Il est un fait qui n’est pas nouveau dans le traitement médiatique des sujets liés aux migrants : l’instrumentalisation des bons sentiments. Ce phénomène, très bien décrit par Stanislas Berton dans La France retrouvée, vise à culpabiliser les Français. Multiculturalisme oblige, toute réflexion sur une immigration massive, sur son manque d’assimilation ou sur les moyens humains et financiers qui font défaut pour les accueillir de manière digne est associée à l’expression d’un racisme ou d'un « discours de haine ». Stanislas Berton d’ajouter que ce formatage encourage les Français à « mieux les faire consentir à leur propre remplacement ».

Libération nous livre une enquête illustrant parfaitement ce conditionnement. On apprend que pour Yaya, un jeune Guinéen de 16 ans, « plus rien ne va » : il ne reçoit plus ses 100 euros mensuels destinés à payer son Pass Navigo ou laver ses vêtements. La victimisation se poursuit. Pour manger, il bénéficie d’une carte qui lui permet d’aller chercher des kebabs dans un snack, mais las, « ce régime alimentaire, qui ferait pourtant envie à n’importe quel ado, est incompatible avec la maladie du foie que le jeune garçon a contractée des années plus tôt. Les kebabs le rendent malade », écrit le quotidien. De plus, Yaya s’étonne, son assistante sociale « est censée m’appeler et venir me voir de temps en temps », mais manifestement débordée, elle « est aux abonnés absents ».

Sauf qu’au lieu de manifester un semblant de reconnaissance ou de gratitude à ce pays qui le nourrit, le loge et le blanchit aux frais du contribuable, Yaya estime plutôt qu’il est maltraité et porte plainte contre X pour « délaissement d’une personne incapable de se protéger ». On pourrait également citer, dans Le Parisien, Mohamed* qui se plaint d’être confiné dans une chambre hôtel et n’a « même pas la place pour prier » ou Ahmed* qui déplore que « les draps n'ont pas été changés depuis des jours ».

Régulièrement « épinglée sur le sujet de l’aide sociale à l’enfance », écrit Le Parisien, la collectivité des Hauts-de-Seine vient d’augmenter son budget consacré à ce poste « avec des dépenses prévisionnelles qui dépasseront la barre des 900 millions d'euros, soit une augmentation de 8,5 % par rapport à 2020 ». Un autre papier du Parisien décrit ces « trois adolescents disant avoir 15 et 16 ans, originaires du Mali et de Côte d'Ivoire, [qui] se sont présentés à plusieurs reprises dans les locaux de la cellule des mineurs non accompagnés à Nanterre […] Ces mineurs isolés n'ont même pas été autorisés à déposer leurs demandes. » Et Réseau éducation sans frontières de souligner que ces pratiques sont courantes, et de déplorer que les jeunes soient renvoyés à la rue ou dissuadés de se présenter, tout en reconnaissant « que les gens de l'ASE sont submergés et qu'ils ne disposent pas des moyens humains nécessaires pour entendre tout le monde ». En l’occurrence, ces trois jeunes en questions sont, finalement, majeurs « comme dans plus de la moitié des évaluations », estimait feu Patrick Devedjian, président (LR) du conseil départemental.

Gouverner, c’est prévoir, et il semble que les politiques, en allouant quelques budgets supplémentaires pour soulager les services sociaux submergés, n’aient qu’une vision à court terme de la chose publique. Car sans véritable prise de conscience du conditionnement médiatique, ni mesures fermes pour endiguer ce phénomène d’immigration de masse, c’est un tonneau des Danaïdes qu’il leur faudra remplir.

*Prénoms changés par Le Parisien

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02 mars 2021 à 17:06

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