Les Français croient-ils encore en la justice de leur pays ?
Au-delà des exubérances médiatiques de Jean-Luc Mélenchon, il convient de regarder la réalité en face : les Français sont plus que critiques à l'égard de la Justice.
Lors du grand débat que j'ai organisé à Maisons-Laffitte, - qui fut certes, parfois, un grand déballage -, nombre de nos concitoyens ont exprimé de sévères critiques sur la Justice, dénonçant la partialité de certains juges. Ces critiques ont été d'autant plus étonnantes que le thème de la Justice ne figurait pas parmi les sujets retenus pour le grand débat. Ces critiques se comprennent, en réalité, aisément en raison de certaines affaires comme le fameux « mur des cons », qui a bouleversé l'opinion sans pour autant susciter une condamnation sévère du système judiciaire.
De plus, l'intervention de certains juges - syndicalistes ou non - sur les plateaux médiatiques crée un réel malaise.
Les audiences des rentrées judiciaires, véritables défouloirs, donnent lieu à des critiques étonnantes sur les gouvernements. Je me souviens d'une audience où le préfet en colère ne resta pas à la réception qui faisait suite. Certes, les juges ont matière à se plaindre, tant les moyens leur ont été chichement accordés, sans parler de leurs rémunérations...
Nos concitoyens ont le sentiment que certains juges se comportent en militants politiques au mépris de leur obligation de réserve. Le dernier jugement sur le décrochage du portrait du président de la République est un véritable acte militant, salué par d'autres militants mais caractéristique d'un réel dérapage politique.
Peut-on, pour autant, affirmer que la Justice est instrumentalisée par le pouvoir politique ? Non, c'est inexact, même si des affaires vont être jugées étrangement, comme l'affaire Fillon, à des dates qui sont celles des élections municipales en mars prochain. Simple coïncidence, peut-être pas...
Mais il n'y a pas que le pouvoir politique qui « instrumentalise » la Justice. On oublie trop souvent que l'action publique échappe désormais au parquet et est enclenchée par des associations reconnues d'utilité publique, qui lancent de multiples plaintes ; ces actions parfois très partisanes devraient être mieux encadrées.
La suspicion fortement répandue dans l'opinion publique à l'égard des juges pose un problème institutionnel majeur, et cela, d'autant plus que la « judiciarisation » de la société où il est fait appel à tout bout de champ au juge pour résoudre tous les problèmes accroît la visibilité des juges dans la société et, en conséquence, les critiques. Au demeurant, les Français n'accepteront jamais le gouvernement des juges ; le seul juge suprême est le suffrage universel, le peuple !
Il est urgent de réconcilier les Français avec leur Justice en lui donnant des moyens, à charge pour les juges de respecter leur devoir de réserve, ce que font heureusement la très grande majorité des juges, et à charge, aussi, pour le législateur de redéfinir la place du juge dans la société, qui ne doit pas tout juger !
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