Dans une interview accordée au Figaro, ce 9 juin, le journaliste économique François Lenglet rend le « quoi qu’il en coûte » responsable de l’inflation, « au-delà des causes structurelles ». Parmi ces causes, il cite la reprise de l’économie post-Covid, la flambée des prix de l’énergie et le coup d’arrêt donné à la mondialisation par la réapparition des « blocs ».

L’expression « quoi qu’il en coûte » sert, quant à elle, à désigner la quinzaine d’années de création monétaire décomplexée, suscitée par la « théorie monétaire moderne » (TMM). Une théorie à laquelle de nombreux hurluberlus ont cru et croient encore, soutenant qu’il est possible de créer de la monnaie sans aucune limite, du moment que l’émetteur de cette monnaie a les épaules assez larges pour imposer son point de vue à ses partenaires économiques. On pourrait la résumer ainsi : « Oui, je viens tout juste d’imprimer ces dollars pour t’acheter tes voitures ou tes céréales, mais si tu n’en veux pas, j’irai faire mes courses ailleurs. »

Une théorie imaginée aux États-Unis, taillée pour le dollar, mais très vite extrapolée à l’euro. La Banque centrale européenne (et les banques centrales des autres « grandes monnaies ») n’a pas hésité, elle non plus, à créer d’une simple pression sur un clavier d’ordinateur des milliers de milliards d’euros depuis 2009. Une théorie plus que séduisante qui est parvenue à tromper beaucoup de gens pendant très longtemps.

Mais le problème principal dont François Lenglet ne parle pas - sans qu’on ne lui en tienne rigueur dans une interview déjà longue -, c’est que cet argent virtuel, une fois entré dans le système financier, a bel et bien été transformé en quelque chose de tangible. Certains ont acheté des voitures, des actions, des bitcoins, mais pour l’essentiel, cette création monétaire est allée se loger dans… la pierre. Et, accessoirement, dans la terre : les Chinois ont acheté des millions d’hectares de terres agricoles en Afrique et maintenant en Europe.

C’est là que la machine se grippe. L’immobilier et les terres étant, par nature, des ressources finies – on ne peut pas doubler, d’une simple pression sur un clavier, le nombre d’appartements et de studios dans Paris pour permettre aux investisseurs de les acheter -, les prix atteints par endroits sont désormais déconnectés de la réalité. Le problème est dramatique dans la plupart des grandes villes de France et, désormais, d’Europe occidentale. En France, le renouveau d’intérêt pour les résidences secondaires et le boom des locations saisonnières rendent les littoraux inaccessibles aux locaux.

Si l’inflation est un vrai problème, ce qui va surtout mettre en péril les finances de la majorité de nos compatriotes, c’est le coût du logement, insupportable. Même les propriétaires, quand ils sont aussi parents, sont soumis au marché. Pour loger leurs enfants étudiants, puis pour les aider à s’installer dans la vie. En additionnant l’explosion du coût du logement à l’explosion du coût de l’énergie, le cocktail devient détonant. L’hypothèse, désormais non nulle, qu’une situation insurrectionnelle vienne rebattre les cartes dans un avenir proche. Les nombreuses affaires de squats en sont les signaux faibles. À défaut, une très prochaine taxation-spoliation du patrimoine immobilier est inéluctable.

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10 juin 2022 à 19:50

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20 commentaires

  1. Pour l’immobilier, la mise en place de la spoliation « indirect » commence à s’effectuer.
    Je reçois ce jour « une proposition!!! » de Tx Foncière pour 2022 qui vient de doubler !! Magnifique

  2. La BCE va cesser d’injecter des liquidités dans l’économie, va augmenter les taux d’intérêt (donc l’argent sera plus cher), ce qui est censé diminuer l’inflation. Mais il faudra que la BCE intervienne pour ne pas que la zone euro explose sous la divergence des taux. L’Allemagne n’emprunte actuellement qu’à 1.42% à 10 ans, la Grèce est déjà à 4.08%, l’Italie à 3.59%.
    Nous nous sommes habitués à de l’argent de moins en moins cher et même gratuit. Le conte de fée ne pouvait pas durer.

  3. La France est un des pays qui produit le moins de carbone…Or, les français veulent encore plus d’écologie et de contraintes énergétiques…on veut laver plus blanc que blanc…Fin des voitures thermiques, fin du liquide (on nous dira que c’est bon pour le climat…) Donc on va payer et on va perdre le peu d’intimité et de liberté qu’il nous reste. On ne peut en vouloir aux politiques, ils ne font que répondre aux aspirations des français…Les veaux croient que l’argent est gratuit.

    1.  » On ne peut en vouloir aux politiques, ils ne font que répondre aux aspirations des français ». En fait, ils ne font que répondre aux propagandes des médias.

  4. Il parait que ce sont les retraités qui ont le plus voté Macron… Alors….Mais ce sont leurs enfants et petit-enfants qui vont payer l’addition!

    1. NOon, non, faux ! Au contraire ( les vrais retraités majoritaires normaux, pas les super-prédateurs friqués qui ont grenouillé dans l’immobilier – entre autres..), ils essaient d’avertir leurs enfants, lesquels sont  » le nez dans le guidon de leur carrière « ( pour le bien des petits-enfants) et ne se sont rendu compte de rien, faute d’historique digéré, concernant l’anomalie de la situation actuelle.

  5. Résultats d’un « Mozart » de la finance aux commandes du pays depuis 5 ans + 5 ans et encore 5 ans.
    Dans 5 ans nous serons racheté par un pays du Tiers-Monde .
    La vie « heureuse » en macronie.

  6. De quoi se plaint-on ? Le coût de la vie augmente de 10 %, mais le taux du livret A a augmenté de 100 %. La preuve a posteriori du casse du siècle auquel se sont livrées les banques avec 0,5% d’intérêts versés généreusement aux épargnants depuis plusieurs année. Ce sont les classes moyennes qui ont fait les frais jusqu’ici des largesse du gouvernement. Cela va changer avec la hausse des taux d’intérêt, mais les répercussions sociales vont être majeures.

  7. Le bon sens paysan de nos aïeux disait :
    « ne dépense que ce que tu as ! »
    « pour être libre, il ne faut rien devoir à personne »
    « travaille, prend de la peine, c’est le fond qui manque le moins »
    « un petit chez-soi vaut mieux qu’un grand chez-les-autres »
    Ces principes ayant été « jetés aux orties », la décadence (financière aussi) est En Marche. La valeur-dollar est de + en + contestée dans le monde, … et celle de l’Euro encore +

  8. Encore un prétexte pour ce gouvernement de nantis pour spolier les retraités, ces « sales privilégiés » qui ont trimé toute leur vie, se sont privés de vacances et autres loisirs, pour construire ou acquérir leur logement ? Ces privilégiés qui, après avoir financé péniblement le toit qu’ils ont sur la tête, doivent aussi entretenir seul ce bien. Que ce soit les détériorations naturelles ou autres, personne ne leur paye les réparations. Pas comme pour les saccages dans les logements sociaux …

    1. Je n’ai rien contre les retraités mais ce sont eux qui votent pour Macron…Il serait cocasse que ces derniers se plaignent de celui qu’ils ont élu…Ils étaient prévenus. On ne peu pas dire qu’ils manquent de vécu et pourtant ils se sont fait joliment berner. Maintenant qu’il est élu, Macron n’a plus besoin d’eux.

  9. La conclusion est d’une vérité criante, maintenant qualifier François lenglet de journaliste-économique » c’est vraiment lui faire beaucoup d’honneur !

    1. Vous avez raison, c’est un amateur qui nous fournit des analyses superficielles et tendancieuses, en accord avec la politique macronienne. Encore un qui nous prend pour des billes.

  10. La création de monnaie ex nihilo conduit toujours à sa dévalorisation, et par suite à l’inflation. Cette dernière a commencé depuis des années avec l’augmentation des bourses et de l’immobilier. Le fait que des investisseurs aient pu acheter des sociétés à bon compte a conduit à une concentration capitalistique dont le corollaire est un pouvoir supérieur à celui des Etats. C’est le règne de Mammon…

  11. Vous abordez le sujet du logement des étudiants; hormis le fait que beaucoup trop de filières universitaires ne mènent à aucun emploi, la question qui va de paire est : combien d’étudiants ont-ils réellement besoin de loger ailleurs que chez leurs parents ? Marc Censi ancien pdt de Midi-Pyrénées déclarait un jour  » Pourquoi aller étudier à Toulouse alors que certains cursus sont disponibles à Albi ? ».

  12. S’il n’y avait que cela il y aura aussi les taxes, toutes les taxes qui ne suffisent jamais à tout ce monstre politique et public, le monstre de fainéants et de rentiers de la République qui est soit disant au service du public alors que leur très grande prétention d’appartenir à ces deux corps provoque l’inverse dès qu’ils sont nommés jusqu’à des comportement extrémistes à la limite de devenir de petits dictateurs du genre et gauchistes ce qui est le pire de tout.

    1. l’art d’inventer des emplois inutiles pour des gens qui pensent être utiles et qui en définitive ne font qu’augmenter la charge de travail de ceux qui produisent, est une culture de gauche. Ces parasites minent et ruinent la société au nom du socialisme qu’ils ont dévoyé.

  13. Accessoirement et de façon importante et soutenue, ce sont les délires écologiques depuis une quinzaine d’années et toutes les taxes afférentes, regardez vos factures (électricité, gaz, essence etc), et j’ajoute à ce jour les « punitions » infligées aux Russes par des européens soumis aux US qui font augmenter tous les prix, et en économie, Lenglet oublie simplement la spéculation qui gouverne la finance.

  14. Si l’on obligeait les responsables politiques a rembourser de leurs deniers les emprunts colossaux qu’ils contractent  » pour notre bien » peut être seraient-ils moins enclins jouer à la roulette russe en braquant le canon du révolver sur la tempe de leurs administrés.

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