Le roman de l’été : La Reconquête (5)
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Le soir même, palais de l’Élysée
Le Président était avec son Premier ministre, le ministre de l’Intérieur et quelques fidèles. La situation était inquiétante. Il leur parlait d’un ton déterminé :
- Il est certain qu’au moins une centaine de manifestations vont s’organiser d’ici ce soir du fait de la mort des sept jeunes faux terroristes. Sept provocations qui ont poussé nos forces de l’ordre à faire usage de la force, de façon radicale. Évidemment, personne n’a conscience que c’était un coup monté, que l’opération avait été planifiée, les médias et les réseaux sociaux font de ces jeunes des martyrs. La plupart des manifestations vont dégénérer, des gens de bonne volonté vont être les idiots utiles des islamistes et des communautaristes. Nous allons être taxés de racisme, les musulmans vont se sentir haïs par nos forces armées. Ils vont tout casser. Nous ne pourrons pas les contenir car, si nous déployons trop de forces armées, si nous donnons l’ordre d’ouvrir le feu, s’il y a des morts, les manifestations deviendront des émeutes et les émeutes une révolution.
Une fois encore, le calme apparent du Président sidéra son gouvernement. Il avait une grande maîtrise de lui-même, il mesurait chacun de ses propos et prenait, malgré l’urgence, le temps de la réflexion.
Le ministre de la Défense s’anima :
- Non ! Nous devons à tout prix les contenir, Emmanuel. Les émeutes auront lieu, que tu le veuilles ou non. Ils sont des milliers à s’y préparer, ils attendaient une occasion depuis des années, ils ont fini par la provoquer. Si tu les laisses faire ce soir, ça va se répandre comme un feu de paille. Les télés vont relayer ça en boucle, les images susciteront des vocations dans toute la France. Laisse-moi déployer des unités.
Le Premier ministre et le Président l’écoutaient, blêmes.
- Et nous allons faire face à un second risque, on m’annonce que d’autres manifestations sont en train de se préparer. Elles sont organisées, pour certaines par des leaders des gilets jaunes, pour d’autres par des gens d’extrême droite ou encore par des proches des victimes des attentats. Nous ne savons absolument pas quelle ampleur ce mouvement va prendre, mais les réseaux sociaux bouillonnent presque autant dans ces cercles-là que dans ceux issus des cités.
Emmanuel Macron se tourna vers Valérie Pécresse :
- Qu’en penses-tu ?
La réponse tarda à venir, le Premier ministre était une femme prudente, elle détestait profondément le conflit et ne voulait pas entendre parler de déploiement militaire. Mais elle avait aussi conscience de la gravité de la situation. Elle savait quels risques courait un État incapable d’assumer ses fonctions régaliennes. Et elle savait aussi que son devoir était de protéger la majorité de ses concitoyens. Elle donna sa réponse lentement, avec une voix posée :
- Je pense que nous devons laisser les manifestants exprimer leur opinion. Si débordement il y a, ce sera à la police d’agir, pas à l’armée. Si jamais il est impossible de calmer le jeu d’ici demain soir, alors nous devrons déployer des troupes armées. Je suis certaine que nous pourrons contenir les émeutiers, même si cela doit prendre quelques jours.
Le Président lui répondit :
- Je suis d’accord avec t…
- Soyons clairs, Emmanuel.
Bruno Le Maire, dans l’un des rares élans de courage de sa carrière politique, l’avait coupé.
- Tu peux d’ores et déjà annoncer ta démission. Demain, des centaines de milliers de personnes
suivront l’exemple de ceux qui veulent détruire notre pays. Ils le feront parce que, ce soir, des commissariats seront attaqués, parce que cette nuit, il y aura des morts, et parce que demain matin, les journalistes et les associations des droits de l’homme crieront à la répression policière, ils descendront dans la rue, excités par des leaders dangereux et ils casseront tout. Absolument tout.
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