Juliette Méadel : il faut un psychologue derrière chaque enfant des quartiers

Faute de s'attaquer à la racine du problème, nos ministres veulent construire « un cocon protecteur autour de l’enfant »
Capture d'écran X-France info
Capture d'écran X-France info

Invitée, ce mercredi matin, dans la matinale de France Info, Juliette Méadel, ministre délégué chargé de la Ville, réagissait aux derniers drames et venait annoncer son plan pour lutter contre la violence. En projet : évaluer la santé mentale des adolescents des quartiers prioritaires, seul moyen, assure-t-elle, de « prévenir la délinquance ».

Nul ne peut désormais nier l’ensauvagement de la société, particulièrement chez les adolescents. L’admettre est un progrès, mais ce n’est hélas accomplir que la moitié du chemin : celle qui consiste à reconnaître les effets sans vouloir encore en définir les causes…

Toujours tourner autour du pot

Pour Gabriel Attal, l’ancien Premier ministre, aujourd’hui député et président du groupe macroniste à l’Assemblée, et Marcel Rufo, célèbre pédopsychiatre, qui ont publié hier une tribune dans Le Figaro, la cause tient simplement en deux mots : réseaux sociaux. Pas faux, là encore, mais extrêmement limité comme analyse.

Leurs propositions sont néanmoins judicieuses et constitueraient sans doute un préalable utile, bien qu’on ne doute pas qu’elles soient retoquées par la gauche au sens large, cela, au nom de la liberté d’expression. Décrivant le « véritable cataclysme qui s’est abattu sur notre jeunesse » (anxiété, dépression, troubles alimentaires, perte du sommeil…), les deux hommes écrivent que « la responsabilité des écrans est immense » ; un peu comme « les quartiers », en somme. L’objet plutôt que la personne, façon de nier la responsabilité individuelle et parentale… Ils prônent donc l’interdiction d’accès des jeunes de moins de 15 ans aux réseaux sociaux et le couvre-feu numérique de 22 h à 8 h du matin pour les 15-18 ans.

Autre idée qu’elle est bonne, comme disait le philosophe Coluche : « Chaque jeune devra passer un entretien d’évaluation de son addiction aux écrans à deux âges clés de leur (sic) développement : à leur entrée en sixième, puis en seconde. » On se pince… Dans notre beau pays où il n’est plus question d’évaluer les savoirs, le troupeau passant désormais sans condition de la maternelle à l’université pour éviter toute discrimination, on va évaluer l’addiction aux écrans. Vous y croyez ? Moi non plus !

C’est pourtant sur cette ligne que se place le ministre Juliette Méadel qui, elle, veut coller « un psychologue clinicien bien formé », cela, « dès la petite enfance », derrière chaque gamin des fameux quartiers.

Pour qui, les psychologues ? Pourquoi, sur quels critères ?

À France Info, qui s’enquiert du pourquoi et surtout du comment, Juliette Méadel répond qu’elle « souhaite qu’on ait une politique beaucoup plus soutenante (sic) sur les enfants et sur les adolescents dans les quartiers, bien sûr, dont [elle s’]’occupe. En réalité, partout. » Et même davantage, puisque « ça veut dire que toute la société est responsable d’un enfant et qu’il faut tout un village et toute une ville pour s’occuper d’un enfant ». Et les parents, on les passe par pertes et profits ?

C’est donc partout et aussi en tout temps. On apprend, en effet, que les ministres de la Ville, de l’Éducation nationale (Élisabeth Borne) et de la Santé (Yannick Neuder) travaillent de concert « sur l’accompagnement psychologique à partir de l’école et dans les quartiers. Ça veut dire un cocon protecteur autour de l’enfant, la présence de psychologues cliniciens bien formés. »

La journaliste qui interroge revient à la charge : « Ça veut dire que c’est valable pour tout le monde, tous les jeunes, tous les ados lorsqu’ils sont scolarisés, ou est-ce qu’il y aura quand même des critères ? » On les devine bien un peu, les critères, mais Mme Méadel ne peut pas cracher le morceau, alors elle se tortille : « Moi, je souhaiterais que ce soit évidemment valable pour tous les ados, mais en tant que ministre de la Ville, je vais commencer par les quartiers politiques de la ville dans lesquels je dispose déjà et de moyens et de dispositifs qui s’appellent les cités éducatives. »

On connaît ces périphrases – quartier prioritaire de la politique de la ville (QPPV), quartier de la politique de la ville (QPV) ou quartier prioritaire (QP) – qui servent à masquer la triste réalité. En 2022, on comptait environ 1.500 de ces quartiers « prioritaires » réunissant près de 5,5 millions d'habitants. Quartiers « rassemblant les zones urbaines les plus pauvres, nécessitant une intervention des pouvoirs publics », car quartiers ghettos de l’immigration incontrôlée où continue de s’entasser toute la misère du monde.

Faute de pouvoir et encore moins de vouloir s’attaquer à la racine du problème, nos ministres veulent construire « un cocon protecteur autour de l’enfant » grâce à « la présence de psychologues cliniciens bien formés ». On connaîtra le détail du projet le 15 mai, dit Mme Méadel, mais elle en est sûre : pour endiguer la violence, « il faut s’en occuper dès la petite enfance ». Et pour cela, « il faut des adultes, bienveillants et bien formés, à l’école, dans les centres de loisirs, avec des psychologues scolaires, et c’est comme ça qu’on préviendra la violence et, en particulier, la délinquance ». Pas par la répression ni la réforme de la justice des mineurs, hein, ça ne serait pas gentil.

Car ils sont gentils, Gabriel Attal et Juliette Méadel ; on se demande seulement s’ils sortent parfois de leur chics quartiers parisiens. Savent-ils que tant de parents, aujourd’hui, donnent le téléphone en même temps que la tétine ? Qu’ils traînent leurs gosses en poussette jusqu’au CP et les gavent de malbouffe hors de prix ? Qu’ils ne leur parlent pas ? Qu’ils ne s’opposent à rien, n’interdisent rien ? Et pourquoi ? Parce que c’est contraignant, d’être parent, et puis, ça vous laisse moins de temps à passer vous-même sur les écrans… Quant aux psychologues cliniciens bienveillants et bien formés, où va-t-on les recruter ? Il y a belle lurette, déjà, qu’on n’a plus d’infirmières scolaires, alors les psys, qui va les payer ? Avec quel argent ?

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Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

47 commentaires

  1. En voilà une profession d’avenir. En fait c’est à l’école revenue à ses anciennes prérogatives que doit revenir le travail de contrebalancer certains a-priori culturels familiaux, de celui de veiller à d’éventuels mal-être etc… Le psychologue est comme le généraliste surchargé de clientèle qui ne l’a voit que rapidement et quand la maladie est déjà déclarée.

  2. Avant toutes choses il serait peut être intéressant de mettre un psychologue derrière chaque membre du gouvernement.

    • sans doute, mais avant çà je suggèrerais un séjour d’immersion intensive à chacun d’eux d’elles dans les Quartiers, histoire de prendre la mesure de ce dont ils parlent, je doute qu’ils elles en sortent indemne psychologiquement évidemment !

  3. « ça veut dire que toute la société est responsable d’un enfant et qu’il faut tout un village et toute une ville pour s’occuper d’un enfant ».
    On n’ a que ça à faire ! A quatre pattes devant sa progéniture . La première chose à faire serait d’accueillir les enfants quand ils se présentent, même si ça vous dérange dans vos « convictions ».

  4. C’est bien là la question : et ça va nous coûter combien ce délire ?
    Oui, ces gens vivent enfermés dans leur bulle.
    A eux d’abord de consulter un psy compétent et bien formé, ils ont sûrement la bonne adresse dans leurs réseaux…

  5. il faudrait plutôt des psys pour aider les parents à éduquer leurs enfants !! je pense que c’est eux qui devraient construire un cocon autour de leurs enfants et leur inculquer les bases, le respect entre autres !!

  6. qu entendent ils par « les enfants des quartiers « ? a priori tous les enfants vivent dans un quartier….

  7. Et les enfants en milieu rural, vous savez ceux qui n’ont aucun service public, aucun moyen de transport, aucune salle de sport (à part 1 panier de basket dont l’utilisation est interdite, par le maire macroniste, les dimanches et jours fériés) ? Et pourtant, ces ruraux délaissés payent des impôts et souvent bien plus d’impôts que les gens des quartiers. Ces mêmes ruraux se font d’ailleurs meme méchamment montrer du doigt par les grands humanistes écolos, car ces ruraux utilisent leur vouture pour aller bosser. Et ça se comprend, ils ne vont pas faire 30 km 2 fous par jour pour aller bosser ou se rendre au lycée. Idem pour tous les services publics et les loisirs !

  8. et si par un geste désespéré, elle s’engageait dans la lutte contre la pédophilie, dans la réforme de l’aide à l’enfance , au fond c’est peut-être hors de son champ de préoccupation.

  9. Qu’elle reste dans les « quartiers dont elle s’occupe » .. Dieu merci, dans ce pays, il y a encore des parents sérieux qui savent élever leurs enfants et faire en sorte qu’ils réussissent et soient heureux. Ils n’ont absolument pas besoin de ses élucubrations et de ses idées de génie comme les psy de bazar dont elle parle … dés qu’elle ouvre la bouche, elle fait rire !

  10. Un psy par ado ? On rêve… On pourrait peut-être plutôt relancer le scoutisme qui a fait ses preuves pour élargir l’horizon des ados au-delà de leur famille et inculquer sans trop en avoir l’air des valeurs et des règles de vie, essentiellement par l’expérience.

  11. Non pas de psy …ou alors un excellent ..sinon ils détruisent,,,et leur baratin est contre les parents et ils font des dégâts

  12. Qui sont ces psychologues ? Quels diplômes ?
    Attention il y a toutes sortes de rigolos non diplômés dans la profession.

  13. Il faudrait qu’un jour ces gens-là vivent dans la vraie vie. Je me rappelle de cette psychologue scolaire qui avait dit à mes parents que j’étais un peu débile qu’on ne pourrait jamais rien faire de moi, j’ai fait des études bac +8 pour ma profession et encore 4 années d’examens différents mais proche de ma profession pour être plus complet et plus pointu et j’ai créé un cabinet d’une dizaine de collaborateurs. Alors ces gens-là….

  14. Hors sols ces ministres. A croire qu’ils ne sortent jamais de chez eux. Ces quartiers dits pauvres ou l’argent du narcotrafic a remplacé celui du travail et où se cultive le ressentiment et la haine du pays d’accueil mériteraient plutôt un vrai nettoyage au Karcher qu’un certain président nous avait promis et non réalisé. Un gouffre financier qui détruit notre pays

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