Fonds Marianne : favoritisme et soupçons de mensonges 

schiappa

Énième rebondissement dans l’affaire du fonds Marianne qui éclabousse à nouveau Marlène Schiappa. Révélée à la fin du mois de mars dernier, la gestion opaque du fonds de subventions, créé en hommage à Samuel Paty, est de nouveau pointée du doigt par un récent rapport de l’Inspection générale de l’administration (IGA). En plus des soupçons de favoritisme confirmés par cette enquête administrative, les auditions qui se poursuivent au Sénat, dans le cadre de l’enquête parlementaire diligentée sur le fonds Marianne, mettent en lumière la présumée implication de l’actuelle secrétaire d’État en charge de l’Économie sociale et solidaire et de la vie associative.

Un manque de vigilance

La ligne de défense de Christian Gravel, à la tête du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR), organisme en charge notamment du fonds Marianne, n’aura pas duré longtemps. Auditionné le 16 mai dernier par les sénateurs, le préfet semblait alors réfuter toutes les accusations de favoritisme. Mais, quinze jours plus tard, l’IGA, à l’issue d’une enquête méticuleuse, penche pour une autre version des faits. En effet, l’administration reproche au haut fonctionnaire d’avoir réservé « un traitement privilégié » à l’USEPPM, association sportive au cœur de la polémique. Pour étayer ces accusations de favoritisme, l’IGA explique ainsi que l’appel à projet du fonds Marianne « n’a été ni transparent, ni équitable ». D’autre part, l’USEPPM, inconnue du CIPDR auparavant et dont le dossier de candidature semblait négligé, « n’était pas éligible » au bénéfice de ce financement.

Le rapport explique par ailleurs que le CIPDR « n’a pas accompli les diligences nécessaires au bon suivi de l'exécution de la subvention versée à l'USEPPM ». Un manquement imputable, certes, à l’association elle-même qui « n’a pas transmis dans les délais la documentation exigée », mais également au CIPDR, qui a manqué de « vigilance ». Outre les éléments transmis en amont sur le manque de financement du projet, le CIPDR a par ailleurs failli dans son contrôle en aval. Comme le note l’IGA, « l’utilisation faite de la subvention reçue par l’USEPPM n’a pas été conforme aux objectifs fixés » étant donné « le volume et la qualité des publications sur les réseaux sociaux inférieurs à la production prévue ». L’USEPPM qui devait un projet « I-Laïc » sur Internet pour lutter contre la radicalisation n’a, de fait, produit que 451 communications sur les réseaux sociaux et seulement huit articles et six brèves sur son site Internet.

Accablé par ces accusations, Christian Gravel a présenté sa démission, qui a été acceptée ce mardi 6 juin.

Les mensonges présumés de Marlène Schiappa

Si le préfet est au cœur des révélations, Marlène Schiappa, à l’initiative du fonds Marianne, n’est pas épargnée non plus. Le ministre a beau clamer ne pas avoir été personnellement impliqué dans l’attribution des subventions, les évidences jouent contre elle. Habile communicante politique, l’ancien ministre à l’Égalité entre les femmes et les hommes assure aux médias : « Je n’ai pas choisi les associations [qui ont bénéficié des fonds]. Et je veux aussi démentir ce qui a été dit par certains responsables LFI qui ont dit que j’avais donné de l’argent à mes amis, qu’il y avait du copinage ou du favoritisme. » L’ennui est que, déjà à la mi-mai, lors de son audition, Christian Gravel révélait l’implication personnelle de la secrétaire d’État qui aurait reçu elle-même Mohamed Sifaoui, membre de l’USEPPM.

L’audition de son directeur de cabinet, Sébastien Jallet, sous serment va plus loin. Il explique ainsi aux sénateurs que Marlène Schiappa aurait intercédé pour empêcher une association de percevoir une subvention, auparavant accordé par le CIPDR, « en raison d’un historique de relations assez ancien ». Selon Mediapart, il s’agirait de SOS Racisme, qui se serait vu « sucré » une subvention de 100.000 euros par le ministre après des critiques formulées par son président Dominique Sopo contre sa communication. Même si les positions de SOS Racisme peuvent être critiquées, il n’apparaît pas normal, d’un point de vue démocratique, qu’un ministre puisse empêcher une association de recevoir des subventions au motif que celle-ci se serait montrée critique sur sa personne. L’audition de Marlène Schiappa devant le Sénat, qui doit se tenir ce 13 juin, permettra sans doute de lever le voile sur les dernières zones d’ombre qui persistent encore.

Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

17 commentaires

  1. La pauvre Marlène. Mais puisqu’elle nous affirme qu’elle ne sait rien de ces malversations, il faut la croire et aussi lui demander le remboursement de tous ses émoluments injustement perçus.

  2. « Accablé par ces accusations, Christian Gravel a présenté sa démission, qui a été acceptée ce mardi 6 juin. » J’attends toujours (et ça risque de durer) celle de Marlène. Mais dans notre régime mafieux, l’étalage de ses turpitudes n’est plus un handicap, mais une gloire.

  3. Soupçons….. mooort de rire, plié en deux, roulé par terre..(le rire allonge la vie alors cool)…. de l’apologie du mensonge oui. Si on devait définir ce qu’est un mensonge il suffirait de demander à Schiappa, elle vous persuaderait que le mensonge est un mythe

  4. Si c’est comme pour Buzin qui refuse de se rendre à la convocation du tribunal, c’est pas gagné. D’ailleurs, où en est cette affaire et celle de Palmade? Silence radio…

  5. Tous ces macroniens se croient intouchables ! Combien de scandale, combien d’enquêtes et/ou de mises en examens si tous ces abus avaient été commis par un autre parti, comme le RN ou Reconquête par exemple ? Idem, dans d’autres domaines, comme l’appel à la haine de Mélancon, l’islamo gocho qui ne se gêne pas de brailler dans tous les médias que « la police tue » .

  6. Encore un nouvel exemple : nous (l’Etat c’est nous : que l’on me pardonne, je n’ai pas voulu paraphraser le chef des insoumis de la cravate) continuons de payer (grassement), à l’insu de notre plein gré, certains des bénéficiaires de la pensée unique, ceux-là même qui, parfois avec fracas, tentent de nous imposer silence, cochons de payeurs que nous sommes !

  7. Ça ne se voit pas mais la macronie porte des plumes de canard. Tout glisse sur elle. Les commissions se succèdent et révèlent les scandales les uns derrière les autres. Et alors? Ces gens ayant la particularité d’être sans honneur, ils n’ont donc rien à défendre et ne démissionnent jamais.

    • Plumes de canard, certes, mais canard sans tête qui court partout sans savoir où est le nord.

  8. J’ai toujours pensé, et souvent dit, que j’avais le sentiment que la Schiappa est protégée.
    En effet, voilà une nana qui ; mis à part écrire des bouquins spécialisés, que personne ne semble lire ; ne donne pas du tout l’impression de « faire », mais plutôt de « dire ».
    J’ai toujours pensé que Schiappa doit posséder des dossiers sur les uns et les autres, remontant à l’époque des années Mitterrand, qu’elle peut sortir, et que donc d’une certaine manière elle est protégée.
    Il n’est pas possible d’être à ce point aussi incompétente, et aussi absente, pour occuper de telles fonctions.

  9. Le détournement du fond Marianne, fondé sur l’assassina de Samul Pati, décidément chez nous çà vas de pire en pire. Que de problèmes alors que nous entendions de belles paroles mais jamais, au grand jamais rien n’est entrepris pour résoudre des problèmes qui s’accumulent à grande vitesse., Oh ! combien de fois Macron devrait intervenir fermement, je m’interdit de penser que c’est bien voulu.

  10. Je suis révolté de voir avec quelle aisance on dilapide l’argent des Français durement gagné. Quand enfin aurons nous à la tête de cet ancien pays qu’on appelait la France, des gens compétents , intègres ,utiliser l’argent public dans le seul but sera le bonheur des Français, et non de quelques uns.

  11. Polémique? Oui. Jules Renard; Avait écrit, a propos de l*écureuil; Du panache du panache, mais ça n*est pas là que ça se met!

  12. La classe politique dans son ensemble pense être intouchable et ces gens grassement rémunérés sur l’argent public n’ont pas tort, il y a trop d’argent public qui circule et pas assez de déontologie. La classe politique ne choisi pas les meilleurs, mais les plus conformes, cela est dangereux pour notre société.

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