Les trois experts mandatés par la Justice confirment que l’« état végétatif chronique irréversible » de Vincent Lambert ne lui permet pas un "accès possible à la conscience", alors que ses parents avaient constaté des éléments d'évolution positive.

Cependant, et pour la première fois, ils reconnaissent que subvenir aux besoins fondamentaux du patient ne relève pas de l’acharnement thérapeutique.

Pour Boulevard Voltaire, Maître Jérôme Triomphe fait le point sur ce dernier rapport d'expertise.

Les trois experts mandatés pour juger de l’état de Vincent Lambert ne voient pas d’urgence à décider de son sort.
En effet, Vincent Lambert serait dans ´´ un état végétatif chronique irréversible ´´ .
Qu’est-ce que cela change ?

Première observation, l’essentiel n’est pas là. L’essentiel est que les experts ont écrit noir sur blanc dans leur pré-rapport que Vincent Lambert n’était pas en situation d’obstination déraisonnable. Ils concluent que le fait de l’alimenter et de l’hydrater répond simplement à ses besoins primaires et ne constitue pas une situation d’obstination déraisonnable. Les partisans de la mort de Vincent ont voulu le leur faire supprimer, mais les experts ont voulu le maintenir.
Quand les grands médias disent que ce rapport est un ´´ tournant’´ au motif que les lésions de Vincent seraient irréversibles, ils n’ont évidemment rien compris. Ils manifestent ce que eux veulent. Ce n’est pas la réalité de l’expertise. Le tournant dans cette affaire est que des experts judiciaires disent pour la première fois que, contrairement à ce qu’ont déclaré le docteur Kariger par deux fois, et le docteur Vincent Sanchez le 9 avril 2018,  Vincent Lambert n’est pas en situation d’obstination déraisonnable.
Voilà ce qui est fondamental dans ce rapport.
Les grands médias ne veulent pas voir ce constat, car il ne correspond pas à la décision qu’ils veulent pour Vincent Lambert, c’est-à-dire qu’on provoque sa mort de faim et de soif. L’essentiel est là!
On peut ensuite en venir au deuxième point du rapport. Les lésions de Vincent sont irréversibles. Évidemment, et nous n’avons jamais dit le contraire. En l’état actuel des données de la science, ses lésions sont irréversibles.
Ce que nous contestons, c’est qu’ils aient pu le définir et le diagnostiquer en état végétatif, c’est-à-dire en état d’éveil sans réponse et sans manifestation de conscience. On ne peut pas établir qu’il n’y a pas de conscience à l’issue de deux examens dont l’un était non contradictoire et non conforme à la procédure, et l’autre a duré une heure trente. Les plus grands spécialistes disent que les évaluations, avec les échelles d’évaluation utilisées ici, pour ces patients doivent être faites au minimum cinq fois sur dix jours d’affilé.
C’est confirmé par des études scientifiques, et en particulier les plus récentes qui datent de 2017.


Les médecins parlent bien d’accès impossible à la conscience. Pour eux, Vincent Lambert ne serait plus du tout conscient et pose comme chaque fois la question de la raison de son maintien en vie...

Premièrement, comme je vous l’ai dit, c’est totalement contesté. Nous avons des vidéos datant de mai 2018 de Vincent tournant les yeux et la tête vers sa mère à l’appel de son nom. On ne peut pas évacuer comme cela dix années de manifestation de conscience, même ténue, au motif d’un examen effectué un jour où il n’allait pas bien, en l’occurrence le 8 septembre dernier. Cela n’est pas possible. C’est pourquoi nous contestons et récusons la valeur et la certitude d’un tel diagnostic.
On ne sait pas ce que l’on veut absolument cacher. En réalité, personne ne peut réellement dire qu’un patient n’a pas accès à sa conscience. Il y a des exemples célèbres. Ils ne concernent certes pas la situation médicale de Vincent Lambert, nous sommes d’accord. Mais prenons l’exemple d’Angèle Lieby, auteur d’Une larme m’a sauvée. On l’avait décrétée morte et sans conscience, alors qu’en réalité elle comprenait et entendait tout. C’est le cas des locked-in syndrome, dont certains pourraient décréter qu’ils sont sans conscience.
Certes, je ne fais pas l’injure à ces experts de comparer la situation d’un patient cérébro-lésé avec des locked-in syndrome, mais il n’empêche qu’aujourd’hui les spécialistes de ces patients cérébro-lésés disent qu’on ne peut pas affirmer qu’un patient a ou n’a pas de conscience.
Il faut bien comprendre ce qu’est un état végétatif. Ce n’est pas un ´´ légume ´´, mais c’est l’état d’une personne qui se réveille le matin, s’endort le soir, respire de manière autonome comme Vincent, ce n’est pas le cas de tous, mais qui ne manifeste pas d’éléments de conscience. Cela ne veut pas dire qu’il n’y en a pas.
Affirmer qu’il n’a pas de conscience, c’est une affirmation dont l’imprudence est contestée par les spécialistes.

Dans tous les cas, le doute doit profiter à Vincent Lambert…

Encore une fois, la question est en réalité très différente et beaucoup plus large que la question de l’état de santé de Vincent. Si nous avons demandé une expertise, c’est parce que les parents ont constaté des éléments d’évolution positive. Les experts le récuse, mais cela ne règle pas la question.
La question est celle de l’avenir d’un homme qui s’endort le soir, se réveille le matin, n’a besoin d’aucun appareil pour vivre et est autonome sur le plan de la vie. Il a juste besoin qu’on lui donne à manger et à boire, tout comme un nourrisson à besoin qu’on le nourrisse.
Que fait-on de cet homme ? Voilà la question.
Doit-on le piquer ? C’est un crime.
Provoque-t-on sa mort de faim et de soif ? C’est une abomination barbare.

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22 novembre 2018 à 16:22

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