Jean-Paul Brighelli : « Faut-il, en tant qu’enseignant, consentir à perdre 50 % de notre enseignement à cause du masque ? »

Brighelli

12 millions d'enfants ont repris, ce matin, le chemin de l'école. Dans les conditions qu'on sait : gestes barrières, port du masque, réunions parents-profs annulées...

Quelle était l'ambiance dans les salles de classes et les salles des profs, pour ce premier jour ?

Témoignage et réaction de Jean-Paul Brighelli au micro de Boulevard Voltaire.

 

Aujourd’hui, douze millions d’élèves ont repris le chemin de l’école. Cette rentrée est évidemment marquée sous le signe du Covid-19.
Comment s’est passée votre rentrée et qu’avez-vous observé ?

Dans l’établissement, j’ai observé les 300 professeurs masqués des sourcils au menton. Certains ont renâclé. D’autres au contraire étaient très contents voire presque paniqués à l’idée de retrouver les élèves. J’avais signifié à l’administration qu’il était hors de question que je porte un masque en classe. L’administration a dit à tout le monde «  vous êtes des fonctionnaires et votre boulot est d’obéir aux ordres du ministre et il veut que vous soyez masqués en classe ».
Certes, nous sommes fonctionnaires, mais nous sommes par ailleurs enseignants. Notre boulot c’est d’enseigner. Si les consignes sanitaires du ministre vont à l’encontre de notre devoir d’enseignement, alors on se retrouve dans une double contrainte. Qu’allons-nous choisir ?
Cela fait six mois que les malheureux petits n’ont pas eu classe. Le ministre dit qu’entre 5 et 8 % d’entre eux ont décroché. Le ministre est très optimiste. La plupart des associations qui se sont penchées sur la question disent plutôt 15 à 20 %. Ces derniers sont les plus fragiles et les plus demandeurs. C’est eux qui avaient besoin d’un enseignant en face.
Faut-il consentir à perdre quasiment 50 % de notre enseignement sous un prétexte sanitaire qui n’est pas apparu comme évident aux yeux des Suédois ? Ils ne sont pas masqués, n’ont pas été en confinement et pourtant leurs résultats ne sont pas plus catastrophiques que les nôtres, même un peu moins.
Faut-il obéir le petit doigt sur la couture du pantalon à des ordres qui arrivent non pas du ministère, mais du haut conseil de ces médecins qui se sont arrogés, sans avoir été élus, le droit de dicter à la République ce qu’elle à faire ? Ce problème est très sérieux ! Il faudrait profiter de l’occasion pour dire que c’est aussi le problème des parents.
Les parents envoient-ils leurs enfants en garderie ? Auquel cas, nous pourrions aussi bien ne pas parler. Des enseignants ont d’ailleurs préconisé de ne pas parler.

Avez-vous rencontré les parents ? Ont ils hâtede mettre leurs enfants à l’école pour pourvoir reprendre leur vie « tranquillement » ou sentez-vous une vraie inquiétude ?

On ne risque pas de rencontrer les parents puisque les éventuelles réunions parents professeurs sont annulées toujours au nom de la situation sanitaire. Certains de mes collègues sont dingues. Aujourd’hui, je faisais des photocopies dans un petit local où se trouvent trois photocopieuses. Un professeur est entré et un autre lui a demandé de sortir. Il était paniqué. Il n’a pas voulu non plus me serrer la main… Combien y a-t-il de cas graves ? Il n’y a pas de morts en ce moment.
On sait que sur les 33 000 décès, au moins 30 000 sont des gens qui seraient de toute façon morts de maladie autre que le Covid. Il y a une espèce d’imposture qui commence à se voir.

Jean-Paul Brighelli
Jean-Paul Brighelli
Enseignant et essayiste

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