L’ancien militaire handicapé avait fait fuir les dealers : un an de prison avec sursis

Kuremu Sakura, CC BY-SA 4.0 , via Wikimedia Commons
Kuremu Sakura, CC BY-SA 4.0 , via Wikimedia Commons

On a eu un instant d'inquiétude pour cette bande de jeunes en déshérence qui avaient dû fuir leur point de vente. La Justice vient de rétablir l'ordre et la jeunesse pourra désormais gagner sa vie en paix. Il y a plus d'un an, le 24 juillet 2021, Michel (le prénom a été changé), un ancien tireur d'élite de l'armée française, était descendu de son appartement. Il était en fauteuil roulant, car Michel est devenu paraplégique. Cela n'excuse pas son énervement : Michel, on n'ose le croire, en avait assez des bruits en bas de chez lui. C'est bruyant, un petit commerce.

Certes, ces jeunes gens du quartier de la Roseraie, à Toulouse, vendaient de la drogue. La question n'est pas là, puisque la vente de drogue est désormais prise en compte dans le calcul du PIB (et on le comprend, car le chiffre d'affaires des dealers s'élève à 2,7 milliards d'euros chaque année et représente environ 0,1 point de la richesse nationale). C'est devenu un business comme un autre : si la vente de cannabis était considérée comme aussi grave que le trafic de meth ou la vente d'organes à la découpe, on y aurait probablement mis un terme. Bref, excédé par la volubilité méridionale de ces sympathiques commerçants, l'ancien militaire est descendu, en fauteuil roulant donc, un couteau à la main. Il a demandé à ses voisins de cesser leur tintamarre. Mauvaise idée, car il s'est fait cracher dessus. Militaire, français et handicapé, dans une cité qui n'aime rien de tout ça, Michel aurait probablement dû s'y attendre. Cette manie, chez les Français, de s'accrocher à leur territoire...

Ne sachant plus quoi faire, l'agresseur fasciste est remonté dans son appartement. Il en est redescendu avec un pistolet, légué par son grand-père, et a tiré en l'air à plusieurs reprises, « pour ne blesser personne », comme il l'a précisé au tribunal. Les vendeurs ont décampé, mais Michel, lui, se retrouvait donc, jeudi 22 septembre, sur le banc des accusés. La suite nous est racontée par La Dépêche : « À la barre, ses explications ne convainquent guère les magistrats qui lui rappellent que son action de justicier solitaire aurait pu très mal tourner et qu’en République française, il y a des forces de l’ordre pour démanteler un éventuel point de deal. » Eh oui, « en République », un pays mystérieux que pour ma part je ne connais pas, il y a des forces de l'ordre pour démanteler un « éventuel » point de deal. En l'occurrence, ledit point de deal présumé se trouvait sur un boulodrome, et rien ne nous dit, en effet, que ces jeunes gens ne se demandaient pas tout simplement qui faisait le point. La présomption d'innocence, les gars...

Le « justicier solitaire », comme l'appellent les magistrats, avait le souhait de se porter candidat pour représenter la France (à qui il a déjà donné plusieurs années de sa vie) aux Jeux paralympiques de 2024, dans la catégorie « tir sportif ». Son avocat a d'ailleurs rappelé que le tir sportif était devenu son seul lien social. Ce ne sera malheureusement pas possible : la Justice française, implacable comme on la connaît, vient de lui interdire de détenir une arme, de pratiquer le tir pendant trois ans et lui a infligé un an de prison avec sursis et l'obligation de suivre un stage de citoyenneté.

On respire. Si les citoyens se mettent à se défendre, je me demande bien où on va. Sous les roues du fauteuil, on entend le bruit des bottes, tout ça, tout ça. L'histoire ne dit pas si les dealers ont été condamnés, ni même s'ils ont été arrêtés. Michel n'a plus de pistolet : ils vont probablement revenir sur le boulodrome, avec le courage qui les caractérise, et ne manqueront pas de cracher à nouveau au visage du vétéran handicapé. Plus de peur que de mal pour nos sympathiques jeunes gens. Michel, lui, privé de son seul lien social, privé d'une arme héritée de son aïeul, privé de l'usage de ses jambes, privé du droit de se défendre « en République » et désormais privé de sa dignité, n'aura plus qu'à rouler (prudemment) jusqu'à son stage de citoyenneté pour se faire taper sur les doigts. Pas trop fort, on espère, car c'est tout ce qui lui reste.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

48 commentaires

  1. Ces procureurs feraient bien d’avoir en mémoire ,l’histoire du procureur Lespinasse ,qui fit condamner à mort Marcel Langer .Ce fut à Toulouse d’ailleurs.

  2. Pas la peine de se poser la question de savoir de quel côté du manche se trouve la justice qui rend des décisions scandaleuses et inverse l’accusation .

  3. Quelle honte!!!! Je comprends maintenant pourquoi Macron a insisté auprès de Dupond-Moretti pour qu’il prenne le ministère de la justice!!!!!!

  4. Et la légion d’honneur pour les dealers qui seront probablement les prochains invités de l’élysée , pourquoi pas pour fêter le nouvel an .Venant de ce couple qui occupe les lieux ça ne m’étonnerait qu’à moitié .Ils aiment tant ces individus .

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