En critiquant la gestion de la crise, les Français soulignent la responsabilité de Macron

macron 13 avril 2020

Les Français sont de plus en plus sceptiques sur la gestion par l'exécutif de la crise sanitaire. Selon un sondage publié par Le HuffPost, seules 38 % des personnes interrogées la jugent positivement. Le maintien du confinement ne serait soutenu que par 43 % des sondés. Dans l'attente d'un plan précis de déconfinement, quelques rares mesures contraignantes font encore l'objet d'une majorité d'opinions favorables : le maintien de l’interdiction de grands rassemblements sportifs ou culturels, l’encouragement au télétravail, la mise en quarantaine des personnes ayant été en contact avec des malades et, enfin, la distribution de masques à l’ensemble de la population, que nos dirigeants commencent à envisager.

L'heure est à la défiance à l'égard d'Emmanuel Macron et du gouvernement, qui ne semblent pas à la hauteur de la situation. En cause, leurs tergiversations, leurs contradictions et ce qu'il faut bien appeler leurs mensonges. Les propos de Jérôme Salomon sur l'usage des masques sont caractéristiques de cette attitude ambiguë. Après avoir martelé qu'ils étaient inutiles contre la pandémie, pour cacher leur pénurie, il a finalement admis que le grand public pourrait porter des masques alternatifs, rejoignant ainsi les recommandations de l'Académie de médecine. Le gouvernement s'apprête, d'ailleurs, à les imposer dans les transports en commun.

L'Agence nationale de santé publique avait averti, dès 2018, le directeur général de la Santé de l'insuffisance des réserves de masques. En 2019, un collège d'experts préconisait d'en stocker un milliard, en prévision d'une pandémie. Jérôme Salomon ne pouvait l'ignorer ; et pourtant, il n'a rien fait. Se contentant de répéter, chaque soir, des chiffres aussi soporifiques qu'alarmants, il se garde de reconnaître la moindre responsabilité du gouvernement dans la pénurie de moyens de protection et, sans aucune gêne, change d'avis sur les masques. On croirait entendre Big Brother qui, dans un même discours, se contredit sans complexe. À la différence que beaucoup de Français sont des Winston Smith en puissance et ont conservé, en dépit de la propagande, des réflexes d'esprit critique.

De deux choses l'une : soit Jérôme Salomon est incompétent, soit il est vendu au gouvernement. Comme on ne peut penser qu'Emmanuel Macron s'entoure d'incompétents (et encore !), force est d'en déduire qu'il est un porte-parole aux ordres, qui oublie sa qualité de médecin infectiologue pour ne retenir que son rôle de haut fonctionnaire au service exclusif du pouvoir. Une troisième voie s'offrait pourtant à lui, honorable : celle de la démission. On pourrait en dire autant de plusieurs ministres, manifestement contraints d'avaler des couleuvres pour ne pas contredire le maître qui les a nommés. Peut-être sera-ce la débandade quand l'hôte de l'Élysée sera près de faire naufrage.

En attendant, contre toute évidence, la soi-disant élite au pouvoir proclame sa bonne foi et sa détermination. La réouverture progressive des établissements scolaires, à partir du 11 mai, est insuffisamment préparée, mais il fallait bien la mettre en œuvre puisque Macron l'a décidée ! On ne sait dans quelles conditions l'économie va se remettre en marche, ni même si on pourra se déplacer en France, cet été. L'important, le seul critère qui vaille, c'est la sauvegarde du chef de l'État, qui rêve déjà de relancer la souveraineté... de l'Europe. Il prétend se réinventer, mais ses vieilles lunes lui collent à la peau. En jugeant sévèrement sa gestion de la crise, les Français commencent à le remettre sérieusement en question.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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