Laurent Wauquiez devrait être facilement élu président du parti Les Républicains le 10 décembre. En effet, la candidature du maire du Touquet, Daniel Fasquelle, a été recalée par la haute autorité du parti car il n'a pu réunir les parrainages nécessaires. Et ne restent donc, en face de lui, que Mme Portelli et M. de Calan, deux inconnus dont l'autre handicap, aux yeux des militants LR, est pour l'une d'être soutenue par Mme Pécresse et pour l'autre par M. Juppé. Le parti en est donc revenu à une élection plébiscite, comme aux heureux jours d'un Chirac ou d'un Sarkozy. On ne s'en plaindra pas, la question du leadership, de l'autorité et de la ligne étant la maladie chronique de ce parti.

Désireux de marteler sa ligne « de droite » et d'asseoir ce leadership naissant, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes a donc voulu affirmer sa fermeté. D'abord à l'endroit des Constructifs.

Comme le disait Chirac : un chef, c'est fait pour cheffer ! Et ce foutoir généralisé dans lequel on est en ce moment, croyez-moi, si jamais je m'occupe de la famille des Républicains, c'est fini. On va y remettre de l'ordre. [...] Ces espèces de guignols qui, tout en nous ayant trahis, continuent à nous donner des leçons avec un cynisme insupportable, les Constructifs, c'est dehors. Dehors, un point c'est tout.

Voilà qui est clair. Et il lui en faudra, à M. Wauquiez, de la clarté et de la fermeté, pour convaincre des militants et des électeurs lassés, sceptiques et bien souvent écœurés.

Sceptiques, car ils se disent que la petite musique centriste et le refrain de la « digue » ressurgiront toujours. Et puis M. Wauquiez n'a-t-il pas déjà dit qu'il ne toucherait pas à la digue ? N'est-il pas revenu sur certaines de ses positions ?

Si M. Wauquiez voulait surprendre, s'il voulait vraiment ouvrir un avenir, pour lui, à droite, il lui faudrait briser deux tabous : celui des hommes et des alliances. En gros, faire sauter la digue. Intelligemment.

Par toute une série de signes. Habiter l'espace à droite, répondre aux invitations d'un Nicolas Dupont-Aignan, puisqu'il n'a plus rien à attendre du centre. Investir de nouvelles têtes aux élections locales à la tête de listes ouvertes. Ne pas présenter de candidats contre des élus du FN compétents et ouverts à l'union des droites. Jouer les électeurs et la base contre les barons et les élus locaux du parti. Car monte en France un populisme bien compréhensible contre ces élus qui, par leur centrisme et leur allergie au Front national, ont, chez eux, et l'an dernier au niveau national, soit favorisé l'élection de la gauche, soit fait eux-mêmes une politique de gauche, en matière culturelle et fiscale.

Après tout, il bénéficie d'un moment unique, d'un kairos, pour parler comme les Grecs et comme Jupiter. Le Front national est lui-même confronté à des questions de ligne, de leadership et de purge. Les choses bougent, entre FN et LR, autour de Nicolas Dupont-Aignan et Robert Ménard. Et dans son parti, c'est le vide, qu'il lui faut d'ailleurs mener à terme : plus d'anciens, plus de centristes.

Un écueil, tout de même : tous ces petits barons qui n'ont pas osé se mesurer à lui mais qui lui tomberont dessus dès qu'ils le pourront. M. Bertrand et Mme Pécresse. M. Baroin aussi, qui a prévenu qu'il pourrait "revenir" si la digue cédait. Faut-il ajouter M. Estrosi et son association de maires ? Pour M. Wauquiez, comme l'a bien vu Guillaume Tabard dans Le Figaro, ce sont ces barons qui constituent le plus grand danger. Son avenir dépendra de sa capacité à les neutraliser. Notre scepticisme aussi.

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28 octobre 2017 à 23:59

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