Dissolution du bar La Citadelle : où sont les priorités de Gérald Darmanin ?

la Citadelle

La décision était attendue. Sans grande surprise, le décret est tombé ce 7 février. Avertis, en décembre dernier, du lancement d’une procédure administrative à leur encontre, les membres de La Citadelle, bar identitaire à Lille, viennent d’apprendre la dissolution de l’association gérante du bar, à l’issue du Conseil des ministres qui s’est tenu ce mercredi. Cette dissolution vient s’ajouter à la longue liste des décisions prises par Gérald Darmanin depuis sa nomination place Beauvau.

Accusation d’incitation à la haine

« C’est une surprise pour personne. […] Ce n’est pas la fin, c’est le commencement d’une nouvelle aventure. Nous allons aller jusqu’au bout pour nous défendre devant le Conseil d’État, devant la Cour européenne des droits de l’homme, si c’est nécessaire. » Sur les réseaux sociaux, Aurélien Verhassel ne s’avoue pas vaincu. Le président de La Citadelle prévoit d’ores et déjà de faire appel de la dissolution de son association. Dans le décret de dissolution publié ce 7 février, le gouvernement reproche notamment au bar de promouvoir « une idéologique incitant à la discrimination, à la haine et à la violence envers les personnes extra-européennes et les personnes de confession musulmane, en présentant l’immigration et l’islam comme des menaces que les Français doivent combattre et en entretenant délibérément l’amalgame entre immigration et insécurité ». L’exécutif cite en exemple de cette accusation la soirée « Qu’ils retournent en Afrique », qui devait se tenir au mois de février 2023 au sein de l’établissement mais qui avait été interdite par la mairie de Lille et la préfecture du Nord. Qu’on juge le nom de la soirée de mauvais goût voire déplacé est une chose, qu’on accuse les organisateurs de cet événement d’avoir voulu « inciter à la haine et à la discrimination » en est une autre. Le tribunal lui-même, sollicité pour valider l’interdiction municipale et préfectorale, n’avait pas retenu le motif d’incitation à la haine raciale pour motiver sa décision, se contentant d’invoquer des « troubles à l’ordre public ». Le gouvernement accuse également La Citadelle de véhiculer « une idéologie xénophobe » - à travers des slogans tels que « L’immigration tue » - et d’entretenir des liens avec d’autres associations dans le viseur du gouvernement (Academia Christiana, Alvarium, Génération identitaire…).

Si l’annonce de la dissolution de La Citadelle a été saluée par Martine Aubry, maire de Lille, qui a pris la peine de remercier le ministre de l’Intérieur, et par des députés de La France insoumise, dont Carlos Bilongo, d’autres personnalités, à l’instar de Laurent Obertone ou Jean-Yves Le Gallou, ont à l’inverse apporté leur soutien au bar lillois. Pour Jean-Yves Le Gallou, « à chaque attentat islamiste, Gérald Darmanin dissout une association patriote ». Un sentiment partagé par l’auteur de La France Orange mécanique, qui accuse le ministre de l’Intérieur de dissoudre La Citadelle après « l’attaque anti-Français » perpétrée gare de Lyon le 3 février dernier.

Indulgence vis-à-vis des antifas

La dissolution de La Citadelle pose surtout deux questions. La première est celle de l’indulgence dont jouissent les groupuscules d’ultra-gauche. En effet, si Gérald Darmanin se montre ferme avec les associations identitaires - Génération identitaire, Civitas, Les Zouaves de Paris, Bordeaux nationaliste, Division Martel ou encoren plus récemmentn Academia Christiana menacée de dissolution -, sa main semble trembler quand il s’agit de dissoudre les groupes d’extrême gauche. À l’exception du Groupe antifasciste de Lyon et ses environs (GALE), dissous définitivement en novembre 2023, Nantes révoltée, devenu Contre Attaque, ou encore Les Soulèvements de la Terre n’ont pas vu leur dissolution engagée ou validée malgré les annonces du ministre. De même, la Jeune Garde, groupe antifa connu pour ses actions violentes, n’a jamais été inquiétée.

Cette dissolution interroge, enfin, sur les priorité de Gérald Darmanin. Comme le soulignait Sébastien Chenu, ce 8 février, sur Télématin : « On peut dissoudre des groupes comme La Citadelle, pas de problème. Mais qui pose vraiment problème, aujourd’hui, dans notre pays ? » Gérald Darmanin, dont le bilan sécuritaire empire d’année en année, ferait sans doute mieux d’engager les moyens et les effectifs de son ministère dans la lutte efficace contre la délinquance et le terrorisme.

Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

26 commentaires

  1. On dissout ce que l on accuse d extrême droite , et ils laissent tranquille les frères musulmans et les mosquées radicalisées

  2. Et oui … si on tape sur l’extrême gauche violente, les villes sont cassées et les policiers paralysés ! Alors contre l’extrême droite, pas de souci en ville !

  3. Le jour où la macronie comprendra que sévir contre les racailles d’extrême gauche lui permettrait d’être réélue, ça pourrait changer… Mais cela leur est interdit par l’Europe. La priorité est l’immigration. Avec tout ce que cela entraîne.

  4. Mais « soulèvement de la terre » est lui libre de continuer en toute impunité à sévir en se livrant à des actes violents. Le deux poids deux mesures est la règle sous Darmanin et consorts.

  5. Je n’arrive pas à comprendre le processus de ces dissolutions. Les associations se dissolvent non pas par une action extérieure mais suite à une réunion du bureau politique, d’un conseil d’administration et si la dissolution est envisagée, elle est proposée en assemblée générale. Si ag dissout, il faut alors avertir les autorités de tutelle si elle versent de l’argent et surtout avertir le journal officiel de la situation, l’association n’existe plus.
    Administrateur d’une association, je sais comment ça fonctionne, ce n’est pas un quelconque pouvoir politique qui a le pouvoir de dissoudre, mais ce pouvoir a un droit de regard si de l’argent est en jeu, et c’est normal. Et si l’assoc ne sert à rien, les versements ne se feront plus. Et si l’assoc ne demande pas d’argent public, on lui fiche la paix !

  6. Toujours deux poids deux mesures. Mais à ce compte la il faudrait fermer tous les troquets des villes où sont parfois dits des propos pires encore ( mais souvent vrais) par le consommateur moyen.

  7. Les médias et une grande partie de la classe politique font preuve d’une très grande hostilité à l’endroit des extrémistes de droite, tandis qu’ ils minimisent les agressions perpétrées par les extrémistes de gauche et les crimes commis par les djihadistes, cela ne fait aucun doute. Pour autant, faut-il s’interdire de dénoncer les idées des différentes extrême-droites et minimiser les actes violents de certains de ces extrémistes ? Non, bien sûr. Il y aurait, en France, 3000 extrémistes de droite dont 1300 fichés S, ce n’est pas rien. Nier leur existence, c’est faire preuve de malhonnêteté. Quant à Jean-Yves Le Gallou, qui est à l’origine de l’identitarisme en France, il est un acteur clef de la Nouvelle Droite depuis 55 ans. Un livre écrit par un universitaire très bien informé vient de paraître au sujet de cette nébuleuse; son titre, « La Nouvelle Droite et le nazisme ». Les néo-droitistes, ne sont pas des patriotes attachés à la nation française; il sont, depuis toujours, des partisans d’un empire européen des régions. Cette idée a été transmise, à la fin des années 1960, par l’ex Waffen SS Saint-Loup, devenu écrivain après la guerre, aux fondateurs de la Nouvelle Droite. Le camp national doit se tenir à distance des extrémistes/radicaux et des nostalgiques des régimes totalitaires du XXe siècle qui le salissent et qui nuisent gravement à sa réputation.

  8.  » une idéologique incitant à la discrimination, à la haine et à la violence envers les personnes extra-européennes et les personnes de confession musulmane, en présentant l’immigration et l’islam comme des menaces que les Français doivent combattre et en entretenant délibérément l’amalgame entre immigration et insécurité » »… et si pour certaines idéologies on faisait la même chose sous prétexte que ce sont des  » des idéologique incitant à la discrimination, à la haine et à la violence envers les personnes européennes et les personnes de confession chrétiennes, en présentant le fait que d’être nés français dans une famille français depuis des siècles, et la chrétienté comme des menaces que les Français doivent combattre et en entretenant délibérément l’amalgame entre français d’origine et intolérance »

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