Incitatus : c’est le nom du cheval adoré de l’empereur Caligula. Il logeait dans une écurie en marbre équipée d’une mangeoire en or, arborait un collier incrusté de pierres précieuses et portait le manteau pourpre des empereurs. Un peu kitsch, tout ça, mais bon, c'est peut-être l’époque qui voulait ça.

Ce cheval de luxe manqua de peu de gagner, non pas la quatrième à Longchamp, mais d’être nommé consul par son maître qui voulait, ainsi, humilier les sénateurs. Est-ce de là que vient l’expression « J’en parlerai à mon cheval » ? On n’imagine pas Emmanuel Macron dire ça à Gérard Larcher. En tout cas, fatigués des folies de Caligula, la garde prétorienne mit fin à la fête en l’assassinant. C’était en l’an 41 de notre ère. Incitatus rata donc de peu la timbale consulaire et Suétone ne dit pas s’il termina sa vie dans l’assiette de la cantine du prétoire ou tranquillement dans la campagne du Latium à faire le malin dans les écuries d’une villa patricienne. Tout ça pour dire que la cause animale n’est pas d’hier et qu’on n’a pas attendu les écologistes, animalistes et consorts pour aimer les animaux.

Et même les adorer. Les Égyptiens vénéraient Bastet. Cette déesse à tête de félin était en charge de la protection des femmes enceintes et des enfants, de la chaleur du soleil et du foyer. Une sorte de ministre de la Famille et des Énergies renouvelables réunies. Bref, de quoi faire. C’est vrai qu’un chat qui ronronne au coin du feu, ça résume un peu la douceur du foyer. Faut-il encore aimer les chats et ne pas être allergique. Toujours dans l’Égypte ancienne, on embaumait et enterrait les chats dans des urnes sacrées. Plus récemment, nous eûmes une voisine qui avait fait empailler son défunt chat, lequel trônait au-dessus de la télévision. Une résurgence du culte de Bastet ?

Et puis nous arrivons aux élections municipales où l’on apprend qu’un chat sera candidat à Rennes. De l’urne funéraire à l’urne électorale. Certes, une candidature toute symbolique lancée par La France insoumise. Le minou sera en fin de liste (à l’avant-dernière place) pour mettre en avant la condition animale : l’art du paradoxe poussé au paroxysme ! Tête de liste, ça aurait eu de la gueule, et pas que. Le nom du chat ? Rec. « Même si on fait 99,9 % aux municipales, il ne sera pas élu » - l’espoir fait vivre -, a déclaré le codirecteur de campagne qui répond aux prénom et nom de Félix (comme le chat) Boullanger (dommage, avec un « l », on aurait pu évoquer celui de la Pomponette de Pagnol). Histoire que la liste ne soit pas invalidée par la préfecture, Rec aura doit à son prête-nom humain. Au fait, pourquoi un chat ? Et pourquoi qu'un seul animal ? Avec soixante et un noms sur la liste, il y avait largement de quoi remplir l'arche de Noé, de l'éléphant à la punaise de lit.

De là à ce qu'on donne le droit de vote aux bêtes. Si ça peut faire revenir les abstentionnistes aux urnes...

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27 février 2020 à 22:25

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