Le prélèvement à la source a été reporté d’un an, soi-disant pour permettre aux entreprises de s’adapter.

Cette raison était valable, car un employeur sur trois n’était pas prêt et, à trop se précipiter, on risquait une catastrophe industrielle et la cessation de paiements.

Néanmoins, s’il n’y avait eu que cette impréparation des entreprises, le pouvoir aurait sans doute tenté de passer en force en 2018. Mais M. Macron voulait que les salariés découvrent sur leurs bulletins de paie les "bienfaits" des allègements de charges. Avec le prélèvement à la source, la somme reçue par chacun à la fin du mois aurait sensiblement (et artificiellement) baissé et les Français n’auraient pas pu apprécier le "geste" du pouvoir.

Désormais, les dés sont jetés, et sauf cataclysme économique ou politique (que je ne souhaite évidemment pas), le prélèvement à la source se fera en 2019.

Il aura un coût qui pèsera sur les entreprises : 1,2 milliard d’euros selon le patronat, 300 millions à 420 millions selon le gouvernement, ce qui est considérable. Ces dépenses se produiront surtout au départ du nouveau système et correspondront à l’achat de nouveaux logiciels, à la formation des comptables et à la gestion des inévitables conflits. Heureusement, elles diminueront sensiblement avec le temps. M. Macron prétend tout faire pour alléger les charges qui entravent l’économie, mais il commence son règne en chargeant la barque (même si, parallèlement, l’impôt sur les sociétés va baisser) pour une réforme que rien ne justifie, si ce n’est vouloir transférer le poids de la collecte de l’impôt sur le revenu au privé. Car une mensualisation forcée aurait eu exactement le même effet, avec sans doute moins de risques juridiques provoqués par l’année blanche « 2018 ».

Fidèle à sa méthode Coué qui consiste à nier tout problème et à affirmer que toutes les mesures ont été prises, le gouvernement prétend avoir entendu et anticipé les doléances du patronat.
Ainsi, le taux à appliquer au contribuable sera connu par l’entreprise deux mois avant le début du prélèvement. Cela évitera d’appliquer indistinctement le taux neutre pendant deux mois, ce qui aurait amené maintes plaintes, surtout de la part des salariés les plus modestes, qui auraient été injustement prélevés.

De même lors de la déclaration de revenus 2017, les contribuables choisiront la manière dont ils seront imposés : soit au taux neutre (en fait le taux alourdi, car correspondant à un célibataire sans enfant), soit au taux individuel (sans tenir compte des revenus du conjoint pour éviter que l’employeur ne détienne des informations sur sa vie privée : si votre femme gagne 10.000 € par mois, pourquoi vous augmenter ?), soit au taux réel payé par le couple.

En tout cas, quand la gauche reviendra au pouvoir (ce qui arrivera tôt ou tard), elle aura un magnifique instrument pour baisser la CSG des classes populaires et augmenter d’autant l’impôt des classes moyennes, alors que nous sommes déjà un des pays les plus imposés au monde.

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14 novembre 2017 à 16:26

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