« Il faut combattre le RN » : une fresque militante dans une école publique !

« L’école doit rester un sanctuaire ! » Gabriel Attal l’a dit, il l’a même redit, à plusieurs reprises, lorsqu’il était ministre de l’Éducation nationale. Cela signifie, entre autres, que les établissements scolaires publics doivent être neutres. Cette neutralité est définie dans un document intitulé « Les principes fondamentaux du service public de l’éducation » : « Le principe de neutralité du service public est le corollaire du principe d’égalité. Il implique que le service public soit assuré sans considération des opinions politiques, religieuses ou philosophiques des agents ou des usagers. » En d’autres termes, le personnel éducatif ne doit en aucun cas faire du prosélytisme. Ses membres doivent enseigner et encadrer, rien de plus.
Chose que certains semblent oublier. Ce jeudi 11 juillet, sans doute sans le vouloir, la députée écologiste du Nouveau Front populaire, Marie-Charlotte Garin (notre photo), réélue dans la 3e circonscription du Rhône, a révélé le possible manquement à l’obligation de neutralité d’une enseignante de l’école Gilbert-Dru, dans le 7e arrondissement de Lyon. Elle a publié, sur X, une vidéo - retirée depuis : on la voit dérouler une fresque qui lui avait été offerte par les élèves de l’établissement cité précédemment.
Je vous présente @MC_Garin, députée d’extrême gauche.
Voici ce qu’elle a récemment publié, avant de supprimer.
Il s’agit ni plus ni moins de propagande politique organisée auprès d’élèves de primaire.
Une fois de plus, c’est la preuve manifeste du Grand Endoctrinement auquel… pic.twitter.com/LXQ7lWQf7Z
— Séverine DUMINY (@SeverineDuminy) July 11, 2024
Une enseignante militante ?
Plusieurs messages inscrits sur la banderole sont plutôt explicites : « Il faut combattre le RN », « Vous êtes la meilleure députée », « Continuez, vous êtes sur la bonne voie », « On compte sur vous, fini les racistes et les fascistes », « Empêcher l’R de la N »… La séquence a évidemment fait polémique. Béatrice de Montille (LR), conseillère municipale de Lyon, y a vu « l’instrumentalisation de nos écoles par l’extrême gauche », tandis que Sébastien Michel, le maire Les Républicains d’Écully, a déclaré, sur X : « Il serait bien entendu intolérable que des enfants de 6 à 10 ans aient rédigé, sur le temps scolaire, ces messages à caractère politique. »
De son côté, la principale intéressée, Marie-Charlotte Garin, a tenté de minimiser l’affaire. Au micro de BFM TV, elle a raconté : « Ils m’ont vue plusieurs fois en plusieurs semaines, ça crée du lien, forcément, ils s’attachent à une figure sans penser au parti. Ils devaient m’écrire une carte et, finalement, ils ont fait cette fresque. Leur maîtresse les a laissés libres d’écrire ce qu’ils voulaient avec des mots issus de leur spectacle mais aussi des mots d’encouragement. » Faut-il comprendre qu’en plus de faire réaliser à ses élèves, ou de les laisser faire, une fresque clairement politique, cette enseignante a aussi mis en scène ses opinions ? Interrogé par BV à ce sujet, le rectorat de Lyon n’a pas répondu à cette question précisément. Il indique, cependant, étudier « actuellement la situation pour savoir si l'obligation de neutralité de l'enseignante a été respectée » et informe que « l'inspecteur d'académie des services de l'Éducation nationale dans le Rhône a convoqué un entretien avec l'enseignante très prochainement pour expliquer les circonstances de cette situation ».
Une enseignante qui fait fi de ses obligations ?
Interrogée par BV, Séverine Duminy, responsable nationale de Parents vigilants, une association de défense de l'école créée sous l'égide de Reconquête, tranche : que la réalisation de la fresque ait eu lieu sur le temps scolaire ou non ne change rien : « Que ce soit 15 heures ou 18 heures, la maîtresse reste la maîtresse pour les enfants. Il peut y avoir un règlement en classe, mais en plus de l’obligation professionnelle, il y a une obligation morale. » Elle ajoute : « L’enseignante doit avoir conscience qu’elle peut avoir de l’influence sur ses élèves, même en dehors des heures de classe. »
Séverine Duminy est formelle : si l’institutrice n’est pas à l’origine de la démarche, elle aurait tout de même dû « expliquer aux enfants que ça relève du privé et que, dans le cadre de l’école, on n’a pas le droit de prendre des positions politiques ». L’école ne doit en aucun cas être un lieu de propagande politique, que ce soit à l’initiative des professeurs ou des élèves, d’autant moins qu’« à cet âge-là, les enfants sont des éponges ». Le principe de neutralité a vocation à protéger les élèves et leur liberté de conscience. Si l’école doit effectivement rester un sanctuaire, le personnel éducatif n’a d’autre choix que de l’appliquer, n’en déplaise à certains.

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