Toute référence au passé, et en particulier à 1789, est peut-être excessive. Néanmoins, les ingrédients y sont. D’abord, une inégalité des traitements entre l’élite, des grandes écoles ou autres, qui accapare les pouvoirs politiques et économiques, et le reste de la population. Ensuite, les écarts grandissants entre les très riches, les pauvres encore plus pauvres et la classe moyenne laminée. Enfin, une fiscalité épuisante qui cache mal le mauvais usage qui est fait de l’impôt et qui, en fait, n’a pour objectif que de combler le tonneau des Danaïdes des déficits. Comme en 1789, une crise de la dette pourrait finir par tout emporter.

Car le mal est profond. Comment les citoyens ne se lèveraient-ils pas en masse alors que, depuis des lustres, la Cour des comptes, les journaux (satiriques ou pas), la presse dénoncent, tous les jours, des scandales de cour, où des jardiniers et des électriciens sont mieux payés que des élus, où des logements de fonction sont occupés par des courtisans, où voitures, chauffeurs, fonctionnaires, policiers, « conseillers » d’on ne sait quoi sont affectés par centaines à des tâches qui n’ont rien d’indispensable. Bref, un scandale permanent connu de tous, sans qu’un début de réforme soit entrepris. Quand on y ajoute l’insécurité quotidienne et une immigration choquante : tout est en place pour le grand jour. La révolte gronde, la révolte du peuple contre son élite.

Mais que font nos dirigeants ? Sont-ils autistes ? Peut-être n’ont-ils pas la télé pour éviter la redevance ? Que nenni. Comme la noblesse de 1789, ils ne veulent rien lâcher. Ne sont-ils pas, grâce à leurs diplômes et leur réussite, les lumières dont le bas peuple manque ? Tels des berniques accrochées au rocher, ils temporisent, sûrs de leur légalité et de leur longévité. Ils sont même condescendants, car ils ont la boussole : nous garderons le cap. Quel cap ? on ne sait, sauf que ce n’est pas celui de Bonne Espérance.

Au fait, pourquoi vouloir garder le cap quand ce cap amène, à l’évidence, au naufrage ?
Avançons deux raisons. La première est que ce cap n’est pas facultatif. Il est celui donné par les sponsors de l’élection présidentielle. Les financiers, les banques, les multinationales sont vent debout contre un retour aux frontières, à tout frein à la libre circulation des personnes et des biens, et imposent le retour à l’équilibre budgétaire quel qu’en soit le coût pour le petit peuple.

La seconde est liée au système pseudo-démocratique appelé démocratie représentative. La démocratie à la française permet à l’élite de se maintenir au pouvoir quoi qu’il arrive. Car comment appeler démocratie un système qui siphonne les voix des uns pour les donner à d’autres (le système à deux tours) ? Comment appeler démocratie citoyenne un pays où la qualité de citoyen est donnée en masse à des résidents de fraîche date et qui ne connaissent ni nos us, ni nos coutumes, ni même notre langue ?

En réalité nos dirigeants sont des cyniques. Ils savent très bien que les Français, toujours prêts à sympathiser avec les manifestants, se lassent vite des débordements de la rue. Comme en 68, ils reprendront le dessus. Mais qu’ils fassent attention. Le discours enflammé et improvisé d’un avocat bègue conduisit à la prise de la Bastille et au renversement d’un régime millénaire. Les vagues, en s’enchaînant, peuvent provoquer des tsunamis. Les peuples pourraient se rebeller contre ces despotes soi-disant éclairés.

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29 novembre 2018 à 15:58

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