Le racisme des statues anciennes enfin démasqué !

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Selon un article paru, ce 19 novembre, dans l’hebdomadaire Marianne, un nouveau tremblement de terre secoue le microcosme culturel inculte et bien-pensant dans le combat qu’il mène contre l’horrible racisme, lequel, on le sait, est partout, en tout et dans le contraire de tout. Après les masques noirs et blancs d’une tragédie d’Eschyle interdite de Sorbonne, voilà qu’une grande découverte archéologique et patrimoniale vient corroborer la thèse selon laquelle on ne nous dit pas tout, on nous cache des choses, dès lors qu’il s’agit de proclamer la supériorité du Blanc sur les autres races, et par conséquent de s’en prendre au métissage et à la diversité : non, les statues de la Grèce ou de la Rome antique n’étaient pas blanches, comme on les voit aujourd’hui dans les musées, elle étaient en couleur. Mais cela nous a été dissimulé pour nous faire croire à la supériorité de la race blanche !

Quiconque possède un peu de culture - et notamment en ce qui concerne la civilisation gréco-latine - sait bien que ces statues, comme les murs des temples, étaient peintes, et donc en couleur, mais tout le monde sait aussi que la peinture subit les effets du temps, de la pluie, des dégradations diverses, surtout au bout de vingt à vingt-cinq siècles - de même que les yeux des statues qui, constitués de pierres précieuses, ont été dérobés au cours des différents invasions -, si bien que tous ces ouvrages se sont retrouvés, à force, dans leur état d’origine, c’est-à-dire en marbre ou en pierre nue, et par souci de ne pas les défigurer ou les dégrader un peu plus - et comme, en ces temps lointains, la photographie, hélas, n’avait pas encore été inventée, et l’on n’a aucune photo d’Athéna Promachos ou de la Vénus de Milo -, on a préféré ne pas les repeindre. Mais peut-être bientôt, au train où va l’art patrimonial ministériel revu par les créateurs contemporains subventionnés, les verra-t-on entourées d’un ruban autocollant jaune, comme la cité de Carcassonne, ou bien enveloppées dans des bâches en plastique, comme il était question de le faire pour l’Arc de Triomphe de la place de l’Étoile, ou bien tenant dans la main un bouquet de tulipes façon Jeff Koons.

Donc, pour en revenir à cette décoloration statuaire, l’explication est simple comme bonjour, et claire comme de l’eau de roche. Mais pas pour certains esprits éclairés d’aujourd’hui qui voient là une nouvelle preuve du racisme des Blancs à l’égard de la sacro-sainte diversité. Et voilà qu’aurait encore sévi (mais on ne le savait pas) la race pure, aryenne et blanche ! C’est Hitler II le retour, les nazis sont dans nos musées… D’ailleurs, c’est certainement pour ça que ces monstres les pillaient pendant la dernière guerre. Et si c’était eux qui avaient décoloré les statues pour les rendre blanches ? Une enquête s’impose.

Hier, c’était le théâtre et ses masques qui étaient racistes, à présent, c’est la sculpture…

Et peut-être que, demain, c’est la musique à son tour qui va être démasquée, et les compositeurs se verront accusés de racisme s’ils ne bannissent pas de leurs portées les notes blanches, pour ne composer qu’avec des noires. Ce qui doublera le nombre de notes, puisqu’une blanche vaut deux noires - je parle des notes, pas des femmes !-, mais aussi peut-être celui des soupirs.

Vraiment de quoi se mettre en colère, et sans risque, cette fois, puisque la colère est noire !

Jean-Pierre Pélaez
Jean-Pierre Pélaez
Auteur dramatique

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