Tout est bon dans le Guillon quand c’est pour la « bonne cause »…

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Pas de liberté pour les ennemis de la liberté. Rien que de la haine pour le parti de la haine. Nicolas Dupont-Aignan l’a bien compris, qui reçoit des tombereaux de menaces et d’injures - et pas des plus raffinées - depuis trois jours.

On me dira qu’il devait s’y attendre. On me dira que les politiques ont la couenne dure. On me dira que s’ils briguent les plus hautes fonctions, mieux vaut qu’ils s’habituent à recevoir des coups sans chanceler. C’est le jeu.

Mais le jeu n’a-t-il plus aucune règle, aucune limite, aucune décence ? Nicolas Dupont-Aignan a perdu sa mère la semaine dernière. Juste après le premier tour, donc. Elle sera inhumée, nous apprend la presse people, jeudi. Tout cela relève de son intimité, ne regarde que son cercle familial, et je ne me serais pas permis d’en parler si « l’humoriste » Stéphane Guillon, sur LCI, n’avait cru bon de s’en moquer : "Je me suis dit que ma mère aurait fait la même chose si je m’étais engagée au côté de Marine Le Pen. Je pense que ma mère se serait elle aussi laissée mourir."

LCI n’a pas réagi, le CSA n’a pas réagi, aucune personnalité n’a réagi. Un dérapage, c’est faire remarquer à une femme que sa robe est jolie (ça, c’est abject), mais se payer la tête d’un homme politique - je devrais dire d’un homme tout court, qu’il soit repris de justice ou président de la République ne change rien à l'affaire - en raillant sa mère décédée dont le corps n’est même pas encore froid est tout au plus une blagounette. Laisser entendre que le fils a précipité, par ses choix abominables, la mort de celle-ci est même assez spirituel. Pourvu que l’on fasse partie du camp du bien, on peut traiter ses adversaires comme des chiens. Et tout le monde est prié de rire, parce que l’esprit Charlie Hebdo - qui plane peu ou prou sur tous nos "comiques" -, c’est beau et c’est follement rigolo.

Dans son meeting du premier mai, Emmanuel Macron a fustigé, avec des mines de rosière, "la grossièreté bien connue de Marine Le Pen" et fait son grand seigneur magnanime : "Ne sifflez pas Dupont-Aignan, le pauvre… il avait déjà perdu… le voilà déshonoré" mais n’a jamais eu un mot pour se désolidariser des insultes ordurières - ne connaissant ni le respect des morts, ni celui des mères - que déversent sans retenue dans les médias et les réseaux sociaux les people qui le soutiennent. Il n’a, quant à lui, pas encore perdu, mais est déjà déshonoré. Par le climat odieux de cette campagne, ne laissant aucune place au débat, qu’il laisse sciemment prospérer.

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

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