Euthanasie : vers une légalisation avec le nouveau ministre de la Santé Brigitte Bourguignon ?

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Le nouveau ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon, a un lien avec le dossier jamais refermé de l'euthanasie : elle a été très proche de Marie Humbert, figure de lutte en faveur de la légalisation de l’euthanasie lors de l’affaire de Vincent Humbert, son fils tétraplégique, en 2003.

C’est un signal progressiste fort envoyé par Emmanuel Macron, lui qui avait expliqué en privé, lors d’un déplacement juste avant le second tour de la présidentielle, qu'il était favorable au « modèle belge ». Un modèle dans lequel l’euthanasie est largement pratiquée et dont les chiffres sont largement sous-estimés, comme l’explique le philosophe spécialiste de la question de la fin de vie Damien Le Guay dans son ouvrage Quand l’euthanasie sera là.

Interrogé par Boulevard Voltaire, Tugdual Derville, porte-parole d’Alliance VITA, témoigne de son « inquiétude » et de sa « mobilisation ». « Brigitte Bourguignon a eu une position très radicale en faveur de l’euthanasie, explique Tugdual Derville. Elle a cosigné des propositions de loi explicitement pro-euthanasie. » Il alerte : « Dans un premier temps, on nous parlera d’exception d’euthanasie, mais ça n’est qu’un argument pour mettre un pied dans la porte. Nous mettons en garde contre cette notion d’exception : en matière d’interdit de tuer, l’exception détruit la règle. »

Le porte-parole d’Alliance VITA nuance cependant : « L’expérience montre qu’il y a une différence entre les déclarations des parlementaires et la responsabilité du ministre. Par ailleurs rien ne rend prioritaire une telle loi quand on voit la crise multiple de notre système de santé : urgences, EHPAD, déserts médicaux, manque de soins palliatifs... Notons aussi l’urgence d’une loi “grand-âge” pour la prise en charge des personnes âgées vulnérables. Le gouvernement va-t-il assumer la levée de l’interdit de tuer dans la relation soignant/soigné, au lieu de s’occuper de tout cela ? »

Il serait dramatique de lever cet « interdit de tuer », poursuit Tugdual Derville, car « la mauvaise monnaie chasse la bonne. C’est tellement plus facile de tuer un patient plutôt que de s’occuper jusqu’au bout de sa personne… »

Pour Damien Le Guay, qui dispense des cours à la maison médicale Jeanne-Garnier, la plus grande unité de soins palliatifs d’Europe, les conséquences d'une légalisation de l’euthanasie sur les soins palliatifs seraient très lourdes : « Il y a une incompatibilité de nature entre les soins palliatifs et l’euthanasie, explique-t-il. Les promoteurs de l’euthanasie (comme l’Association pour le droit de mourir dans la dignité, ADMD) ne connaissent pas le milieu palliatif. Ils veulent un “droit supplémentaire qui ne retirerait rien à personne”, mais cela constitue en réalité une rupture de la cohérence palliative et du pacte de confiance entre le soignant et le soigné. Les équipes palliatives sont quant à elles très majoritairement opposées à l’euthanasie : environ un tiers démissionneraient en cas de légalisation et un tiers feraient valoir la clause de conscience. »

Emmanuel Macron propose de réunir une « commission citoyenne » apte à mener des débats démocratiques. « Une vaste fumisterie démocratique », selon Damien Le Guay. « Les personnes choisies sont toutes très jeunes et n’ont aucune compétence pour traiter de sujets aussi graves », déplore-t-il.

Après la nomination de Pap Ndiaye, c’est le deuxième signal progressiste fort envoyé par Emmanuel Macron pour ce second mandat présidentiel. Est-ce par opportunisme, à l’approche des élections législatives, ou par conviction ? « Sans doute un peu des deux », estime le philosophe.

Matthieu Chevallier
Matthieu Chevallier
Etudiant en journalisme

Vos commentaires

32 commentaires

  1. L’euthanasie involontaire a déjà cour. Il n’y a qu’à consulter les rapports des effets secondaires des jus « anti-covid ».
    La vérité sur cette expérimentation humaine commence à se faire jour.

  2. Je ne reconnais à personne le droit de me dire ce que je dois faire de ma vie encore moins à certains intégristes prétendant que la vie ne nous appartient pas. Que je sois malade ou simplement désireux d’en finir avec une vie qui me déplait, pourquoi ne pourrais je pas mourir dans la dignité, au moment que J’ai choisi et dans les conditions qui me satisfont.

  3. Vive la nouvelle civilisation , merci aux générations futures.
    Ayons le courage de la vérité
    Qui a vu le film «  soleil vert «  ?
    Il faut se débarrasser des inutiles qui coûtent cher et ne sont pas décoratifs, ne pas payer pour eux qu’ils se taisent et disparaissent en silence dans la dignité . Place aux jeunes pas aux boulets. Et on a besoin de renflouer le pays …
    Après tout ils sont gâteux et ils souffrent alors on fait acte de charité

    Allez en paix en attendant votre tour ..

  4. Les vieux coutent cher aux héritiers…et à toute la société. Sources infinies d’insatisfactions…lorsque l’euthanasie sera une possibilité de sortir de problèmes posés par le grand âge, la déchéance physique et mentale (on l’oublie)..qui aura la force de refuser la solution finale? avec quel éthique, quelle religion, quelles valeurs?

  5. SVP ! Sachez faire la différence entre Euthanasie et Suicide assisté !
    L’Euthanasie est un Assassinat.
    Le Suicide assisté, une Libération !

  6. Décidément , rien de bon dans la macronie ; ce gouvernement se précipitant bien sûr dans l ‘ idélogie mortifère ; rien ne nous sera épargné , ces gens là n ‘ hésitant pas à se lancer dans les dérives que ce programme peut entrainer.

  7. Autant il est inadmissible de vouloir envoyer ad patres, pour quelque raison que ce soit (à commencer par le coût des soins ou la lassitude des proches), quelqu’un qui veut continuer à vivre, fût-ce dans les pires conditions, autant il me parait inhumain de refuser à quelqu’un qui n’en peut plus de vivre, mais n’a concrètement pas les moyens de mettre fin à ses jours, l’aide nécessaire pour en finir.
    Autant mettre en prison pour tentative d’homicide ceux qui ont raté leur suicide !

  8. Je me demande combien de personnes ont été confrontées, parmi celles qui commentent, à une personne âgée dont la souffrance est insupportable et que rien ne peut soulager ?
    Ma mère a choisi une solution, sa solution, ne plus s’alimenter puis les 3 dernières semaines de sa vie ne plus boire. Elle en avait juste marre, marre de vivre. Décédée à 95 ans. Le docteur l’avait bien vu : elle se laisse mourir…

  9. Dans un premier temps, on parlera d’exception d’euthanasie mais ça n’est qu’un argument pour mettre un pied dans l’engrenage. Les retraites devenant lourdes à payer, la prise en charge pour les personnes âgées, les soins médicaux (sécu), palliatifs, onéreux, on choisira entre vieux et jeunes et on en arrivera à un permis de tuer toute personne âgée non productive et rentable (soleil vert / Attali), puis ce sera au tour des handicapés… Votez pour qui vous savez !

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