Euthanasie : quelles sont les véritables intentions du candidat Macron ?

Ce que ne disent pas explicitement les politiciens mérite souvent plus d'attention que ce qu'ils annoncent publiquement. Dans son meeting-spectacle du samedi 2 avril, Emmanuel Macron s'est présenté, à plusieurs reprises, comme un défenseur de « l'humanisme ». S'il n'a pas évoqué la question de l'euthanasie, elle semble lui tenir à cœur, si l'on en croit une confidence, passée inaperçue, faite à des habitants de Fouras, une petite commune de Charente-Maritime.

Emmanuel Macron a, en effet, déclaré à ce sujet : « Je vous donne un avis personnel parce que je pense qu'il faut un débat dans la société sur un tel sujet. Je suis favorable à ce qu'on évolue vers le modèle belge. » En d'autres termes, cela signifie qu'il est favorable à la pratique de l'euthanasie, si elle est réglementée. Rappelons que l’euthanasie a été dépénalisée en Belgique, le 28 mai 2002. Si elle reste théoriquement soumise à des conditions strictes, on constate, dans la pratique, de nombreuses dérives.

Ainsi, la Commission de contrôle et d'évaluation reconnaît « ne pas avoir la possibilité d’évaluer la proportion du nombre d’euthanasies déclarées par rapport au nombre d’euthanasies réellement pratiquées ». La loi belge reste assez laxiste dans l’interprétation des termes « souffrance psychologique et physique intolérable ». Elle permet aussi de pratiquer l’euthanasie sur les mineurs, sans condition d'âge, à condition que l’enfant ait une capacité de discernement.

Devant une femme qui lui parlait d'un proche, âgé de 40 ans et atteint de la maladie de Charcot, Emmanuel Macron a pris l'engagement de faire évoluer le sujet « en faisant une convention citoyenne pour qu'elle fasse accoucher un consensus ». L'expérience montre combien il est facile de manipuler ces assemblées de citoyens, tirés au sort parmi la population française, où des militants sont habiles à susciter des propositions qui servent ensuite d'alibi au gouvernement.

Il semblerait plus raisonnable de se référer à la loi Claeys-Leonetti, qui érige les droits en termes d’accès aux soins palliatifs et d’accompagnement de la fin de vie et pose le cadre de la procédure collégiale et de la décision médicale. Le médecin peut prendre le risque d’abréger la vie du patient en lui administrant une dose de soins palliatifs qu’il juge nécessaire à son confort, à condition d’en informer le patient, éventuellement la personne de confiance ou un proche.

Jean Rostand, qui était agnostique, écrivait, dans Le Courrier d'un biologiste, ces lignes qui méritent d'être intégralement rappelées : « Je pense qu'il n'est aucune vie, si dégradée, si détériorée, si appauvrie soit-elle, qui ne mérite le respect et ne vaille qu'on la défende avec zèle. J'ai la faiblesse de penser que c'est l'honneur d'une société que d'assumer, que de vouloir ce luxe pesant que représente pour elle la charge des incurables, des inutiles, des incapables, et je mesurerais presque son degré de civilisation à la quantité de peine et de vigilance qu'elle s'impose par pur respect de la vie. »

Ce n'est apparemment pas la conception du Président-candidat. Il feint de s'intéresser aux problèmes des Français, mais ne lui importe que ce qu'ils peuvent apporter à l'économie. Tout le discours qu'il a prononcé, samedi, à La Défense Arena, se fondait, non sur le respect de la dignité humaine, mais sur la rentabilité financière et l'utilité sociale. Il prétend être humaniste mais n'a qu'une vision utilitariste de la société. Ce Président narcissique et égocentrique, qui feint d'être proche de tous les Français alors qu'il méprise « les gens qui ne sont rien », instrumentalise la vie humaine pour arriver à ses fins.

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Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

Vos commentaires

40 commentaires

  1. je cite avec plaisir et je suis en parfait accord avec les propos de Ravachol :

    « Il n a pas attendu une loi pour appliquer l’euthanasie , puisqu’il a suivi les conseils de mckinsey pour piquer au rivotril des centaines de vieux dans les Ehpad , il devrait être jugé pour cette infamie « 

  2. Vous avez dit euthanasie ! Mais la diminution globale des retraites des plus modestes depuis quelques années et pour les années à venir, afin de les amener en ligne droite vers la précarité et la soupe populaire, est un objectif pour nos argentiers face à de piètres consommateurs de biens mais de grands consommateurs de soins qui ne représentent qu’une simple charge fiscale pour l’Etat. Leur élimination progressive et planifiée est déjà une forme d’euthanasie soft qui ne dit pas son nom.

  3. C’est la vraie question qui surgit enfin. La culture de mort aura-t-elle le dernier mot ? Je connais bien ces questions, ayant été responsable bénévole de l’aumônerie catholique d’un hôpital gériatrique pendant 12 années. La loi actuelle sur la fin de vie est équilibrée, mais quand on a vu la loi dite de « bioéthique » et la prolongation de l’IVG à 14 semaines, on a compris que la culture de mort cherche toujours sa revanche depuis Schwarzenberg. Ce Président est amoral et capable du pire.

  4. Il va avoir encore 5 ans pour « essayer » d’aimer les Français plus qu’il aime l’économie, c’est à dire  » le pognon de dingue « .

  5. ben voyons, débarrassons nous vite fait et légalement des malades, handicapés, bébés viables encore dans le ventre de leur mère, le Président a tout compris, il sait tout, il a tous les pouvoirs ??? tout ceci devrait être soumis à referendum. Cet homme serait-il omnipotent ?..

  6. La maladie de Charcot est incurable et horrible. Il faut avoir vu l’agonie pour ne pas en effet et hélas y mettre fin si la demande du malade est pressante. Trop facile de commenter sans l’avoir vécu et d’un point de vue totalement théorique.

    • En tant que soignante en Soins Palliatifs pendant plus de 10 ans, je puis vous affirmer que les médicaments anti douleur bien donnés fonctionnent dans une grande partie des cas et que si le malade est bien accompagné et qu’on lui rend sa dignité rien qu par notre regard il n’a pas envie de mourir.
      il et vrai que la maladie de Charcot est l’une des pires maladies que j’ai pu voir.(on ne peut plus respirer avec paralysies)
      Néanmoins, pas un seul qui ait demandé à être euthanasié.

  7. Ce personnage est un gouffre pour l’argent de l’état. S’il ne parle que rentabilité de chaque citoyen, je suis sûr que ce pantin coûte plus à notre pays que le plus malade d’entre nous. y a t-il quelqu’un pour lui dire et le congédier ?

  8. Il n a pas attendu une loi pour appliquer l’euthanasie , puisqu il a suivit les conseils de mckinsey pour piquer au rivotril des centaines de vieux dans les Ehpad , il devrait être jugé pour cette infamie

  9. Macron est un banquier cynique pour tout est ”argent ». Il a interdit les soignants « non vaccinés. Ca fait moins de personnel dans les EPAD et plus de vieux laissés à l’abandon… Ces inutiles qui ne servent plus à rien et coûtent de l’argent… moins il y en aura, moins il y aura de retraites à verser…
    Vive l’euthanasie…

  10. Sortez des polémiques. C’est un vrai sujet de société qu’il ne faut pas laisser aux seuls idéologies malades.
    Je suis croyant et je ne vous pas ce qu’il y a de choquant à poursuivrez son parcours en une autre dimension. Pourquoi maintenir des vies qui n’en sont plus, dans la souffrance et l’indignité. Pourquoi, POURQUI ?

  11. « Favorable à l’euthanasie si elle est réglementée. » D’aucuns savent pertinemment ce que l’on peut parfois faire des réglementations: s’ asseoir dessus quand elles gênent quelque peu aux entournures. Gageons qu’ à moyen terme, l’euthanasie deviendra un moyen de régulation des populations âgées, souffrant de handicap lourd, trop dépendantes. Alerte! L’esprit de Joseph Mengele est de retour.

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