Fin d’une époque : le dernier cadet de Saumur est mort
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Le chef d'escadron Yves Raynaud, officier de l'arme du train, est mort mardi 29 août à l'âge vénérable de 104 ans. Il était le dernier des cadets de Saumur. Il faut ici ouvrir une brève page d'Histoire pour rappeler l'épopée magnifique de cette poignée d'élèves officiers qui refusèrent la défaite et tinrent tête à l'armée allemande.
Le 17 juin 1940, alors que l'avancée des armées de l'Allemagne hitlérienne semble irrésistible, l'armée française s'est repliée au-delà de la Loire. Ce jour-là, le lieutenant-colonel Michon, commandant l'école d'application de la cavalerie et du train, dans la mythique garnison de Saumur, reçoit l'ordre de défendre la place. 786 élèves-aspirants de réserve (EAR), cavaliers et tringlots (qui furent formés ensemble de 1928 à 1945), doivent tenir une ligne de quarante kilomètres entre Montsoreau et Le Thoureil. Cette zone stratégique comporte quatre points de franchissement sur la Loire. Dans la nuit du 18 au 19 juin, les cadets de Saumur font sauter trois des quatre ponts qui permettraient aux Allemands de poursuivre leur foudroyante avancée. Les combats sont acharnés. Après deux jours et deux nuits d'affrontement, les Allemands lancent une offensive générale au matin du 21 juin.
L'héroïsme et la beauté du sacrifice n'ont pas de pavillon
Parmi les héros de cette défense, on connaît l'écrivain Maurice Druon, qui écrivit le « Chant des partisans » deux ans plus tard avec son oncle Joseph Kessel. Il y en eut beaucoup d'autres qui, avec 800 aspirants et 2.500 hommes venus de différentes unités, tinrent tête au déluge de feu de 40.000 Allemands. Le lieutenant Roimarmier, de la division du train de l'école, est le dernier officier à tomber, dans la région du Thoureil, le mousqueton à la main, galvanisant ses hommes par l'exemple. Sa compagnie était le dernier élément de défense au nord du dispositif. Le 21, à 19 h 30, l'ordre de repli est donné.
Le général Kurt Feldt, commandant les troupes allemandes, donnera à ces élèves, en qui il reconnaît un geste chevaleresque d'un autre temps, un surnom qui fera date : « les cadets de Saumur ».
Une espérance était en eux
Les Prussiens eux-mêmes avaient leurs cadets, immortalisés par Ernst von Salomon dans un célèbre ouvrage. L'héroïsme et la beauté du sacrifice n'ont pas de pavillon. Les héros savent se rendre hommage les uns aux autres par-delà les pavillons et les uniformes. Feldt laisse partir ces jeunes cadets vers la zone libre et - comble de grandeur -, au moment où ils franchissent la ligne de démarcation pour poursuivre le combat, leur fait présenter les armes. Une phrase du colonel Michon, cité par le communiqué de l'Élysée à l'occasion de la mort du chef d'escadron Raynaud, dit tout de la beauté de leur geste : « Une espérance était en eux. Leur sacrifice, parmi d’autres aussi purs, aura maintenu l’âme de la patrie. Ils ont, en mourant, commandé à la France de se rebâtir, sur leurs tombeaux, à la haute taille de ses destins immortels. » On ne saurait mieux dire.
Une page de l'Histoire se tourne
On ne retient des « cadets » qu'une épopée de cavaliers ; ce serait oublier ces officiers du train morts à Saumur, qui ont « ouvert la voie », comme on dit dans leur branche, comme leurs anciens de la « voie sacrée » de Verdun. Le commandant Raynaud (appelé chef d'escadron, donc, comme il est d'usage dans les armes montées) appartenait à l'arme du train des équipages. Ses continuateurs, les « tringlots » (du nom de la tringle qui, sur leur mousquet, leur permettait de tirer plus vite) ont assuré des ouvertures d'itinéraire en Afghanistan et des escortes de convoi au Mali. Ils ont continué de payer l'impôt du sang jusque très récemment. Soutenu par sa famille et par les deux régiments parachutistes du train stationnés à Toulouse, le dernier d'entre eux, Yves Raynaud, est mort entouré de sa famille de sang et de sa famille de cœur.
Avec lui se tourne une des nombreuses pages de gloire de l'Histoire de France, une véritable chanson de geste comme notre pays a su en écrire tant et en écrira encore demain, n'en doutons pas. Honneur à lui et à tous les soldats qui, chaque jour, se préparent à égaler leurs aînés.
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6 commentaires
Le terme de « cadets » de Saumur est impropre et a été influencé par le vocabulaire militaire allemand. Cela ne correspond à rien en France, il y a beau temps qu’on ne parle plus des « cadets de Gascogne »… Mais gardons l’expression qui est un hommage de l’ennemi à nos combattants.
Allez raconter ça aux collégiens ou lycéens d’aujourd’hui, combien lèveront le nez de leur Smartphone et comprendront de quoi l’on parle ? Patrie ? Connais pas !
Accessoirement, un commandant, c’est un chef d’escadrons. Avec un « s ». Le chef d’un escadron, c’est un capitaine.
Se serait aujourd’hui même pas une minute les jeunes résisterai, ce n’ai pas de leurs fautes les pauvres petits bisounours . la politique conduite depuis plus de trente ans les ont formatés pour leurs apprendre tout le monde et beau tout monde et gentil, on le le voit avec des bougies, marches blanches. Enfin c’est la France. Je remercie à cet ancien d’avoir fait son devoir
C’était dans un temps que les gens de maintenant ne peuvent pas comprendre. De nos jours on brûle le drapeau et on conchie la France.
Honneur, Courage et Fidélité à sa Patrie, merci et respect sincère Commandant Raynaud. Le sacrifice des Cadets de Saumur est digne de celui de Roncevaux qui a permis aux Francs de survivre à l’invasion. Nous vous devons notre existence.
« Le sacrifice des Cadets de Saumur est digne de celui de Roncevaux qui a permis aux Francs de survivre à l’invasion. » Il y a erreur. La bataille de Roncevaux a été menée et gagnée par les Basques (Vascons, à l’époque) en représailles contre Charlemagne. Ce dernier, de retour de Saragosse, dont les portes étaient restées closes malgré le ralliement de l’émir (décapité entre-temps) offrit Pampelune en dédommagement à ses troupes. Ils en profitèrent à foison, mais le payèrent cher dans les Pyrénées.