L’avenir est au vote numérique : vraiment, vous êtes sûr ?

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Au lendemain des deux scrutins présidentiel et législatifs, les mairies ont rangé leurs urnes, isoloirs et panneaux d'affichage. Il est peut-être temps de réfléchir à froid sur l'organisation des élections. Jusqu'aux prochaines... C'est-à-dire les européennes en 2024, sauf incident de parcours...

Mis à part quelques machines à voter (pour moins de 3 % du corps électoral) et le vote à distance des Français de l’étranger, force est de constater que l’organisation des élections et des pratiques de campagne n’ont pas bougé depuis des décennies, entre autres, sur le triptyque du militantisme : tractage, boîtage et collage. Il y a bien des sociétés qui fournissent aux candidats des accès Big Data de Data Brokers pour mailing, mais ceci reste anecdotique. Dans une société dite écologique et responsable, on peut se demander pourquoi tout ce gâchis de papier, certes recyclé, dans nos boîtes aux lettres et dans nos bureaux de vote. Quel gaspillage de colle, de bataille de la dernière heure devant un panneau d’affichage libre, de litres d’essence pour sillonner un territoire pour coller des affiches sur des panneaux officiels parfois introuvables…

À l’ère du numérique, ne pourrait-on pas avoir, tous, dès la naissance, un compte numérique étatique, ne pourrait-on pas y recevoir la propagande laissant aux citoyens encore « illectronisés » déclarés (aujourd’hui environ 15 %, incompressible, à court terme de la population adulte) la réception par des moyens plus traditionnels ? La propagande affichée ne peut-elle l’être sur des affichages numériques dans nos villes ? Affichages protégés du vandalisme et égalitaires en temps d’exposition.

Avec l’Identité numérique européenne, tant décriée, qui nous est promise sous peu, ne peut-on pas risquer qu’il y ait une énième agence qui offre, outre les scrutins communautaires, ses services aux États membres avec tous les outils informatiques nécessaires pour les élections locales, de la présidentielle aux municipales ? Quelles seront les sociétés en back office, quels risques de substitution de vote, de fraude, d’implication de groupes même non gouvernementaux ?

N’est-on pas là sur un secteur régalien des États devant assurer la véracité et la sécurité des votes sans recours aux sociétés privées. Où est la complexité de l’acte qui se résume à des additions de voix et à des agrégations basiques de chiffres qui ne demandent pas la présence d’un cabinet de conseil ou d’un acteur data scientist anglo-saxon…

Garde-fou, éprouvé par le temps et les événements passés (vote par correspondance abrogé en 75), notre mode d’élection actuel, « a-numérique », exempt d’une numérisation, acte encore très majoritairement manuel dans la gestion des scrutins et des procurations, est menacé par l’absence de sensibilisation et d’accaparement par nos élus du sujet du « numérique ».

Nous avons même peut-être connu, ce 19 juin, les dernières grandes élections encore protégées d’une potentielle triche numérique massive. Si éventuel vote informatique il doit y avoir alors, toute la chaîne de traitement doit être protégée de tous risques de fraude de l'État et d’autres groupes de pression.

Comme notre civilisation, déjà très numérisée et dématérialisée, se tourne vers des pratiques vintage avec, exemples anecdotiques, la résurgence du disque vinyle, de l’autoproduction potagère, la fabrication de sa propre lessive… ne peut-on pas garder cette opération du vote comme un lien humain et traditionnel par sa rencontre physique entre les élus locaux et tous les citoyens ? Ne doit-elle pas rester un acte manuel, incitant à la mobilité de nos anciens, plutôt que de se diriger vers un vote banal seul, ou « accompagné », dans toutes les dimensions de ce terme, derrière un écran ?

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 11/07/2022 à 17:58.
Lionel Mazurié
Lionel Mazurié
Vice-président de Debout La France, chargé du Numérique

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