Emmanuelle Ménard : « Le comité de surveillance de Facebook est un pas de plus vers la censure »
En début de semaine, le patron et fondateur de Facebook Mark Zuckerberg a annoncé la mise en place d'un comité de surveillance indépendant pour surveiller les publications des utilisateurs.
Au micro de Boulevard Voltaire, Emmanuelle Ménard dénonce les restrictions grandissantes de la liberté d'expression, de la part « des professionnels de la bien-pensance ».
Mark Zuckerberg, patron et fondateur de Facebook, envisagerait de créer une sorte de Cour suprême de Facebook. Facebook va mettre davantage l’accent sur son rôle de modérateur dans les contenus et les propos qui y sont tenus. Peut-on craindre un pas de plus vers la censure ?
Absolument ! On l’appelle comme on veut, Cour suprême ou Conseil de surveillance ; peu importent les mots. Je vous avoue que je suis assez étonnée. Au moment de la discussion de la loi Avia, Facebook criait haut et fort qu’il ne voulait surtout pas être dans le rôle du censeur. Or, c’est concrètement ce qu’ils vont faire, mais en se défaussant. Ils pourront dire « Ce n’est pas Facebook, c’est le Conseil de surveillance ».
Évidemment, cette mesure sera un pas de plus vers la censure. Il y aura un sursignalement des internautes.
Lors de mon tweet sur Greta Thunberg, j’avais été signalée à outrance par des utilisateurs. Par conséquent, mon compte avait été fermé. Les professionnels de la bien-pensance vont surveiller tout ce qui se dit sur Facebook et le signaler. Quand on ne sera pas dans cette zone blanche mais qu’on débordera un peu, on sera dans une zone grise, celle où on ne sait pas très bien si le propos pose problème ou non et si c’est autorisé ou non.
Facebook ne se posera plus de question et le Conseil de surveillance décidera, dans le meilleur des cas, de supprimer le post et, pourquoi pas, ensuite d’interdire les comptes, s’ils estiment que les utilisateurs du compte sont un peu trop souvent hors cadre.
Pas plus tard que ce matin, L’Incorrect a fait les frais du procès des Identitaires du col de l’Échelle. Toute publication qui émettait certaines critiques contre le jugement des trois militants identitaires se faisait bannir de Facebook.
On voit poindre une censure assez ciblée sur certains sujets…
C’est un très mauvais signal pour la liberté d’expression. En France, les signaux successifs ne sont pas encourageants et positifs. La loi Avia votée au début de l’été est une catastrophe pour la liberté d’expression. Nous n’avons pas été suffisamment de députés à le dire et à le dénoncer. Cette loi n’est toujours pas entrée en vigueur. Pour l’instant, il n’y a eu qu’une première lecture à l’Assemblée. Je crains qu’elle ne repasse avant la fin de l’année 2019 pour qu’elle puisse entrer en vigueur. Ce sont de mauvais signaux. On encourage et on oblige les plates-formes comme Facebook, Twitter ou d’autres à faire le ménage sur leur propre plate-forme.
Qui décide de ce qui est autorisé et de ce qu’on peut dire ou non ? Ce n’est évidemment plus le juge, comme cela devrait l’être, mais ce sont des acteurs privés, sur incitation du gouvernement.
Vous êtes députée. Votre compte Twitter avait été supprimé suite à un tweet sur Greta Thunberg. Comment une élue peut-elle s’exprimer si elle n’a plus accès à ses réseaux sociaux ?
C’est un vrai problème. Ils ont supprimé mon compte Twitter. J’en ai ouvert un deuxième et celui-ci a été supprimé dans la foulée. J’ai failli avoir mon compte Facebook supprimé également pour le même message. C’est parce que j’ai pu discuter avec les interlocuteurs de Facebook en leur expliquant l’absurdité de leur démarche que j’ai réussi à faire entendre raison. Je leur ai expliqué que tout cela n’avait aucun sens et que c’était un vrai problème. Depuis le mois de juillet, mon compte Twitter n’est toujours pas rétabli.
Quand je relance Twitter pour leur demander où en est la procédure d’appel, ils ne me répondent pas. Cela fait plus de six semaines que mes comptes sont fermés et que je ne peux pas m’exprimer.
J’ai la chance d’être hébergée sur le compte Twitter de mon mari, Robert Ménard, le maire de Béziers. Il a accepté que, de temps en temps, je fasse un tweet sur son compte en signant avec mes initiales E.M. pour bien expliquer que ce n’est pas lui qui tweete mais bien moi. Ce n’est pas une solution.
Mon accès aux réseaux sociaux est réduit de facto. C’est un vrai problème !
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