Il y a 75 ans, la libération de Paris (3/4)

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La libération de Paris se déroule du 19 au 25 août 1944. Arrivant de Normandie, les Américains avaient prévu de contourner la capitale française. Sur pression du général de Gaulle et parce que les Parisiens se sont soulevés, la 2e division blindée du général Leclerc de Hauteclocque est autorisée à entrer dans la Ville lumière.

Les préparatifs terminés, le 23 août, à 6 h 30, la division Leclerc se scinde en deux colonnes. La première composée des groupements Langlade[1] et Dio[2]. Elle s’engage sur l’axe Sées, Mortagne, Longny, Chateauneuf, Maintenon, Rambouillet, Saint-Cyr-l’École. La seconde, commandée par Billotte[3], emprunte l’axe Carrouges, Alençon, Mamers, Nogent-le-Rotrou, Chartres, Ablis, Orsay, Saclay, Bièvres, Villacoublay. La progression est fulgurante.

À 13 heures, Leclerc établit son poste de commandement à Rambouillet. Il fait stopper ses unités dans et autour de Rambouillet et prend le temps de la réflexion. Il passera à l’action le lendemain à 7 heures. Il veut agir vite et par surprise.

Les premiers blindés s’ébranlent le 24 août, peu après l’aube, et commencent à se heurter à des nids de résistance. Le commandant Jacques Massu (1908-2002) [4]est pris à partie par des canons de 88 mm ennemis embusqués. Trois de ses chars et leurs équipages sont détruits. D’autres accrochages très violents se déroulent en forêt de Meudon ainsi qu’à Longjumeau. Les affrontements sont tout aussi rudes à Morangis et Wissous, causant d’importantes pertes dans les rangs de la division Leclerc. Il faut le secours de l’artillerie pour faire taire les ennemis et forcer le verrou vers Paris. À La Croix-de-Berny, les unités allemandes tiennent bon, au point que le colonel Warabiot[5] est contraint de contourner ce point de résistance vers Fresnes, où il se heurte à des prisonniers politiques allemands retranchés dans la prison qu’ils ont transformée en place forte ! Après un rude combat de rue, Fresnes et La Croix-de-Berny tombent entre les mains alliées à 19 heures.

Pendant ce temps, à Paris, les barricades se multiplient. Les combats s'intensifient entre des résistants à l'armement aussi disparate que modeste et les soldats allemands, munis d'armes lourdes. Les premiers chars de la 2e division blindée (DB) sont à une dizaine de kilomètres des portes sud de la capitale (Italie et Orléans). Vers 17 heures, un avion Piper Club de l'escadrille d'observation de la 2e DB survole Notre-Dame et la préfecture de police. Aux commandes, le capitaine Jean Callet (1914-1999), qui pique sur les bâtiments. Le lieutenant Étienne Mantoux (1913-1945)[6] largue un petit objet lesté de plomb et muni d'une traîne qui tombe tout près de la préfecture. « Le général Leclerc vous fait dire “Tenez bon, nous arrivons” », dit le message écrit à la main.

À 20 heures, le général Leclerc donne l'ordre au capitaine Raymond Dronne (1908-1991) de pénétrer dans Paris. Les premiers véhicules blindés de la 2e DB gagnent, une heure et demie plus tard, l'hôtel de ville. Des noms de villes espagnoles sont inscrits sur des blindés qui emportent des républicains anti-franquistes espagnols engagés dans la 2e DB. Ils composent la 9e compagnie, dite « Nueve », du régiment de marche du Tchad, commandée par Dronne. Ce dernier a fait peindre la veille, sur le capot de sa Jeep Willis, la devise « Mort aux cons » » Mais ce 24 août, les hommes sont exténués. Ils n’ont pas dormi pendant deux jours. De plus, les réservoirs des chars sont vides et les soldats ont épuisé leur stock de munitions.

(À suivre)

[1] Colonel Paul de Langlade (1894-1980). Il termine sa carrière au grade de général de division.

[2]Colonel Louis Dio (1908-1994). Promu général de brigade à 37 ans, il est Compagnon de la Libération.

[3]Colonel Pierre Billotte (1906-1992). Il est Compagnon de la Libération.

[4]Il termine sa carrière au grade de général d’armée. Il est Compagnon de la Libération

[5]Louis Warabiot (1893-1964).

[6]Fils de l’historien Paul Mantoux, Étienne Mantoux était économiste. Il meurt pour la France en avril 1945.

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