Déficit de la Sécurité sociale : les seniors seront-ils encore spoliés ?

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e magazine Capital a interrogé Cyrille Isaac-Sibille, député MoDem du Rhône, rapporteur pour la partie assurance-vieillesse du projet de la Sécurité sociale qui sera voté avant la fin de 2020. Selon ce député, il est encore trop tôt pour évaluer les pertes de cotisations sociales en 2021 liées à la crise sanitaire et les dépenses supplémentaires, surtout qu’on ne connaît pas l’évolution de la pandémie.

Selon Les Échos, en 2020, le déficit propre à la Sécurité sociale serait de 50 milliards alors que, fin 2019, on ne prévoyait que 5,6 milliards. Le trou accumulé serait, en 2024, de 130 milliards d’euros avant une éventuelle stabilisation. De ce fait, le prélèvement de la CRDS (0,5 % sur tous les revenus) qui ne sert qu’à rembourser le trou de la Sécurité sociale et qui aurait, en principe, dû se terminer en 2024 (mais on a rarement vu des impôts disparaître...), sera prolongé au moins jusqu’en 2033, sinon plus, si nos comptes sociaux ont du mal à se rétablir. Objectivement, il s’agit de la création d’un nouvel impôt alors que M. Macron et son gouvernement avaient juré qu’ils ne feraient pas payer la crise aux Français.

En 2021, le déficit de la Sécurité sociale dépassera 30 milliards d’euros, surtout que les dispositions des accords du Ségur vont entrer en vigueur. Selon M. Isaac-Sibille, 1 milliard d’euros seront consacrés à la revalorisation des soignants des EHPAD ainsi qu'à la formation des personnels de ces établissements afin qu’ils aident nos seniors à mieux vieillir.

Pour financer ces dispositions et mettre en place la cinquième branche de la Sécurité sociale, un nouvel effort pourrait encore être demandé aux retraités, selon les mêmes modalités que l’an dernier. Les personnes gagnant moins de 2.000 euros par mois verraient leurs retraites revalorisées autant que l’inflation, tandis que les autres se contenteraient de 0,3 %. Si le gouvernement applique ces mesures, il s’agira d’un vol pur et simple et d’un viol des dispositions instaurant la retraite. Il faut, désormais, craindre que, comme pour les fonctionnaires, dont le point d’indice n’est plus revalorisé depuis 2010, les pensions au-delà de 2.000 euros perdent chaque année un peu de pouvoir d’achat. Visiblement, les retraités sont toujours dans le collimateur de la Macronie.

Ces économies sur le dos des seniors ne suffiront sans doute pas. On parle de faire cesser la fraude. Mais y aura-t-il une volonté d’agir dans ce domaine ? Sans doute le pouvoir décrétera qu’il est honteux et raciste de soupçonner les étrangers de puiser dans nos comptes sociaux ; rien ne sera fait et les rapports accusateurs resteront dans les tiroirs.

Reste la mise en place d’un nouvel impôt pour financer la dépendance. Là, le pouvoir marche sur des œufs. Il serait en porte-à-faux avec sa promesse de ne plus créer de nouveaux prélèvements, d’autant plus que les jeunes de moins de 40 ans ne seront pas dupes : ils paieront pour ne rien recevoir en échange, les coffres étant vides quand ils atteindront l’âge de 80 ans. M. Isaac-Sibille l’avoue en toute sincérité : il faut travailler à l’acceptation sociale de cet impôt. Ce n’est vraiment pas gagné...

Christian de Moliner
Christian de Moliner
Professeur agrégé et écrivain

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