La décision de M. Dupont-Aignan, dont il faut saluer le courage, est la matérialisation historique de plusieurs mouvements de fond à droite.

Le basculement inattendu, mais cohérent, qu'il a opéré est d'abord la traduction d'un mouvement puissant qui traverse l'électorat de droite. Car nous sommes des millions d'électeurs de droite, depuis des années voire des dizaines d'années, à avoir progressivement et discrètement quitté ces partis qui trahissaient leurs convictions, qui s'alliaient avec la gauche, qui nous culpabilisaient quand nous osions nous dire patriotes, conservateurs, inquiets de l'islamisation, mécontents du manque de courage de nos élus et de nos dirigeants. Nous n'étions bons qu'à renouveler notre vote pour ces vieux caciques UDI-LR, et d'ailleurs plus UDI que LR.

Depuis dix ans, ce mouvement contradictoire des élus LR vers la gauche et des électeurs vers la droite s'accentuait. Avec Sarkozy, il y eut l'ouverture à gauche bling-bling – Kouchner et Mitterrand. Puis il y eut les fronts républicains de MM. Bertrand et Estrosi aux régionales. Cette fois-ci, ce fut la pitoyable épopée Juppé-Bayrou. Puis la tentative de putsch contre Fillon et le vote des primaires. Tous ces dirigeants que l'on n'ose d'ailleurs plus qualifier « de droite » sont déjà chez Macron. Bon courage à M. Macron pour proposer une réadaptation à des cas comme ça ! Car leur macronisation -formeront-ils un club présidé par M. Bayrou, qui les a précédés ? - est un soulagement pour l'électeur de droite.

Mais la décision de M. Dupont-Aignan constitue aussi un renversement majeur à droite en termes d'image et de dynamique. Avant, il y avait une droite sectaire qui excluait tout ce qui n'était pas elle - le Front national - et une droite dite ouverte, qui allait de la droite de la droite jusqu'au centre, de Nicolas Dupont-Aignan jusqu'à Bayrou, et qui se voulait attractive. Avec cette campagne, la droite LR est devenue cette maison-repoussoir où non seulement on n'a vraiment plus envie de mettre les pieds, mais où des groupuscules et quelques chefs avides de postes, toujours plus d'extrême centre, n'en finissent pas d'exclure tous ceux qui osent émettre la moindre conviction de droite, la plus infime idée de rapprochement avec la vraie droite. Ils ont laissé partir des électrons libres, année après année, se disant qu'ils ne représentaient plus rien : 1, 2 %, mais c'était parfois 5 %, comme hier M. de Villiers ou aujourd'hui M. Dupont-Aignan. Et le même phénomène avait lieu aux élections locales. Ils ont même voulu se débarrasser de Fillon, de Sens commun, puis de tous ceux qui, logiques avec leur engagement, refusent de voter Macron ! Ils s'effondrent, se désagrègent, se vident et en plus ils excluent !

Aujourd'hui, avec la spectaculaire ouverture de Mme Le Pen à cette droite hors les murs méprisée, on assiste à l'éclatement des LR, cette droite qui n'avait plus de « droite » que le nom : la superstructure gauchisante a rallié M. Macron, mais M. Dupont-Aignan emporte avec lui des convictions fortes, de la cohérence et du courage. Et aussi beaucoup d'électeurs.

La recomposition à droite vient de loin. Elle n'est pas terminée. Mais M. Dupont-Aignan lui a donné un vrai coup d'accélérateur.

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30 avril 2017 à 14:28

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