut-être, « pour lui faire de beaux enfants » ; et à ceux de notre nation, qui n’est point ethnique, au sens de race, mais d’acceptation culturelle. Bref, un exemple somme toute subtil pour intégrer au roman national rénové tous nos jeunes Français de cœur, qu’ils soient « issus de la Corrèze ou du Zambèze » !

Qu’en est-il de la production britannique ? La cocasserie viendrait-elle du fait que ces gens de la perfide Albion osent tout pour massacrer la France ? Outre un Richelieu campé par le septuagénaire James Cosmo tout droit sorti des Highlands, l’incongruité est ailleurs : « D'Artagnan is played by relatively-unknown actor Malachi Pullar-Latchman » lisait-on, pendant le tournage, dans le North Wales Chronicle d’avril 2022. Un acteur « relativement inconnu », certes, abonné jusqu’alors à quelques films d’horreur. Mais qui restera dans les annales mondiales du septième art pour avoir été le premier d’Artagnan issu de la… diversité.

Pourquoi ce d’Artagnan sous les aspects d’un Cassius Clay bondissant ? On pourrait penser, charitablement, que le scénariste, peu au fait de la langue de Molière, n’a pas bien compris Dumas dans le texte. Ou que, sur des souvenirs vaporeux d’université britannique, il n’ait pas bien assimilé qu’on disait « mousquetaires noirs » de la 2e compagnie en rapport à la robe noire de leurs chevaux. Beaucoup de « mousquetaires noirs », donc, mais pas au sens qu’on nous présente. Hélas !

De nombreux internautes ont vivement réagi : « Je ne suis pas un conservateur et je suis généralement favorable à l'égalité des races et des sexes, écrit Martin Stanko, mais cet effort dément de négation de l'histoire dépasse mon entendement. J'ai même compris la licence artistique dans la production musicale de Jésus, où il était joué par un homme noir, parce que, bien qu'étant un personnage historique, il est en quelque sorte l'incarnation de chaque personne (d'un point de vue spirituel). Mais Anne Boleyn ou les Mousquetaires de Dumas, c'est une abomination avec laquelle je ne pourrai jamais être d'accord. Êtes-vous devenus complètement fous, en Grande-Bretagne et aux États-Unis ? Jackie Chan va-t-il jouer le rôle de Richard Cœur de Lion ? »

Oui, ils sont devenus fous, au royaume wokiste de Charles III : à quand un d’Artagnan LGBTQIA+ dans sa belle casaque arc-en-ciel pour faire bonne mesure de déconstructivisme culturel et ramollir un peu plus les cerveaux de nos jeunes d'Occident ? Grâce à Dieu, le film de Martin Bourboulon, lui, n'est pas tombé dans ces dérives.

Pierre Arette
Pierre Arette
DEA d'histoire à l'Université de Pau, cultivateur dans les Pyrénées atlantiques

Vos commentaires

24 commentaires

  1. Je n’irai voir ni l’un ni l’autre.Apres avoir vu vaincre ou mourir , je ne sais quand j’aurai envie de retourner au cinéma.Au fait , le dernier film de BHL a fait dans les 300 entrées.

  2. Nous étions déjà colonisés par la langue…nous le fûmes un peu…beaucoup…par la « malbouffe »…voici venir le train, non de trois grands rois, mais…du woke ! Et nous sommes priés de garder un sourire bienveillant…

  3. j’aimais les films de cape et d’épée historiques, mais la c’est un comble ; de toutes façons je ne vais plus voir les films français avec leurs acteurs venus d’ailleurs ; par contre je suis allé voir vaincre ou mourir.

  4. Il me semble de mémoire qu’Alexandre Dumas était noir, non?
    Est-ce vraiment « woke » que de dénaturer l’œuvre d’un noir qui, lui, s’est réellement fait une place parmi les plus grands à la force du poignet, en changeant son récit pour y ajouter un noir gagnant des quotas obligatoires indépendamment de son talent ?

  5. J’attends avec impatience la sortie du « Mariage d’Astérix et Obélix » qui je pense devrait recevoir un César et surtout le biopic des Beatles campés par la Compagnie Créole.
    Non comment.

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