Idéfix et le sapin de Noël

idéfix

Pierre Hurmic, maire écolo de Bordeaux, c’est Idéfix. Idéfix qui peut se mettre à pleurer, voire entrer dans une colère noire, si l’on abat un arbre. Heureusement, Obélix est là pour replanter. Et si les Romains se mettent à arracher les arbres de la forêt entourant le village gaulois à une cadence industrielle pour y construire le domaine des dieux, le druide Panoramix détient la solution magique : sitôt en terre, le gland se transforme en arbre majestueux. De quoi les rendre fous, ces Romains. Et Idéfix est content.

Dans la vraie vie, il est rare qu’un gland prenne de l’envergure aussi vite. Quoique... La serre médiatique fait des miracles, aujourd’hui. Pierre Hurmic, donc, pleure sur l’arbre mort de Noël. Certes, il a des arguments : ça coûte cher, ça demande de la manutention, c’est vandalisé, c’est dangereux en cas de tempête. Mettons. La filière du bois aura beau expliquer que, derrière ce sapin, se cache toute une forêt de gens de la vraie vie travaillant et faisant vivre leur famille, ce n’est pas sa « conception de la végétalisation », à Idéfix. Que derrière ce sapin abattu cette année, il y a aussi un sapin que l’on va couper dans un an, un autre dans deux ans, etc., mais surtout, un sapin que l’on a planté cette année, un autre, il y a deux ans, etc., Idéfix n’en démord pas.

D’ailleurs, il va adopter la « charte des droits de l’arbre » qu’il qualifie d’« outil réglementaire ». Aurions-nous raté un épisode législatif ? Il semble que non. Il existe, effectivement, depuis 2019, une charte rédigée par l’association ARBRES (Arbres remarquables : bilan, recherche, études et sauvegarde), créée en 1994, qui se donne pour objectif la protection des arbres remarquables. Mais cette charte n’a aucun fondement législatif ou réglementaire.

Proclamée lors d’un colloque dans les murs de l’Assemblée nationale, en 2019, elle s’est donné pour but de « changer le regard et le comportement des hommes, de leur faire prendre conscience du rôle déterminant des arbres au quotidien et pour le futur, en ouvrant la voie à une modification rapide de la législation au niveau national ». On pourra discuter de la notion d’« être vivant et sensible » proclamée dans cette « charte » et de la volonté, peut-être panthéiste, d’ériger l’arbre en « sujet de droit », mais on ne peut que noter avec le plus grand intérêt ce passage : « L'arbre est un organisme vivant dont la longévité moyenne dépasse de loin celle de l'être humain. Il doit être respecté tout au long de sa vie, avec le droit de se développer et se reproduire librement, de sa naissance à sa mort naturelle… » Quand commence la naissance d’un arbre ? Lorsque Panoramix jette le petit gland dans la terre ? Question qui nous en rappelle une autre sur le petit d’homme à naître qui, lui, n’a pas la chance d'être « sujet de droit ».

Un autre article de cette charte est tout aussi intéressant : « Certains arbres, jugés remarquables par les hommes, pour leur âge, leur aspect ou leur histoire, méritent une attention supplémentaire. En devenant patrimoine bio-culturel commun, ils accèdent à un statut supérieur engageant l’homme à les protéger comme “monuments naturels”. » L’arbre, sujet de droit potentiel, peut donc accéder à un statut supérieur. Les arbres ne naîtraient et vivraient donc pas égaux en droit ? Cela dit, la défense d’arbres remarquables, notamment par leur âge, est tout à fait louable et se justifie pleinement face à la bêtise des hommes.

Enfin, toujours dans cette charte, on découvre que « pour répondre aux besoins des hommes, certains arbres sont plantés puis exploités... Les modalités d’exploitation des arbres forestiers ou ruraux doivent cependant tenir compte du cycle de vie des arbres, des capacités de renouvellement naturel, des équilibres écologiques et de la biodiversité. » Idéfix devrait être rassuré. Les humains, qui pourraient craindre l'appel de la jungle, aussi.

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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