Édouard Philippe : rien de neuf à l’horizon
Le savez-vous ? Le 9 octobre est le 282e jour de l'année du calendrier grégorien, mais le 283e en cas d'année bissextile. C’est aussi le jour de l’annonce du premier essai nucléaire coréen réussi, en 2006. Encore plus déflagrant, c’est ce samedi 9 octobre 2021 qu’Édouard Philippe a créé son parti, Horizons !
On refusait du monde, dans le Carré des Docks de « la cité océane » (Le Havre). À 11 h 00, la salle était remplie : 3.000 personnes, 600 élus locaux, 160 maires, 60 parlementaires. Et du lourd : Franck Riester, président d’Agir, Christophe Castaner (LREM), Patrick Mignola (MoDem), Olivier Becht (Agir), patrons de groupes à l’Assemblée nationale. Pour soutenir Édouard, il y avait là tous ceux de La France audacieuse (LFA), le parti d’Estrosi, créé pour « apporter un renouveau » (sans rire !) : Delphine Bürkli, maire du 9e arrondissement de Paris et conseillère régionale, Christophe Béchu, ancien LR, puis LFA, président de l’ODAS (Observatoire national de l’action sociale), de l’AFITF (Agence de financement des infrastructures de transport en France) et de la RDM (République des maires) – on arrête là – venus chauffer la salle : « Nous sommes sur le quai et nous allons embarquer dans cette fabuleuse aventure politique », s’égosille le maire d’Angers en attendant l'arrivée du commandant de la Méduse Édouard Philippe. Embarquement pour la croisière « fabuleuse ». Et voilà Béchu promu numéro deux du nouveau mouvement.
Enfin, à 11 h 55, il apparaît, le grand Charles, fringant dans son costume bien coupé, entre bleu charrette et bleu horizon, du haut de son mètre quatre-vingt-neuf qui écrasait Macron sous l’angle obtus des caméras officielles avant qu’il ne soit remplacé par un autre grand effaçable.
Le discours sera long : plus d’une heure et demie. Et tout y passa dans une prétendue réflexion sur quatre « vertiges » : démographie, environnement, géopolitique, technologie, et sur la stratégie pour y faire face « à l’horizon 2050 ». Bref, une belle rhétorique, horizontale – bien sûr – et sans aspérités : « poursuite de la transformation du pays » et du « projet européen » ; lutte contre « les ennemis de la laïcité » et en même temps « les extrêmes de tous bords », « les démagogues » et « les naïfs et les populistes de l’immigration ». Du déjà dit.
Mais l’horizon immédiat, celui qu’ils attendent ? À 13 h 15, Édouard le leur découvre enfin : « Je le redis très clairement : mon objectif en 2022 est de faire en sorte que le Président Emmanuel Macron soit réélu. » Ouf. « Marseillaise » en dessert. Rideau !
Un des proches d'Édouard Philippe, pas peu fier, précise : « Il confirme qu'il n'a plus d'autre chef que lui-même. » En ixième clone gaullien de la Ve croupissante, le grand Édouard Charles Philippe nous assène avoir pris ce profil « Horizons » pour « voir loin » et « voir grand ». Mais encore ?
L'horizon nous évoque d'abord le bleu de ces uniformes des sacrifiés de 14-18, qui résistèrent dans le froid et la boue pour défendre la patrie et la nation. Édouard Philippe nous ferait honneur s’il osait relever la flamme des poilus. Hélas, gageons qu’il ne le fera pas. Car, pour nous en tenir aux symboles, le bleu horizon, c’est aussi cette couleur indéfinissable qui sépare le ciel de la terre où le regard se perd. Quant à la ligne d’horizon, elle n’existe pas. Édouard Philippe l’a dit, samedi : il veut « participer ». C’est important, comme on dit ! Alors, qu’il se dépêche de marcher pour ne jamais l'atteindre... Car, pour défendre la ligne bleue des Vosges de notre identité et de notre économie, l’horizon de ce programme sans audace sera vite bouché.
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