École primaire : Emmanuel Macron se satisfait-il de la grande misère des cours moyens ?

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Il n'est pas inutile que l'inspection générale fasse un bilan de la situation de l'école primaire et en tire quelques préconisations. Son programme de travail annuel pour l'année 2020-2021 prévoyait ainsi une mission portant sur « l'enseignement en cours moyen : état des lieux et besoins ». « Un rapport au vitriol sur les classes de CM1 et CM2 », titre Le Figaro. Pour qui s'intéresse un peu à l'enseignement ou a des enfants ou des petits-enfants dans ces classes, le rapport qui vient d'être publié n'apporte rien qu'on ne sache malheureusement déjà et ne s'attaque pas aux véritables problèmes.

L'inspection générale constate, notamment, que le temps effectif consacré aux différentes disciplines n'est pas toujours respecté, que certaines classes ne disposent pas encore d'un équipement numérique minimal, que la plupart des enseignants donnent du travail à la maison, bien que ce soit officiellement interdit. Elle a également observé que des manuels, en français et en mathématiques, ne sont présents que dans environ 40 % des classes et pratiquement inexistants dans les autres disciplines. Bref, c'est la grande misère ! En conséquence, le rapport fait quelques recommandations pour pallier ces lacunes.

Loin de nous l'idée de contester le sérieux du travail des inspecteurs généraux, mais force est de constater, en la circonstance, qu'ils n'ont pas inventé le fil à couper le beurre. Toutes leurs recommandations tombent sous le sens, qu'il s'agisse de renforcer la vigilance sur le temps effectivement consacré à chacune des disciplines, de préciser les modalités du travail à la maison ou d'équiper tous les élèves de manuels. Non qu'ils manquent d'imagination, mais ce type de rapport se heurte à son caractère routinier et, sans doute, à la crainte de déplaire aux autorités qui l'ont commandé. Il est d'ailleurs improbable que la réforme de l'inspection générale voulue par Emmanuel Macron accroisse l'indépendance des futurs inspecteurs généraux.

Ce rapport passe, en revanche, sous silence les problèmes essentiels de l'école élémentaire, non pas volontairement, mais pour la bonne raison que la lettre de mission ne demandait pas de les aborder. Il eût pourtant été intéressant d'émettre un jugement sur le recrutement et la formation des professeurs des écoles qui, dans certaines académies, révèlent des insuffisances notoires. Il faut dire que le recrutement académique favorise ces inégalités. En outre, le métier n'est pas suffisamment attractif et l'on recrute des enseignants qui maîtrisent mal certaines disciplines. Le ministère le reconnaît pour les mathématiques, mais les lacunes existent aussi en français et dans d'autres matières.

Le rapport omet aussi d'évoquer les méthodes pédagogiques, qui n'ont pas toujours la rigueur et l'exigence qui leur permettent d'être efficaces. Le sens de l'effort et l'émulation ne sont pas à la mode, on distribue rarement des bons points, il ne faut surtout pas que des élèves puissent se distinguer. On ne mémorise guère, on ne fait plus systématiquement d'exercices répétitifs, on n'exerce plus la volonté comme si elle n'était pas l'alliée de l'intelligence. Il est vrai que la société ne donne pas toujours le bon exemple. Faut-il, dans ces conditions, s'étonner de la prospérité des écoles hors contrat, où l'on pratique « les vieilles méthodes » ?

Il ne faut pas compter sur Macron pour améliorer la situation. Depuis cinq ans, il n'a rien fait pour l'école, sinon prendre des mesures de dédoublement dans les quartiers difficiles. Il fait partie de ces élites qui pensent qu'un SMIC culturel sera toujours suffisant pour faire de la masse des exécutants dociles et que l'école publique est bonne pour les enfants des autres.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

Vos commentaires

32 commentaires

  1. Je suis enseignante depuis 39 ans et j’ai, malheureusement, vu ce métier évoluer. Il faut savoir, en ce qui concerne les manuels scolaires, que ce sont les mairies qui octroient les budgets et que dans de nombreux cas ceux-ci ne permettent pas l’achat de livres. De plus avec les nombreuses réformes les programmes ont sans cesse changés, il aurait fallu acheter un livre de chaque matière tous les deux ou trois ans , ce qui financièrement est un gouffre.

    • pouvez-vous préciser la définition de « évoluer  » dans le contexte où vous l’utilisez.
      Ne vouliez-vous pas dire « régresser  » ?

    • Je n’ai jamais consulté en primaire de livres de mathématiques mais j’avais des instituteurs dignes de ce nom dans un quartier populaire de Paris, il y a 75 ans.

  2. Et que dire de ces classes de primaire en milieu rural : 3 niveaux, 31 élèves par classe …. Cherchez l’erreur ! En banlieue c’est un seul niveau avec entre 12 et 15 élèves par classe.
    Où est la justice ? Où est l’égalité ? D’ailleurs quel motif justifie cette différence de traitement ? Certaines catégories de citoyens seraient-elles tellement plus nulle intellectuellement que d’autres ?

    • Là où vous êtes dans l’erreur est que l’on apprend sûrement plus de choses dans une classe rurale « à l’ancienne » à 3 niveaux et 31 élèves que dans une classe de banlieue 2022 à 12-15 élèves. C’est ainsi qu’ont été formées toutes nos élites jusqu’en 1960.

  3. Tout cela quand les élèves ont cours ! dans la petite commune de Rhinau (67), les élèves de CM1/CM2 (2 niveaux) sont privés de la moitié de leurs cours depuis plusieurs mois, en raison de l’absence non remplacée d’une de leur enseignante à mi-temps ! Et eux, n’ont pas de devoirs, contrairement à des élèves plus petits qui ont des devoirs écrits tous les jours, weekends et vacances compris. Les parents rentrent à 19 h du boulot : devoirs, repas, bain, coucher, … Quel emploi du temps de fou !

    • C’était le lot de la génération de nos parents et ce n’est pas de cela qu’ils sont morts…

  4. Macron n’aime pas la concurrence, quel que soit le domaine, mais plus particulièrement dans celui de l’enseignement.
    Vous pensez bien que Macron va s’assurer de tout faire afin qu’il n’y ait pas, parmi nos chères têtes blondes, un futur président qui puisse être plus intelligent que lui !
    Demandez donc aux p’tits ukrainiens blonds de passage, ce qu’ils pensent de la qualité de l’enseignement français, surtout en Maths !
    Ahurissant, des armées d’illettrés en devenir !

    • Attention, il vient de prendre un risque avec son nouveau Premier Ministre qui pourrait bien s’avérer plus compétent que lui.

  5. Macron se moque éperdument de l’éducation de nos bambins…d’ailleurs, il ne maîtrise pas l’aspect du problème puisqu’il n’a pas d’enfant(s).
    D’après les statistiques officielles, l’Education Nationale française est l’un des tous premiers employeurs sur le plan mondial.
    Les résultats ?…l’un des tous derniers sur le plan des connaissances acquises, tous niveaux confondus.
    Une pompe à pognon dilapidé.

  6. On encourage la médiocrité en décourageant l’excellence depuis au moins la réforme Jospin (merci Chirac d’avoir dissous l’AN en 97…)
    Des enseignants médiocres produiront des élèves médiocres. On transmet autant ce que l’on est que ce que l’on sait.

  7. L’Inspection générale de l’Education nationale : bien souvent servile, généralement inutile et ça coûte cher. Mais ça permet de caser les copains.

  8. Pas étonnant qu’on ait des bac+5 plus bêtes que les bac-3 d’il y a 50ans et des jeunes députés qui ne sont que des « godillots » (c’est le nivellement par le bas)

    • Pas  » plus bêtes », mais moins au niveau. Le bac actuel n’est même pas au niveau des certificats d’étude d’il y a 80 ans. Une simple dictée de 10 lignes et un problème de règle de trois suffisent à le démontrer.

    • Il donne bonne conscience à ceux qui voulaient promouvoir de nouveaux arrivants; il ne fallait pas leur infliger une culture française si éloignée de la leur. Et même dans les lycées français à l’étranger ,la même démarche a été suivie avec la méthode globale et son cortège de fautes d’orthographe !Ma fille avait été scolarisée dans une école tenue par des religieuses libanaises à Baalbeck :méthode traditionnelle et orthographe impeccable,

  9. « des enseignants donnent du travail à la maison, bien que ce soit officiellement interdit » !
    De mon temps, dans les années 50, les exercices et leçons à la maison, n’ont, que je sache, jamais tué un élève. J’ajoute que dans ces années « bénies » pour l’enseignement, si le classement PISA avait existé, la France aurait été dans les premières places du classement. Voir le résultat aujourd’hui est effarant et en même temps normal au vu de la formation des « maîtres » compte tenu de leur formation.

    • Depuis (ou entre-temps), au lieu d’être : goûter-devoirs puis jeux, le retour à la maison est devenu : activités extra-scolaires(sport) , télé, puis ordi, tablette… .l’abrutissement, quoi…

  10. Toutes les faiblesses scientifiques des élèves sont bien sûr regrettables, mais que dire de celles de notre langue parlée ou écrite, matière qui est notre bien propre alors que les autres sont vulguères c’est-à-dire communes.

  11. c est quoi macron ? ah oui l usurparteur qui a volé l election , tout ce qui detruit un peu plus la france le réjoui toujours , c est le pire fleau que la france a connue

    • Pourquoi toujours taper sur Macron ? Le déclin de la France a commencé le jour où les Français ont élu Mitterrand à la présidence de la République…

  12. Macron n’a pas d’enfant.
    Macron n’aura jamais d’enfant.
    Donc vous abordez un sujet qu’il ne comprend pas.
    Et puis Macron s’en fou. Quand ces gamins deviendront majeur et électeurs cela fait bien longtemps qu’il sera parti.

  13. il manquerait plus qu’on éduque les futures générations ! des ignares vous fichent la paix
    Un peu de netflix et une bière, le foot le samedi et voilà !

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