Funérailles de Johnny Hallyday : Alain Finkielkraut accusé (encore une fois) d’avoir dérapé
Les funérailles de Johnny ressemblaient à une chanson… d’Aznavour : "Ils sont venus, ils sont tous là…", un million de personnes dans la rue, 15 millions devant leur télévision.
Ils sont venus, ils sont tous là… même les plus improbables : saint Paul, mère Teresa, saint Ignace de Loyola, cités ou chantés par des starlettes, dont à première vue on serait tenté de dire qu’ils ne sont pas le livre de chevet… mais celles-ci y ont mis beaucoup de bonne volonté.
Ils sont venus, ils sont tous là, même les politiques en costume sombre à mille lieues de la variété yéyé ont voulu se déplacer. Par amitié, ou par intérêt, cela ne nous regarde pas.
Ils sont venus, ils sont tous là, même la laïcité qui n’a pas pu s’empêcher de ramener sa fraise et sa police du goupillon, par la voix de Jean-Luc Mélenchon, éternel schtroumpf Grognon, et ses compagnons, pires redresseurs de tort que Mère-Marie-de-la-Consolation-et-autres-pieuses-rimes-en-tion, dans les années 50, quand elle épiait qui n’avait pas communié ou avait mal fait sa génuflexion : quôa ? Comment ça ! Il s’en est fallu de "deux doigts", comme le rapporte "Le Lab" d'Europe 1, qu’Emmanuel Macron esquisse un signe de croix ! Quant à Valérie Pécresse, enfer et damnation, elle a succombé à la tentation.
Mais eau bénite ou pas, frère Jean-Luc - est-ce le patronage de deux évangélistes qui explique son verbe haut ? - ne décolère pas. La participation du président de la République à "une messe dans l’église de la Madeleine, monument religieux contre-républicain, où la prostituée implore le pardon du Christ" est, en soi, un motif de désolation. On remarquera que, comme dans l’Hémicycle, il dispense au passage une petite leçon de caté. À se demander, parfois, s’il n’est pas cul béni infiltré chez FI.
On ne sait trop ce qu’il aurait préconisé ? Que l’on convainque le défunt, allongé dans sa bière, de choisir un lieu plus laïquement correct, ou que l’on s’asseye sur ses dernières volontés ?
Il est vrai qu’il est venu, ils sont tous là, même le hasard - "Dieu qui se promène incognito", selon Einstein -, et il n’a pas manqué d’humour en faisant coïncider cette « grand-messe », comme ils disent, "cette communion populaire", comme l’a décrite Philippe Labro, avec le jour anniversaire de la loi de 1905, que la République a donc fêté entassée dans une église, autour d’un crucifix. Merci, Johnny !
Et, justement, puisqu’on en parle, ils sont venus, ils sont tous là, y compris le petit Jésus sous lequel, dans son cercueil - et dans sa tombe à Saint-Barth -, le chanteur a voulu reposer et auquel il a cédé le pas pour rentrer dans l’église, montrant à ses fidèles, la précision n’étant pas superflue, que s'il y avait un Dieu, ce jour-là, ce n’était pas lui, Johnny.
Il sont venus, ils sont tous là, sauf, d’après, Alain Finkielkraut (RCJ), les "non-souchiens", qui "brillaient par leur absence" : c’est "le petit peuple des petits Blancs [qui] est descendu dans la rue pour dire adieu à Johnny".
En soi, rien d’étonnant : Jean-Philippe Smet - dit Johnny - n’en était-il pas lui-même ? Et ses premiers fans historiques - ceux qui ont transmis le virus à leurs enfants - ne connaissaient pas, dans les années 60, la diversité. Le jour des obsèques de Charles Aznavour - encore lui -, commettra-t-on un crime si l’on remarque que nombre de ses inconditionnels sont d’origine arménienne ?
Ce n’est qu’un fait. Formulé en termes plutôt péjoratifs. Et auquel, du reste, adhère Laurent Joffrin lui-même : "C’est vrai que les banlieues n’étaient pas là lors de l’hommage à Johnny."
Mais constater est déjà suspect. Faites donner la cavalerie, sonner les cuivres, lâcher les chiens. La semaine passée a été celle de l’union sacrée autour des défunts, c’est déjà terminé. Ils sont revenus, ils sont tous là. Toujours aussi zinzins.
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