EDF vend, actuellement, 42 € le mégawattheure d’électricité d’origine nucléaire. Or, paraît-il, il faudrait qu’il vende 49 € ce mégawattheure pour tenir compte de ses frais, principalement ceux du démantèlement des centrales anciennes comme Fessenheim. Ce surplus lui permettrait, en outre, d’investir et de construire (qui sait ?) de nouvelles centrales en espérant qu’elles ne seront pas aussi viciées que l’EPR de Flamanville. Or, Bruxelles impose qu’à partir de 2023, l’électricité soit vendue au prix du marché, sans tarif réglementé ou garanti, explique Le Figaro. Si EDF réussit à obtenir 49 € de son électricité nucléaire, cela ira, sinon, elle sera confrontée à un problème de rentabilité.

Jamais à court d’idées, le gouvernement négocie d’arrache-pied un accord avec l’Union européenne permettant de créer une taxe intérieure de consommation finale sur l'électricité (TICFE) flottante. Cette taxe existe déjà actuellement et elle se monte, en moyenne, au tiers du prix de la facture (ce qui est énorme). En outre, on paye la TVA sur cette taxe et, donc, l’État encaisse 20 % sans efforts et a intérêt à augmenter cette recette. Avec la TICFE flottante, si EDF vend bien son électricité, on la diminuera, sinon (comme c’est probable), on l’augmentera pour financer la différence.

Il est toujours facile et populaire de baisser une taxe. L’augmenter est plus difficile, mais le gouvernement la fixera sans doute à un montant élevé au départ. Nous serons en début de mandat (2023), les usagers râleront, mais ils auront oublié leur mécontentement aux prochaines élections, surtout qu’on donnera sans doute une connotation écologique à cette hausse. On prétendra qu’elle servira à financer des éoliennes ou des centrales solaires, on cachera qu’elle servira surtout à renflouer EDF.

Ne nous leurrons pa : nous paierons l’augmentation de 42 à 49 €, d’une part par la flambée de la TICFE, d’autre part en payant plus cher notre l’électricité si celle-ci venait à monter sur le marché libre.

EDF produit mensuellement 30,6 TWh. Or, un TWh vaut 106 MWh, l’augmentation demandée est de 2,57 milliards d’euros (3 milliards avec la TVA). Actuellement, il y a 35 millions de compteurs électriques en France pour une facture moyenne de 810 € par an, soit un total de 28,35 milliards d’euros. L’augmentation de la facture sera donc de 10,5 % ou de 85 € par foyer, l’État empochant au passage un demi-milliard de TVA. Alors que le fioul et le gaz vont bientôt être interdits dans les nouvelles installations, ceux qui se chauffent à l’électricité et qui, en moyenne, dépensent 1.500 € par an (s’ils sont bien isolés !) devront sortir 157,50 € de plus.

Il y a quelque chose de profondément malhonnête de promouvoir une source d’énergie, d’obliger même les utilisateurs à s’en servir et d’en augmenter ensuite le prix. C’est un abus de position dominante.

Bruxelles se veut, paraît-il, le défenseur du consommateur. Dans le cas du marché de l’électricité, l’usager est totalement oublié, seule compte la dérégulation pour le plaisir de la dérégulation sans que cela apporte quoi que ce soit à personne. Notre système actuel n’était pas exempt de critiques, mais il fonctionnait d’autant plus que l’apparition de concurrents à EDF a amené une relative baisse du prix du KWh. Plutôt que de l’améliorer, on nous oblige à le mettre à bas.

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14 mai 2021 à 10:03

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