La pluriparentalité, pourquoi pas ?

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L’habillage est technicisé, juridiciarisé, compliqué à l’extrême à cause de tous les droits dont on s’est bardé, au cours des siècles, mais c’est à un véritable retour à la tradition que nous assistons avec la loi de bioéthique dite de la PMA.

Les raisons de ne pas faire la PMA ne manquent pas : biologique, juridique, morale, anthropologique. Le sperme n’étant pas le sang, il faut l’acheter. L’infertilité endogène des couples lesbiens n’existant pas, ni le mal d’enfant ne faisant partie de l’arsenal juridique, il faut refaire le Code de la famille. Ajoutez à cela la filiation sans père qui réintroduit le privilège de la naissance, et la levée aléatoire de l’anonymat, les problèmes sans fin d’héritage et la consanguinité, et vous aurez le Barrage contre le Pacifique de la nouvelle loi. Il y aurait de quoi renoncer. Ce serait mal connaître l’équipe gouvernementale, remontée à bloc pour revenir à une coutume franque.

Retour au Ve siècle. Au commencement est la mère. Quand le mode de succession, bien connu des sociétés dites « primitives », se fait par « le ventre de souveraineté » appelée tanistrie, et que le successeur du chef est choisi parmi les collatéraux (frères, cousins, neveux) de la mère. Alors, la paternité n’est qu’un lien charnel ou symbolique. Alors domine la famille large (on dit maintenant « élargie ») et non le couple monogame issu du droit romain et de la chrétienté. Alors ne prévaut pas cet adage du droit romain de l’infans conceptus. Or, c’est par son mariage avec Clotilde et son baptême que Clovis met fin à cette coutume.

Et si on y regarde de près, force est de constater qu’avec l’éviction du père, la montée en puissance de la femme dans tous ses états, le climat de deep ecology dans lequel baigne l’Europe, nous sommes ramenés, loin d’une terra incognita, à une tanistrie d’un genre nouveau : celle made in labo. Sans nos droits de l’homme qui compliquent tout, le changement des genres serait même fin prêt, avec une père et un mère, en raison de la voyelle plurisexe.

Notre « révolution de velours » bioéthique nous ramène donc au bon vieux temps, avec un peu plus de technique et de complication. Aussi, à voir nos ministres s’affairer aux cornues pour résoudre les problèmes de filiation, de sperme, de fracture sociétale, sans parler d’homopohobie et d’hystérie, d’extrémisme et de religion, on se dit : pourquoi ne pas revenir, dans notre droit, à la notion de pluriparentalité ?

Le mot « polygamie » est tabou ? Levons-le : nous en avons levé d’autres. Car cette pluriparentalité réglerait bien des problèmes. C’est, d’ailleurs, vers elle que le gouvernement, qui aime le challenge, se dirige avec audace, à l’imitation des Pays-Bas, de la Californie et de la Colombie-Britannique. Ce « concept de pluriparentalité » qui dérive de celui de la parentalité a été très étudié par les anthropologues et les chercheurs de l’EHESS (École des hautes études en sciences sociales). En anglais, on dit parenthood, ce qui donne un éclairage intéressant à la chose. En aménageant le concept, il convient parfaitement à l’idéologie de nos nouvelles familles.

Marie-Hélène Verdier
Marie-Hélène Verdier
Agrégée de Lettres Classiques

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