En Grèce, l’Église ne sera pas séparée de l’État

église orthodoxe grecque

En Grèce, l’Église orthodoxe vient de conforter sa position : elle ne sera pas séparée de l’État et le président, le Premier ministre et les membres du gouvernement continueront de prêter serment sur l’Évangile devant l’archevêque d’Athènes, au nom « de la Sainte, Consubstantielle et indivisible Trinité ».

Le gouvernement précédent, avec à sa tête le Premier ministre Aléxis Tsípras, avait voulu introduire la « neutralité religieuse » de l’État tout en conservant « pour des raisons historiques et pratiques la reconnaissance de l’Église orthodoxe comme religion dominante ». Ayant perdu les élections, le parti SYRIZA d’Aléxis Tsípras n’aura pas réussi à « laïciser » la Constitution hellénique : les différents amendements visant à la « neutralité religieuse » n’ont recueilli que de 83 à 124 suffrages, sur les 300 que compte le nouveau Parlement hellénique de centre droit sorti des urnes en juillet dernier.

Tsípras avait voulu aller à l’encontre des sentiments de son peuple, d’où son revers électoral, car en Grèce, l’orthodoxie – 80 % des Grecs s’en revendiquent – se confond avec l'identité nationale, protégée par l'article 3 de la Constitution hellénique, qui précise : « La religion dominante en Grèce est celle de l'Église orthodoxe orientale du Christ. » Mariage, baptême, crémaillère, au quotidien, il n'est pas de fête, de rentrée scolaire ou d'inauguration qui ne se déroulent sans la présence d'un pope. Et si les Grecs entretiennent des relations souvent passionnelles avec leur Église, où se mêlent des sentiments souvent contradictoires entre vénération et envie, ils n’oublient pas que l’Église orthodoxe reste étroitement liée à leur libération du joug ottoman en 1827, et à l’idée même de la création de la nation grecque. Les biens immobiliers de l’Église ont notamment servi d’hypothèque à l’État grec pour l’émission de ses bons du Trésor. C’est encore elle qui a tenu lieu de garantie pour les emprunts de 1845 auprès de la Banque centrale d’Angleterre.

Certes, l’Église grecque n’est pas à plaindre. Elle reste même, après l’État, le plus grand propriétaire foncier du pays et ses responsables ne s’en cachent pas : « Il est normal que notre Église soit en possession de certains biens puisqu’elle existe depuis 1.700 ans… Elle est bien plus ancienne que l’État Grec. »

Un État grec chancelant dont l’Église orthodoxe reste la béquille indispensable encore aujourd’hui, assurant le soutien social en ces temps de pénurie, distribuant plus de 250.000 repas par jour, payant les factures d’eau et d’électricité, les loyers et les impôts de familles dans le besoin.

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José Meidinger
Journaliste - Ancien grand reporter à France 3 Alsace, il passe son temps entre l’Alsace et la Grèce.

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