Jean-Luc Mélenchon et le Parti socialiste : une opposition prophétique

Mélenchon triomphe. La France insoumise (LFI) et le Parti socialiste (PS) sont parvenus, mercredi, à un accord sur une « union de la gauche » derrière LFI en vue des élections législatives de juin dans l’objectif, si cette union est votée par les instances dirigeantes du PS, d’essayer d’imposer à Emmanuel Macron une cohabitation.

Un désaccord sur la ligne centriste du PS

Cette union, qui se profile alors que le PS effectue à l’échelle nationale les scores les plus bas de son histoire (4,82 % en 2017 et 1,75 % en 2022), donne raison au sénateur tribun qui fut lui-même membre du Parti socialiste pendant trente ans, jusqu’en 2008, l'année où il créa le Parti de gauche (qui donnera naissance à La France insoumise en 2016). La ruine du PS ? Mélenchon prévoit et attend ce moment depuis longtemps ! « Sous la conduite de la social-démocratie, la gauche historique est menacée de dissolution dans toute l’Europe », écrivait-il dans un livre, L’Autre Gauche, paru en 2009, Éditions Bruno Leprince). La raison ? Elle est condamnée à s’associer avec la droite pour gagner. La même année, le 14 novembre 2009, il accuse le PS sur le plateau de l'émission « On n'est pas couché », dans son style éloquent, de faire « une politique où on est d’accord avec l’autre sur à peu près tout : la seule différence, c'est qu’on veut être soi président de la République plutôt que l’autre ». Pour lui, la ligne centriste qui dominait dans le PS le conduirait à sa perte. Il voulait une gauche résolument socialiste qui puisse s’allier avec les communistes. Force est de constater que la critique de l’alliance avec le centre, souvent faite également à la droite, a effectivement achevé les deux partis historiques de la Ve République avec l’arrivée de Macron.

« Vous verrez que je peux l’emporter ! »

Mélenchon, dès lors qu’il quitte le Parti socialiste, va se montrer de plus en plus critique : « Pendant trente ans, j’étais membre d’un grand parti, qui a eu des heures de gloire, je suis fier d’avoir été de ses membres, tonne-t-il encore, sur le plateau de Laurent Ruquier. […] Et puis est arrivé le moment où on ne pouvait plus rien changer, quoi qu’on fasse. […] La politique a disparu. » Quand Éric Naulleau lui reproche de fracturer la gauche et, par conséquent, de l’affaiblir, Mélenchon répond avec verve : « Il faut commencer un nouveau chemin. Il faut que quelqu’un ait le courage de commencer. Je commence. Et vous verrez que je peux l’emporter ! […] Comme mes prédécesseurs, dans la même tâche, qui ont fini par faire le trou : j’y arriverai. »

Parti du PS, Mélenchon tacle François Hollande à de nombreuses reprises, notamment sur sa réforme des retraites qui reportait de facto l’âge de départ à 66 ans pour une retraite à taux plein : « D’un homme de gauche, on attend autre chose que le fait qu’il augmente le nombre d’années de cotisation ! […] Tout le monde sait qu’Hollande a roulé tout le monde. » Il se prend le bec à ce sujet avec... Aymeric Caron (ONPC, 18/10/14), aujourd'hui candidat aux législatives pour La France insoumise !

Depuis qu’il a fondé son propre parti, la critique d'une gauche qui fait des lois de droite est une constante. Mélenchon partage le constat de Phillipe Séguin : « La droite et la gauche sont deux détaillants qui ont le même grossiste : l’Europe. » Lui veut une autre gauche. Elle est aujourd’hui majoritaire parmi les partis de gauche. Appuyé sur une étrange alliance entre un électorat de jeunes bourgeois qui se donnent des frissons et l'immense réserve du vote communautaire musulman, le sénateur a « creusé son trou » et concentre aujourd'hui les votes utiles. À 70 ans, Mélenchon goûte l'ivresse du succès électoral. La France trinquera.

Matthieu Chevallier
Matthieu Chevallier
Etudiant en journalisme

Vos commentaires

21 commentaires

  1. Il faut quand même relativiser son importance, car au 2ème tour de l’élection la moitié de ses électeurs(trices) se sont abstenus ou votés blanc ou nul. Ce qui fait que des 70 % d’Islamo gauchistes du 1er Tour, Mélenchon né à Tanger en a déjà perdu la moitié pour l’A.N.. C’est encourageant pour la suite. Mélenchon pour moi est l’aimant qui permet de sentir jusqu’où peut aller l’extrême gauche, car c’est un Tribun à faire s’écrouler des montagnes, jusqu’à partir abattre des moulins à vents

  2. Le social peut être vertueux, s’il va vers des personnes qui le méritent, la démocratie peut être fondatrice si son socle est réellement le bonheur du peuple qui essaie de la pratiquer; Monsieur Mélanchon n’est qu’un petit souteneur, alliant l’exploitation de la misère humaine et la soumission aux caïds de l’islamisme, afin de faire fructifier sa petite entreprise et tout cela avec une arrogance qui me rappelle notre nouvel et ex Président d’opérette.

  3. Quoi qu’on en pense, c’est le meilleur Négociateur des temps présents….
    La Guerre des Boutiquiers continue à Droite…. Avant de fermer Boutique….

  4. Ces accords de façade n’augurent rien de bon pour la France, des batailles d’égo et un tribun haineux qui ne se bat pas par conviction mais pas orgueil et vengeance.

  5. Mittrand ( prononciation Pasqua !) a marginalisé le PC qui était à + 20 % … Mélenchon va achever le PS . Remarquez , il n’aura pas de mal , il est moribond , si ce n’est en état de mort cérébrale …

  6. C’est une entente de façade ,parce que beaucoup d’électeurs du PS ne sont pas d’accord et ne voteront pas pour une alliance avec cet individu Mélenchon .

  7. Le regard de ce sombre personnage en dit long sur ses véritables ambitions.
    Espérons que les français ne s’y tromperont pas.

  8. Macron, l’européiste compulsif et Mélanchon l’islamo-gauchiste, un sacré duo de maudits qui va nous entraîner irrémédiablement dans un gouffre sans fin. D’ailleurs notre chute est depuis longtemps amorcée.

  9. Mélenchon, en vieux singe qu’il est, est en train de transformer une défaite en victoire..

  10. Les Pôvres, ils ne savent plus quoi inventer, nous avons à nouveau le programme commun, lequel , de triste mémoire, ne fut pas pour la France la panacée….
    Côté LREM, pas mieux, En Marche, devient Renaissance, encore un triste constat, cela est tout simplement un aveu d’échec de la précédente mandature…
    Quant à la « dite » droite, toujours égale à elle-même !
    Comme d’habitude, la France attendra…

  11. Le visage de ce type reflète la haine ! Ce monde politique où règne la bassesse , le manque de dignité me dégoûte

    • C’est un « Insoumis ». Et comme excellent comédien, il prend le visage du personnage. Un ami me disait un jour, après le départ du PS de Mélenchon et de quelques autres : « la seule chose de gauche qu’il reste au PS, c’est le caviar »

  12. mort du PS
    mort du parti gaulliste
    mort de deux partis républicains qui ont détruit la France et l’ ont envoyée plusieurs fois dans le gouffre.

  13. Tout ça, c’est bien joli la cuisine politique et les promesses, mais si on lit le programme de Mélenchon on s’aperçoit qu’il compte sur l’argent magique. Or la fontaine est tarie, plus rien, niet ! Ce qui fait remonter les taux d’intérêts et vogue l’inflation ! Les deux à la fois donne la stagflation = récession + inflation.
    Comment va faire notre futur 1er ministre ou notre Président pour faire face à la crise financière et économique ?
    Que va devenir le bon peuple ? Madre de Dios !

    • Il faut bien comprendre que Macron commençant un second mandat et sauf modification sévère de la constitution, il ne peut pas en faire un troisième. Alors la France, ce n’est plus son problème, sa carrière est ailleurs, en Europe et c’est ce qu’il vise. Et pour ce faire, il est prêt à brader la France. Alors, stagflation, qu’importe, ce sera son argument pour dire que seule l’Europe pourra nous sauver. Une vrai traitrise en vue…

      • Il va passer au septennat, surtout si l’assemblée nationale lui est acquise. Cela lui laissera le temps de préparer sa présidence européenne. Et si ça ne marche pas comme il le désire, et comme il ose tout, il est capable d’apporter une modification à la constitution (même si cela s’avère anti-constitutionnel) lui donnant le droit de se représenter. N’oublions pas qu’il a avec lui un instrument de propagande extraordinaire avec les médias sur une partie du peuple en dérive intellectuelle.

    • Le bon peuple, confiant, n’est pas pervers, il va le suivre. Seuls ceux qui vont prendre la peine de réfléchir et se souvenir, vont voir la supercherie du « Bon Petit Père des Peuples »

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