Le coronavirus « tue les vieux déjà malades et blancs » : le fond au-delà de la forme

hôpital

Fallait-il tomber sur le dos d’Éric Le Boucher après sa fameuse tribune dans L’Opinion, intitulée « Coronavirus : tout ça pour des vieux blancs malades ! » ? Bien sûr, user d’un titre qui fait audience est un artifice journalistique réducteur, il voulait, par là, signifier que le monde surréagit en prenant des mesures d’un effet économique terrible (et il a raison) face au risque d’un virus qui, pour l’heure, concerne « pays riches » – là aussi, il a raison - dont la population est plus âgée que celle de l’Afrique ou du sous-continent indien – là encore, il a raison.

Bien entendu, les populations atteintes par ce fléau sont loin de se limiter aux « vieux Blancs »… Il le sait. La mortalité en Chine ! Celles de Seine-Saint-Denis ou aux États-Unis le prouvent. Les statistiques ethniques étant interdites en France, nous savons cependant le taux de décès dans le 9-3 ou le Val-d’Oise – à l’hôpital, 0,5 pour 10.000 habitants, contre moitié moins en France – et nous pouvons écouter ce qu’en disent les médecins pour nous faire une idée. Là où on les connait, à New York, la population victimaire est majoritairement composée de « non-vieux Blancs »…

Dire de l’épidémie qu’elle concerne les vieux est une c… En effet, Santé publique France annonce, au 30 avril, que près de 50 % des personnes soignées en réa ont moins de 65 ans. Fallait-il ne faire effort d’adaptation des moyens hospitaliers et ne pas soigner ces gens-là ?

Dire que la mortalité concerne des « vieux déjà malades » est :

- Une lapalissade : dès lors que ce virus engendre plus de morts chez les personnes âgées, cela ne vaut pas plus que de dire qu’il atteint des gens qui ont les cheveux gris… Bienheureux soit ce journaliste s’il ne souffre d’aucune trahison du corps ou simple faiblesse physique qui vient parfois avant 70 ans !

- Une ânerie, car ces vieux-là étaient certes atteints de pathologies, mais celles-ci pouvaient se soigner relativement simplement. Insinuer par son titre que ceux-ci ne valaient qu’on en ait cure… C’est facile.

- Une incomplétude, car l’état général préexistant à la contagion reste un facteur important. Il l’omit.

Faut-il pourtant réagir au niveau des tripes devant l’accroche d’un titre ? Le drame est, en effet, que trop le feront. S’ils lisent L’Opinion… Dépassons-le cependant et voyons le fond :

- Dire que la santé coûte - qu’elle coûte cher - et que, plutôt que d’investir dans un transhumanisme et des changements d’organes, on devrait s’occuper de pandémies actives est une pensée que l’on ne saurait condamner. Du Covid-19 l’on prit soin avec une vigueur et un coût plus grand que pour le paludisme, dit-il. Serait-ce faux ? Pourquoi cette célérité, sinon en raison de ce qu’elle nous concernait ?

- Dire qu’on en a trop, et trop mal, fait – surtout en France –, au prix d’une casse économique qu’on pressent dramatique – l’Institut Montaigne a raison –, est une idée défendable. Ce confinement, ces règles à la noix qui nous sont rabâchées, ces 100 km, ces précautions intenables dans les transports et insensées à l’école, etc. Oui, franchement, ils dépassent les bornes ! Selon Éric Le Boucher, si un certain confinement se justifiait (l’OMS annonçait des millions de morts), placer le curseur différemment entre le risque sanitaire et le risque économique se justifie. Penser le contraire ?

Comment ne pas faire sienne sa conclusion ? « La peur de la mort est devenue la boussole des politiques publiques. »

Bertrand du Boullay
Bertrand du Boullay
Ingénieur à la retraite

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