La droite forte en progression au Portugal 

Agencia LUSA, Entrevista Presidenciais 2021
Agencia LUSA, Entrevista Presidenciais 2021

La droite populiste fait une percée au Portugal. Le parti populiste Chega (« Ça suffit ») est arrivé ce dimanche en troisième position aux élections législatives, remportées par le Parti socialiste du Premier ministre Antonio Costa. Une première dans ce pays où la droite de la droite a, depuis la fin de la dictature salazariste en 1974, été absente du paysage politique. Cette élection a eu lieu dans un contexte particulier : elle fait suite à la dissolution le 4 novembre 2021 du Parlement, faute d’accord sur le budget entre le gouvernement socialiste, et ses anciens alliés de la gauche radicale, le bloc de gauche et le Parti communiste portugais.

En France comme au Portugal, les hommes et femmes politiques sont rodés à la construction de barrage. Tous ont fait des déclarations toujours plus grandiloquentes face au danger de « l’extrême-droite ». « Notre frontière, ce n’est pas de ne pas inclure de ministres de Chega, notre frontière, c’est de ne jamais dépendre des voix de l’extrême droite ! » a déclaré le Premier ministre sortant, Antonio Costa. Bien entendu les opposants essaient de faire un lien entre ce nouveau parti politique fondé en 2019 et le régime autoritaire de António de Oliveira Salazar (1889-1970), alors qu’ils ne se revendiquent en aucune façon de cette époque.

Chega réellement d’extrême-droite ? 

Avant toute chose, il est important de comprendre que Chega s’est créé au moment de la division de la droite formée par le Parti social-démocrate (PSD) et le Parti populaire (CDS), battus aux élections législatives de 2015 au profit d’une majorité de gauche.

Le parti Chega défend des positions que l’on peut aisément qualifier de tranchées concernant les réponses pénales à apporter, avec la prison à perpétuité et la castration chimique des délinquants sexuels. Le parti d'André Ventura est libéral en économie et ne remet pas en cause le parlementarisme ; mais défend les thématiques chères à la droite. « L’immigration, c’est comme le cholestérol, il y a la bonne et la mauvaise », expose Antonio Tanger, le numéro deux de Chega. « Ceux qui veulent s’intégrer, les Brésiliens, les Marocains ou les Algériens, qui viennent travailler, sont les bienvenus. C’est plus complexe avec les gens qui arrivent du Bangladesh, du Pakistan ou d’Afghanistan. Mais c’est une question purement culturelle et aucunement religieuse. »

Le parti populiste entretient des relations avec ses voisins européens, notamment avec le Rassemblement national de Marine Le Pen, la Ligue de Matteo Salvini en Italie et Vox en Espagne. Le mouvement portugais se définit lui-même comme étant entre le PPE  (le Parti populaire européen, qui regroupe les droites classiques au Parlement européen) et Identité et Démocratie, qui inclut le RN français, la Lega de Salvini, Vox en Espagne ou l’AfD en Allemagne.

Un candidat issu du centre droit

Qui est celui que l’on qualifie de Trump portugais ? André Ventura était inspecteur du fisc avant de reprendre ses études en droit pour écrire une thèse de doctorat. En 2014, il se fait connaître modestement sur le petit écran où il commente des matchs de football. Sa passion ne l’empêche pas de s’investir en politique, il a été candidat aux municipales de 2017 sous les couleurs du parti de centre droit, le Parti social-démocrate (PSD). Plusieurs journaux rapportent qu’André Ventura s'est fait connaître du grand public quand il a expliqué que les Roms profitaient du système social portugais. Au bout d’un certain temps, il considère que son parti s’éloigne de ses idées, il quitte alors le PSD pour créer Chega. André Ventura fait son entrée au Parlement en octobre 2019 avec 1,3 % des voix, puis s’élance dans la présidentielle où il décroche la troisième place avec 11,9 % des suffrages. Un score qui peut paraître faible face au président sortant, Marcelo Rebelo de Sousa, réélu avec plus de 60 % des suffrages, mais il talonne Ana Gomes, ancienne eurodéputée socialiste (12,97 %). Un bon début pour la droite forte portugaise qui confirme la montée du populisme partout en Occident.

Kevin Tanguy
Kevin Tanguy
Journaliste stagiaire à BV, étudiant en journalisme

Vos commentaires

7 commentaires

  1. Pour y aller en vacances (dans le sud) depuis près de 10 ans, je puis vous dire qu’ils ne sont pas envahis comme nous pouvons l’être; la raison en est citée dans l’article : les immigrés viennent « pour travailler » … pas profiter des aides sociales dont ils ne bénéficient pas quand ils ne travaillent pas…CQFD
    C’est du reste un Pays où nous comptons nous retirer si Macresse/Pécron sont élus car la France telle que nous l’aimons disparaitra :( !

  2. Le Portugal reste avant tout un pays de gauchistes, le PS avec l’aide du PC et du BE continue d’islamiser le pays dans l’inconscience totale de la population qui n’ayant pas été confronté à l’islam n’a pas conscience du guêpier dans lequel ce premier ministre d’originaire de l’Inde et imigrationiste les amène, même Ventura le populiste croit que les algériens et marocains s’intègrent, funeste erreur comme nous savons tous.

    • Le Portugal n’est pas « un pays de gauchistes », nous avons quitté la France pour cette raison-là justement ! Je vous accorde qu’il est gouverné à gauche mais nous sommes loin de la dictature macron. Oui, Ventura doit comprendre que le problème est religieux et non pas culturel, discernement qui reste difficile à enseigner dans une Europe anti-chrétienne. Enfin, le Portugal a été confronté à l’Islam et s’en souvient, il a même fait la Reconquista pour s’en libérer !

    • Il n’y en a pas des cohortes à s’intégrer pour la bonne raison qu’ils ne s’arrêtent pas dans ce beau pays : direct la France réputée pour sa « générosité » …

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