Emmanuelle Ménard : « De grâce, que M. Véran ne nous rende pas responsables du nombre de morts en France ! »
Coup de gueule, mardi, à l'Assemblée, d'Emmanuelle Ménard en réponse à la colère d'olivier Véran contre les députés. L'élue réagit au micro de Boulevard Voltaire et dénonce cette situation ubuesque et chaotique de confinement à laquelle les Français ne comprennent plus rien.
L'occasion d'évoquer avec elle la décision du tribunal administratif qui vient de tomber pour casser l'arrêté du maire de Béziers autorisant l'ouverture des petits commerces.
Hier, vous avez accusé la majorité parlementaire d’être irresponsable. Que s’est-il passé, hier, à l’Assemblée nationale ?
Nous, les députés de l’opposition, en avons un peu ras le bol, d’une part de faire de la figuration, et d’autre part d’être accusés systématiquement, lorsqu’on n'est pas d’accord avec la majorité, d’être irresponsables. Je veux bien entendre M. Véran nous énumérer le nombre de morts, nous sommes d’ailleurs tous désolés que la crise sanitaire prenne cette ampleur-là en France, mais de grâce, que M. Véran ne nous rende pas responsables du nombre de morts en France. Ce n’est pas nous qui sommes aux commandes et aux manettes.
Oui, j’ai eu un petit coup de colère, hier soir, parce que traiter les maires d’irresponsables et les petits commerçants d’irresponsables parce qu’ils souhaitent ouvrir leur commerce, ça suffit ! Nous ne sommes pas dans ce cas de figure-là. Si les commerçants de proximité ont envie d’ouvrir leur commerce, c’est en toute connaissance de cause et ce n’est évidemment pas pour créer des clusters. À ma connaissance, aucun cluster n’est issu des commerces de proximité.
Ils sont actuellement très inquiets d’une troisième vague sanitaire qui ne sera justement pas sanitaire, mais une troisième vague des clés sous la porte et des liquidations judiciaires.
Vous êtes députée de l’Hérault. Le maire de Béziers, Robert Ménard, a publié un arrêté autorisant l’ouverture des petits commerces. Certains maires sont ou vont passer en Justice à ce niveau-là. Va-t-il en être de même pour Béziers ?
Le préfet a immédiatement réagi. Robert a plaidé, hier après-midi, devant le tribunal et la décision est tombée ce matin. L’arrêté municipal a été cassé par le tribunal administratif, il n’y aura donc pas de condamnation ou d’amende. Ce qui prouve que la Justice était probablement mal à l’aise dans ce débat-là. Elle a bien compris qu’il ne s’agissait pas d’un appel à l’insurrection ou quoi que ce soit d’autre, comme certains ont pu le dire… Il s’agissait juste d’alerter le gouvernement et ceux qui ont les rênes du pouvoir en leur disant « Vous ne prenez pas les bonnes décisions ».
Quand on alerte sur les commerces de proximité, ce n’est pas pour le plaisir ou pour créer une insécurité sanitaire.
Expliquez-moi pourquoi il serait moins dangereux ou plus dangereux d’aller faire ses courses dans son petit commerce de proximité, en bas de chez soi, plutôt que d’aller s’entasser à 10, 15 ou 100 dans une grande surface avec des Caddie™. Cela n’a pas de sens. Je pense que les juges administratifs l’ont très bien compris.
On a l’impression que personne ne comprend grand-chose à cette seconde vague. On peut peut-être mettre cela sur le dos des élections américaines. On peine à identifier le capitaine du navire.
On va de couac en raté, et de raté en voyage en Absurdie, comme j’ai pu le dire hier soir. C’est complètement aberrant. Les Français n’y comprennent plus rien. On nous annonce le confinement généralisé, mais vendredi, on nous a dit « Comme ce n’est pas juste pour les petits libraires, on va fermer les rayons des grandes surfaces qui vendent des livres ».
Ensuite est survenu l’épisode des commerces de proximité où on nous a dit « On n’est pas d’accord, vous ne pouvez pas ouvrir les commerces de proximité, ce n’est pas grave, on va fermer les rayons des grandes surfaces ».
On va de mesures en mesures qui n’ont aucun sens. Chaque jour, il y a quelque chose de nouveau.
Il y a eu le couac du couvre-feu, annoncé par le porte-parole du gouvernement qui nous a dit, hier matin, « On va mettre un couvre-feu en région parisienne » et, une heure après, il était démenti.
Je vous passe ce que le grand public connaît sans doute un peu moins, mais que nous, en tant que député, nous avons l’occasion d’aborder dans les différents textes étudiés à l’Assemblée. Je vous prends un seul exemple. Les auto-écoles n’ont pas le droit de donner de leçons de conduite, mais elles ont le droit de faire passer les examens du permis de conduire. Comment voulez-vous que les Français s’y retrouvent ? C’est le bazar le plus complet ! Je comprends les Français qui n’y comprennent plus rien parce que je suis comme eux, j’ai dû mal à m’y retrouver.
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