La dette française : quoi qu’il arrive, il faudra rembourser

BRUNO LE MAIRE

Je suis né quelques années après le milieu du siècle dernier. Est-ce le privilège d’être qualifiable de « mâle blanc hétérosexuel » qui me fait moins comprendre les choses en ce bas monde ? En particulier nos gouvernants, que j’avais pensé (naïvement ?) être mus par l’idée supérieure de servir l’intérêt général du pays par leurs actions et leurs décisions.

C’est, pourtant, exactement le contraire qui se produit depuis onze mois et ma colère s’amplifie, chaque jour passant. Cette situation branlante est aussi accentuée par la confiscation de la vie démocratique par Emmanuel Macron, suppléé par son Conseil de défense sanitaire hebdomadaire. Rappelez-vous l’alpha et l’oméga du mantra présidentiel, inauguré par sa première allocution, le 16 mars 2020 : « Sauver des vies, quoi qu’il en coûte. »

Un an plus tard ou, précisément, plusieurs centaines de milliards d’euros plus tard, l’économie du pays s’est effondrée (-8,3 % de PIB en 2020, soit près de 200 milliards d’euros de richesses jamais produites) alors qu’elle était déjà très vulnérable avant, handicapée par l’obésité mortelle de la dépense publique (60 % du PIB national en 2020, record du monde) et les politiques du « courage fuyons » de nos gouvernants depuis des décennies.

Qui va rembourser cet Everest de dettes, sinon nous-mêmes avant tout. Et nos enfants, voire nos petits-enfants ?

Dormez tranquilles, braves gen,s nous disent certains. Les taux d’intérêt sont si bas qu’emprunter ne coûte rien. C’est indolore, nous pouvons continuer à le faire. Ils sont aussitôt rejoints par les tenants de l’annulation, proprement dite, de cette gigantesque dette publique, tel le célèbre économiste Thomas Piketty. La solution du recours à une inflation plus soutenue a aussi été évoquée. Mais elle n’est pas possible à l’échelle de la zone euro car les Allemands, si j’ose dire, y sont génétiquement opposés. Ils n’y ont pas intérêt, du fait que leur situation économique est beaucoup plus saine que la nôtre.

Quelle autre solution ? Augmenter les impôts, bien évidemment. Très concrètement, augmenter les impôts qui pèsent déjà sur le patrimoine (immobilier, droits de mutation, droits de succession, etc.) et sur l’épargne des Français (1.800 milliards d’euros d’encours de contrats d’assurance-vie, fin 2020, soit 27.000 euros par Français, bébés inclus). Où dorment ces montagnes d’argent ? Chez près de 50 % des Français de plus de 50 ans. Très brutalement résumé, le slogan caché de la campagne présidentielle de Macron, au printemps 2022, pourrait être : « Sauver les vies des vieux, oui, bien sûr. Les faire payer, oui, aussi... »

La pandémie qui s’éternise interdit à l’État français toute procrastination durable de profondes réformes structurelles : financement des retraites, durée annuelle du travail, prestations sociales, soutenabilité de la dette publique, etc. Bruno Le Maire l’a encore réaffirmé dans l’hebdomadaire Le Point : « Une dette, ça se rembourse. » Alors, quoi de plus simple et de plus efficace, quoi de plus inégalitaire, aussi, et de presque indolore que d’augmenter de plusieurs points les prélèvements sociaux. Actuellement, CSG-CRDS sur les pensions de retraite pèsent, au plus, 9,8 % selon votre situation. Sur les salaires et revenus des non-salariés, 9,2 %. Enfin, sur les revenus du patrimoine et les placements, ils sont de 17,2 %. Ils pourraient monter à 15 % pour les salaires et les retraites et à 22 %, voire à 25 %, sur les revenus du patrimoine pour faire passer la pilule auprès des ménages les plus modestes.

Le génie français s’est développé dans les trésors d’imagination de ces mesdames et messieurs de Bercy pour collecter l’impôt. C’est, en quelque sorte, la signature que l’État français présente au reste du monde, dont ses créanciers. Dans ce domaine, ne l’oubliez pas, la France est championne du monde. Depuis des décennies...

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Bertrand Renault
Courtier en assurances

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