Écouter aux portes : l’arme suprême !

"La curiosité mène à tout : parfois à écouter aux portes, parfois à découvrir l'Amérique" (José Maria de Eça de Queirós).

En politique, et plus particulièrement sous l'ère Nicolas Sarkozy, "écouter aux portes" est devenu l'arme suprême d'un système médiatico-politico-judiciaire qui, à court d'arguments idéologiques et de faits concrets pour abattre la droite, a choisi d'enfreindre délibérément tous les codes de déontologie pour arriver à ses fins.

En 2007, un micro qui peut "entendre" à très longue distance surprend Patrick Devedjian qualifiant la députée du Rhône Anne-Marie Comparini de "salope", et ceci dans un échange privé avec des collègues de l'UMP.

En 2013, pendant plusieurs mois, notre ancien président de la République fut mis sur écoute (dans le cadre de l'ouverture d'une information judiciaire), ainsi que ses proches, de la même manière que l'on jette des filets dérivants en mer, avec l'espoir d'attraper un "poisson".

Que penserait un citoyen lambda, qui se régale de ces infos dont les sources sont des micros placés sous les lits, s'il apprenait que ses voisins ont les moyens techniques de l'écouter 24 heures sur 24, qu'après un repas partagé avec ces derniers, tous ses commentaires post-repas, faits en privé, seront entendus ?

Ces pulsions, "bien humaines", qui consistent à avoir l'oreille collée contre la cloison, ou bien encore l'œil rivé sur le trou de la serrure, font des ravages, et c'est bien parce qu'elles existent que les pays démocratiques font des lois pour réguler les écoutes.

Malheureusement pour notre pays, en ce qui concerne la justice, le mur des cons est une réalité et, au niveau des médias, le parti pris balance nettement à gauche.

De tout ceci, et pour ce monde-là, il découle un sentiment d'impunité lorsqu'il s'agit d'espionner les hommes politiques de droite.

Depuis notre tendre enfance, nous savons tous qu'écouter aux portes n'est pas bien. Et il faut, souvent, bien des années pour comprendre que des bribes de conversation entendues ne faisaient pas une vérité.

Le fait que les médias déballent des propos tenus dans des conversations strictement privées ne devrait donc nous inspirer, a minima, que de la défiance, sinon du dégoût, et nous amener à penser que l'arroseur peut être arrosé. Comme la guillotine a tranché la tête du roi, puis celle de Danton qui a pu annoncer logiquement le tour prochain de Robespierre, il n'est pas complètement farfelu de penser que les micros passeront un jour dans le bureau des juges et finiront dans les rédactions des journaux. La boîte de Pandore est ouverte et, dans cette ambiance délétère, je doute que l'intérêt supérieur du pays en sorte gagnant.

Pour Laurent Wauquiez, la guillotine est en vue. Les bûcherons chargés de tomber l'arbre opposition ne sont plus dans le désert.

Ses propos tenus dans une conversation privée, à l'École de management de Lyon, et diffusés par bribes sur de nombreux médias, sont un échange à caractère confidentiel, entre un professeur et ses élèves, basé sur la confiance mutuelle.

L'enregistrement, obtenu dans des conditions certainement peu reluisantes, devrait questionner les juges.

Peut-on laisser se propager l'idée que tous propos, dans un cadre de confidentialité bien établi, peuvent être enregistrés et diffusés à l'insu de celui qui les a prononcés ?

La curiosité du citoyen, au sujet d'un homme politique, doit-elle se cantonner à écouter aux portes ou bien à découvrir l'Amérique - en l'occurrence, ici, la capacité à gérer le destin d'un pays ?

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