L’avion décolle sur les Champs-Élysées : pour le 14 Juillet, l’armée star de la pub

L'avion décolle sur les Champs-Élysées : c'était le refrain de l'unique succès du groupe Movie Music, sorti en 1982 : Stars de la pub. Une harmonie appuyée sur un cycle de quintes nostalgique, de bonne facture et sans prétention, très années 80. Esthétique pop, fascination pour la société de consommation et les marques, synthétiseurs et falsettos. L'écoute de ce chef-d'œuvre provoque malgré tout un petit vague à l'âme. Je vous aurai prévenus.

Or, voici le remake. Aux manettes, le gouverneur militaire de Paris. Il annonce la nouvelle, que reprennent les échos (pas le journal) le défilé du 14 Juillet aura bien lieu. Et l'avion décollera, donc. Le monde politico-médiatique n'a, ce me semble, jamais été aussi heureux d'entendre des bruits de bottes. Les ploucs qui aiment la France vont avoir leur défilé. Ils regarderont la téloche. Et en famille, siouplait ! Ils penseront à autre chose.

Avec un peu de chance, ils auront tellement admiré le défilé qu'ils ne remarqueront pas la photo de McFly et Carlito posée sur le bureau du chef des armées, lors de l'entretien qu'il ne manquera pas d'accorder à des journalistes incisifs qui l'attaqueront sans concession. On imagine un duo Ruth Elkrief-Yann Barthès, histoire de gagner sur tous les tableaux.

Deuxième temps de l'armée, comme on dit : le retour des militaires sur les Champs-Élysées s'accompagne d'un audacieux slogan. « Gagner l'avenir ». « Un slogan à double détente », explique le gouverneur militaire. Gagner l'avenir, y a rapport avec le Covid, hein, déjà. Mais aussi parce que l'armée, elle veut gagner la guerre de demain. Ah, mais d'accord ! Brillant.

Joli coup de com' qui fait oublier, dans le désordre : les gestes barrières toujours en vigueur pour cette grande fête populaire ; la nécessité de venir avec un passeport sanitaire ; mais surtout la très relative adhésion de l'armée à la start-up nation macroniste, comme de récentes tribunes pourraient le laisser penser.

C'est ça qui est bien, avec l'armée, c'est comme les vieux chiens et leur maître. Le maître corrige le chien. Un quart d'heure passe, le maître revient : le chien lui fait la fête !

Décidément, l'armée française, star de la pub !

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

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