Justin Trudeau et Emmanuel Macron : pas de comparaison qui tienne !

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Il ne faut jamais désespérer. Tôt ou tard, un pays, le monde, les médias ouvrent les yeux.

Il n'y a plus personne, aujourd'hui, qui qualifierait Donald Trump de personnalité équilibrée, même s'il résiste à l'impeachment engagé contre lui et pourra se faire réélire parce que les profondeurs des USA le créditent d'une excellente situation économique et financière sur le plan intérieur et apprécient sa dureté commerciale.

Il n'y a plus personne, maintenant, qui ne serait pas inquiet face à certaines attitudes et décisions de Jair Bolsonaro au Brésil. Cette lucidité ne serait, d'ailleurs, pas incompatible avec l'attente qu'il a suscitée et que je partageais : elle tenait à sa volonté de combattre l'insécurité et la corruption après des années de triomphe amer pour ces deux fléaux.

De nos jours, nous sommes devenus tellement contraints au relativisme qu'en dépit des admirations éperdues de Jean-Luc Mélenchon pour certains leaders sud-américains anciens ou en activité, on peut considérer que malgré un bilan contrasté, le président de la Bolivie Evo Morales, dont on craignait le pire, s'est révélé « un agitateur épris de stabilité » et une sorte de Lula soft - au regard de la bonne période de ce dernier -, même si, pour la première fois depuis 2005, il devra affronter un rival de droite au second tour.

On a parfois rapproché Justin Trudeau d'Emmanuel Macron, ce qui, en définitive, est une démarche plus paresseuse que pertinente. Le premier nous montre ce à quoi le second a échappé.

En effet, sauf à demeurer obstinément dans l'erreur, à l'exception de leur jeunesse relative, toute comparaison entre Justin Trudeau et Emmanuel Macron serait aujourd'hui déraisonnable.

Alors qu'elle doit, au contraire, nous inciter à nous honorer d'avoir un Président comme lui, notamment parce qu'il a su tirer les leçons du discrédit attaché à certaines de ses postures regrettables, à quelques propos et saillies dont la spontanéité n'excusait pas l'aigreur.

Justin Trudeau et lui n'ont rien à voir l'un avec l'autre et, les similitudes superficielles écartées, le premier apparaît comme le triste exemple d'une personnalité qui s'est détruite à force d'épouser ce qu'elle prenait pour les vents porteurs de la modernité, de l'apparence, de la démagogie et de la divisibilité. Les minorités encensées et les transgressions approuvées. Une connaissance approximative du monde, de ses rapports de force, une maîtrise très imparfaite des dossiers, une superficialité remarquée lors des sommets.

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Il faut lire le portrait dévastateur qu'en dresse Mathieu Bock-Côté dans Valeurs actuelles.

Il convient de retenir que « le charme de Justin Trudeau n'opère plus » puisqu'il se trouve au coude-à-coude avec son adversaire conservateur pour les élections qui se déroulent le 21 octobre après qu'en octobre 2015, ce libéral devenu Premier ministre avait laissé croire qu'il allait ouvrir une nouvelle ère qui ne serait pas seulement celle du snobisme chic en politique mais celle de l'efficacité d'un pouvoir lucide et responsable.
Au mieux, il est décrit comme « hésitant, improvisant et manquant de cohérence ».

Ce qui m'importe dans cette décadence constatée est qu'elle révèle les limites de la futilité et de l'impressionnisme. Jamais mieux démontrés, sur le mode du ridicule, que par les accoutrements indiens du couple Trudeau.

Il y a une différence radicale entre Emmanuel Macron et Justin Trudeau, puisque des médias légers ont, à plusieurs reprises, perçu des ressemblances... Ce qu'on a pu reprocher à Emmanuel Macron tenait de l'exception, d'une dérive conjoncturelle et circonscrite, et laissait le champ libre à la politique, à son rôle international et à sa compétence sur certains sujets de préoccupation franco-français.

Il n'y a pas l'ombre d'une inconditionnalité dans ce constat mais une évidence que l'échec ou non de Justin Trudeau va nous permettre de mettre en lumière.

Comparer ne crée pas forcément une allégresse civique absolue mais conduit à prendre son mal - ou ses espérances déçues, insatisfaites ou retardées - en patience.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 17:00.
Philippe Bilger
Philippe Bilger
Magistrat honoraire - Magistrat honoraire et président de l'Institut de la parole

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