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Cet article a été publié le 28/02/2023.
Le coup d'État au Niger est venu ajouter une interrogation supplémentaire sur le bilan de la politique africaine d'Emmanuel Macron, qui n'a pas hésité à mettre en cause la DGSE . Avec l'évacuation des ressortissants français, cela ressemble bien à un nouvel affront fait à la France. Cet hiver, à l'occasion d'une tournée d'Emmanuel Macron en Afrique, Arnaud Florac dénonçait une politique africaine totalement absurde.
Sa prise de parole était évidemment attendue, puisque le président de la République doit commencer, cette semaine, une tournée africaine qui le mènera au Congo, au Gabon, en République démocratique du Congo et en Angola. Emmanuel Macron a donc fait du Macron, sans énorme surprise, avec du « en même temps » et l'emploi de mots dont il semblait jusque-là ignorer le sens : cette fois, « humilité». D'abord les annonces : transformation des bases françaises, ici en académie, là en emprises partenariales ; diminution, en parallèle, des effectifs militaires ; restitution à la demande, régie par une loi-cadre, des œuvres d'art africain conservées dans nos musées.
Là où on peine un peu plus à le suivre, c'est sur la question des enjeux. « Vertigineux», les enjeux, qu'il a dit, le Président. Enjeux climatiques, sécuritaires, démographiques, etc. D'accord. Mais, au juste, ne sont-ce pas des enjeux africains ? Et quand Emmanuel Macron parle de la jeunesse à laquelle il faut offrir un avenir, ne s'agit-il pas de la jeunesse africaine ? Par conséquent, débloquer encore des milliards de papier-monnaie pour financer cette jeunesse, n'est-ce pas continuer à nous mêler de ce qui ne nous regarde pas ? On ne peut pas « en même temps » renoncer consciemment à cinquante ans de présence militaire et de coopération politique, et se proposer d'offrir un avenir à la jeunesse d'Afrique, alors que c'est le rôle des gouvernements africains. Difficile à comprendre, décidément, cette « pensée complexe».

Outre l'élocution doucereuse et les discours infantilisants du Président, deux éléments récurrents devenus objectivement insupportables - ce qui exaspère surtout l'auditeur dans cette enfilade de mesures -, c'est l'absence totale de vision à long terme. En gros, pour le dire en langage simple : plus aucune présence militaire solide, presque plus aucune œuvre africaine dans les musées (laissons aux experts le soin de s'en attrister ou de s'en réjouir), une « humilité » que nombre de nos amis africains appellent généralement faiblesse, car leurs grilles de lecture ne sont pas les nôtres. « Et en même temps », du fric comme s'il en pleuvait pour financer une jeunesse qui n'est pas la nôtre et n'a (théoriquement) pas vocation à le devenir.
Pour le dire en langage encore plus simple, mais ce serait peut-être trahir une pensée aussi complexe : on perd sur tous les tableaux. « La France n'a plus de pré carré en Afrique », a déclaré Emmanuel Macron. Contrairement à ce qu'il pense, ce n'est pas un constat qui nous fait honneur. La Chine, elle, a un pré carré en Afrique, la Russie aussi. La Grande-Bretagne a même convaincu le Gabon, qui était jadis une petite France bienheureuse à fort accent corse, d'adhérer au Commonwealth, alors que ce pays avait demandé, en 1960, à devenir un département français au moment des décolonisations massives. Tous ces pays ont cependant un point commun, que n'a pas la France : ils n'ont jamais donné de leçons et n'ont jamais joué la familiarité. Poutine ou Xi Jinping se moquent pas mal que l'homme africain soit assez entré dans l'Histoire ou pas, pour reprendre les mots de Sarkozy. Ils n'auraient pas ironisé, eux, sur le président burkinabè Kaboré « parti réparer la clim ». Ils se sont comportés avec un ethos présidentiel, celui que les chefs d'État africains ont eux-mêmes, et pas comme des potes, des inspecteurs d'académie ou des éducateurs spécialisés.
Au fond, la seule bonne nouvelle est peut-être la restitution des poteries africaines, mises en lumière dans des musées français, et sur lesquelles on était, depuis des années, prié de s'extasier. Après tout, assez d'appropriation culturelle : ça nous fera sans doute de la peine au début, mais laissons-leur la mosquée de Tombouctou et contentons-nous de la chapelle Sixtine. Et puis, parce qu'il le faut bien, laissons Macron, puisque 25 % du corps électoral l'a élu, décider, sur un nuage, d'une politique africaine totalement absurde qui, pour filer la métaphore, nous emmène droit dans un mur de pisé à la vitesse d'un taxi-brousse hors d'âge.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 28/08/2023 à 11:20.

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28 février 2020 à 8:45

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33 commentaires

  1. Moi je n’écoute pas le petit Roi, mais après le DC du Général Georgelin je m’interroge, pourquoi le sort s’acharne sur les serviteurs exemplaires de la nation et ignore les détracteurs du pays ?

  2.  » Ce que disait Emmanuel Macron en Afrique, il y a six mois… » Aucun intérêt.

  3. Comme on disait autrefois : « Chacun chez sois et les vaches seront bien gardées ». Qu’il commence par s’occuper de la France avant d’aller chez les autres, s’il en est capable. Mais j’en doute. Un clown dans le cirque qu’est devenue la France!

  4. A l’étranger , ne dites pas que vous êtes Français . Dites que vous êtes Belge , Suisse , Luxembourgeais , voire Québécois .

  5. Excellent article pour nous rafraîchir la mémoire que les médias macroniens cherchent à nous retirer!
    J’ajouterai l’indécence soirée déjantée passée par Macron dans une boîte de nuit de Kinshasa en mars dernier avec ses potes africains joueurs de musique techno où on a pu voir notre président éméché siffler une enieme bouteille de bière au goulot ! Pas vraiment de quoi inspirer du respect pour la France aux yeux des africains !

  6. Machiavel n’arrive pas à faire régner l’ordre et la cohésion dans notre petite France qu’il est censé diriger et il veut aller faire régner l’ordre en Afrique ! Evidemment que, dans ces conditions, il ne peut être que la risée du monde entier. Il devrit relire les fables de La Fontaine (si toutefois il les avait déjà lues …), particulièrement la grenouille qui voulait se faire plus grosse que le boeuf. Bon, il est vrai qu’il ne semble pas ni apprécier, ni défendre, la culture française.

  7. Bonjour le monde bipolaire, la Chine et la Russie l’ont bien compris, les états unis aussi mais à l’inverse et nous ses satellites en paient le prix fort. La France disparaitra du tableau Africain pourtant nous avions toutes nos chances que nos politiques n’ont pas vue ou n’ont pas voulus le voir.

  8. Macron est la risée sous cape des dirigeants étrangers. Ils en connaissent les faiblesses par leur contacts, leurs services de renseignements et par son comportement à domicile, que ce soit en France ou sur territoire externe. Des journaux puissants n’hésitent pas à l’humilier indirectement. Par exemple mettre en situation flatteuse le poil à gratter de la Justice française, la môme Traoré.

  9. Ce que Macron disait à l’Afrique il y a 6 mois, ou ce qu’il dit aujourd’hui, n’a aucune importance, les africains n’aime pas Macron !
    D’ailleurs, Macron sur sa droite est lâché par les États-Unis, sur sa gauche, quoi que, dépassé par Poutine, et sur place par les africains eux-mêmes.

    1. Ils n’aiment pas non plus la France n’y leurs dirigeants et pour un certain nombre d’entre eux encore moins les blancs seul nos généreuses prestations sociales notre laxisme judiciaire et notre naïveté sont-ils appréciés toujours sans contrepartie des gouvernements africains qui ce débarrasse avec machiavélisme de leurs délinquants ou laisse pour compte cela va de soit

      1. Nous sommes bien d’accord.
        Je résumais mon commentaire à Macron.
        J’en profite pour corriger « aiment », pardon.

  10. McRond, ou comment détruire en peu de temps toute entente avec les africains d’Afrique …

  11. Notre  » en même temps quoi qu’il en coûte  » devrait être égal à lui même de l’étranger en critiquant son pays LA FRANCE et vanter les valeurs de la république .

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