Déferlante populiste sur l’Europe : la grande peur des bien-pensants

Mario Draghi

Pour les médias, c’est un marronnier qui refleurit à chaque nouvelle élection. Le péril populiste est agité tel un épouvantail afin de maintenir l’électeur dans le « cercle de la raison ». Il semblerait pourtant que, cette fois-ci, l’inquiétude soit moins feinte que d’habitude.

La chute de Mario Draghi en Italie et la perspective de l’arrivée au pouvoir, en septembre prochain, de Giorgia Meloni, dirigeante du parti Fratelli d’Italia, ne seraient-ils pas les signes annonciateurs de bouleversements à venir ?

Le 22 juillet dernier, Le Monde donnait la parole à Bernard Spitz, président du pôle International et Europe du MEDEF, qui s’alarmait : « Ce que nous dit la démission forcée de Draghi, c’est que si l’on ne répond pas mieux à l’angoisse démocratique, la voie sera ouverte aux populismes. » Nous aurions en effet basculé, sans nous en rendre compte, dans un nouveau cycle historique, une « période d’incertitude et de fureur ».

Face à un hiver qui s’annonce des plus sombres en raison du contrecoup des sanctions prises contre la Russie, les élites politiques et économiques européennes commencent à sérieusement s’inquiéter.

Le très libéral The Economist, le 14 juillet dernier, se demandait depuis Londres si le choc énergétique n’allait pas « sonner le glas de l’Union européenne ».

Ce serait l’incroyable renversement de situation auquel aboutirait la guerre économique menée par les Occidentaux dans le but de provoquer l’effondrement de l’économie russe, susciter la colère des populations et faire tomber le régime de Poutine.

Pas question, cependant, pour les Européens de reconnaître leurs erreurs ni de modifier leur stratégie, malgré les appels de Viktor Orbán à mettre un terme à une politique suicidaire. « L'économie européenne s'est tiré une balle dans les poumons », déclarait-il le 15 juillet dernier.

Non, pas question de revenir sur les sanctions mais plutôt sur le discours. Car c’est une petite musique conspirationniste aux airs déjà connus qui a fait sa réapparition à l’occasion du départ de Mario Draghi.
De l’autre côté de l’Atlantique, le Wall Street Journal s’en faisait l’écho, le 3 août dernier. Ce n’est pas la stratégie inconséquente des Occidentaux qui serait la cause des catastrophes à venir mais un plan diabolique de Poutine : les prix élevés de l’énergie vont créer des troubles sociaux qui amèneront au pouvoir des partis populistes qui cesseront de soutenir l'Ukraine. Une chute de dominos dont l’Italie constitue le point de départ. Ce plan russe de subversion ne serait cependant pas réalisable sans la complicité d’une cinquième colonne agissant avec perfidie au cœur de l’Europe. Pour les médias bien-pensants, l’« extrême droite » populiste est cet ennemi intérieur dont il faut traquer les activistes et démasquer les complots.

Le journal turinois La Stampa annonçait, le 28 juillet dernier, avoir consulté des documents des services secrets italiens qui attestaient d’une rencontre entre un proche de Matteo Salvini, le chef de la Ligue, et des diplomates russes un mois avant la chute du gouvernement Draghi. Des « ombres russes » se cachaient donc derrière cette crise. Des accusations qui surgissent opportunément en pleine campagne électorale italienne.

L'affaire n’est pas sans rappeler le « Russiagate ». En 2017, c’est le dossier monté par un ancien espion britannique, financé avec l’argent de la campagne de Hillary Clinton, qui avait conduit aux accusations affirmant que Donald Trump était manipulé par Moscou.

En France, lors du débat de l’entre-deux-tours de la présidentielle, Emmanuel Macron avait tenté également de discréditer Marine Le Pen en affirmant que celle-ci dépendait « de Monsieur Poutine » du fait d’un financement obtenu, quelques années plus tôt, auprès d’une banque russe.

Dans Le Figaro du 21 juillet dernier, l’historien italien Stefano Pilotto s’écartait des théories conspirationnistes pour expliquer la chute de Mario Draghi. Face à la crise ukrainienne, l’ancien président de la BCE, « se rangeant à 200 % sur la ligne suivie par les États-Unis », avait plutôt, selon Pilotto, « refusé d'élaborer une ligne politique proprement italienne ». Draghi gouvernait « tout seul », sans se préoccuper ni des demandes de ses partenaires ni des conséquences de sa politique atlantiste sur les intérêts économiques et financiers des Italiens, ajoutait Pilotto.

Pour provoquer une déferlante populiste, Moscou n’aura finalement pas besoin de se donner beaucoup de mal. Il lui suffira de laisser faire des élites européennes déconnectées et indifférentes aux demandes de leurs peuples.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 22/08/2022 à 19:01.
Frédéric Martin-Lassez
Frédéric Martin-Lassez
Chroniqueur à BV, juriste

Vos commentaires

42 commentaires

  1. Nos cretins de leaders européistes font tout pour pousser les peuples vers l ultranationalisme et le populisme et ils s’en etonnent ? Viktor Orban devient un modéle pour beaucoup et si il se trouve beaucoup de pro Poutines et pro Xi Jinping en Europe c est bien parceque la deliquessence de nos nations donnent la nausée !
    L’Europe est foutue : RIP

  2. Entre deux petits tours en « jet ski », au pied se sa résidence d’été au fort Brégançon, notre général en chef des armées en déroute et occasionnellement président de la « ripoublique » française et divisible ne vient-il pas d’annoncer qu’il nous faudrait, dorénavant, souffrir pour avoir droit à la « liberté » ?

    • Cet enfant, totalement inexpérimenté et prétentieux, va nous conduire au pire.
      Il n’a aucune vision sur le futur de la France qui devrait passer avant l’Europe devenue un vrai machin.

  3. Cette division arbitraire progressiste/populiste n’a aucun sens. Sous un autre angle, il serait possible de dire « les uns se nourrissent des autres » mais le reconnaîtraient-ils ? Imaginez : Rungis, produit des populistes, des travailleurs, des besogneux, non approvisionné. Nos progressistes seraient à la peine. Ces progressistes ont une grande faiblesse. Ils ont la prétention de croire qu’ils sont suivis dans toute leur communication. Peut-être par des médias à la botte. Mais certainement pas par des français accrochés à leurs terres, la tête près du bonnet. Prenons ces sanctions contre la Russie. Une absurdité qui entraine l’économie mondiale dans une déroute non maîtrisée. Et ils s’en gargarisent tout en étant bien en peine d’en réguler les conséquences. Pour quel résultat ? Moins de morts dans ce conflit Ukraine/Russie ? Qui plus est, on pratique ce qui était démoniaque il y a peu : le charbon, l’exploitation du schiste et en revenir à l’atome. Mais en bons diplomates, ils vont nous faire avaler les couleuvres. Autre approche. La liberté d’expression. Ils en ont plein la bouche mais en réalité elle n’a jamais été autant jugulée. A son sujet des lois s’empilent, certainement pas pour en renforcer l’ouverture. Dans les années 70/90 cette liberté était totale. Les humoristes s’en donnaient à coeur joie, les français les suivaient sans rechigner. Nos rues étaient paisibles. Aujourd’hui la liberté d’expression verbale est étroitement sous contraintes, nos rues en sont les compensations : agressions au couteau, à la machette, au fusil-mitrailleur, sans négliger les féminicides. Nos bien-pensants pensent-ils avec objectivité ?

    • Nos « bien-pensants », Ô paradoxe, ne pensent pas!
      Ils ne font qu’argumenter comme des robots, exprimant ce que le conditionnement socialo-machin leur a inculqué depuis tant d’années. Peu importe d’être traités de populistes voire de fascistes par ces zombies! Le malheur, c’est que ces indécrottables sont devenus trop nombreux, ne laissant que peu d’espoir en un retour à la raison.

    • Oui, ça vient tout doucettement. Je l’appelle de tous mes voeux. Voir courir ces « élites », en sueur, le souffle court, les vêtements en lambeaux, ne sachant plus où aller se planquer me procurerait une ineffable joie. Il me suffit de repenser aux vidéos de cadres d’Air France , chemises déchirées, sautant par dessus les grillages pour échapper aux salariés en colère( octobre 2015) pour imaginer le tableau.

      • Avec une nuance : c’était pour échapper aux syndicalistes professionnels (CGT) feignant la colère.

  4. A chaque fois c’est pareil : politique élu sur des mensonges qui gouverne comme un dictateur et qui achète le silence en creusant la dette. Macron et sa clique doivent avoir quelques inquiétudes pour la rentrée car il dépense sans compter. Les italiens ont peut-être compris que l’invasion les conduit à l’occupation et le mensonge à la servitude

  5. Quel plaisir que d’assister à la destruction de cette mafia purulente européenne. Notre seule chance de survie c’est de retrouver notre indépendance et notre souveraineté pour rebâtir un pays en pleine décomposition. Vive le frexit.

  6. Nos fins stratège se scandalisent que Poutine retourne l’arme de la hausse des prix contre eux. En règle générale, si on vous envoie une beigne, vous répondez. Et si on se souvient bien, c’est le benêt Truc-Machin qui voulait mettre l’économie russe à genoux.
    On susurre que Poutine aurait même élaboré ce plan bien avant, aurait prévu l’attaque de Truc-Machin. Poutine lit dans les pensées des autres, quoique lire dans les pensées de nos chefs soit assez facile quand on y pense.
    Cerise sur les gâteux, il serait même aidé et soutenu par 13 millions de traitres et d’espions Le Pénistes. Sans compter les non-vaccinés, ces anti-français ! Ah !… et les gilets jaunes aussi !
    Qu’est-ce qu’on se bidonne quand même dans cette Europe. Que des comiques ! Exemple : Zelensky, ancien amuseur public qui jouait du piano avec son « instrument », qui d’autres ?

    • « lire dans les pensées de nos chefs soit assez facile quand on y pense. » Il suffit de se brancher sur le site web de la Maison Blanche.

  7. Nos fins stratège se scandalisent que Pourtine retourne l’arme de la hausse des prix contre eux. Si je me souviens bien, c’est le benêt Truc-Machin qui voulait mettre l’économie russe à genoux.
    Poutine aurait même élaboré ce plan bien

  8. A force de ne pas écouter le peuple, ce dernier commence enfin à comprendre que la démocratie lui a été volée. Plus nos pseudos élites tarderont à redonner le pouvoir au peuple et plus le bouleversement sera rude.

  9. Cyrano envisage une éventuelle consultation électorale ne mobilisant que des partis ultra minoritaires…
    L’hypothèse hautement vraisemblable et en fait un soulèvement populaire, qui donnerait en outre à la guérilla déjà en cours dans les banlieues une ampleur incontrôlable.
    Les « élites » peuvent en effet s’inquiéter. Elles sont en train de perdre la main.
    Cyrano avait la réputation de voir plus loin que le bout de son nez… Ce n’est pas leur cas.

    • Gregor, vous n’avez ps bien lu mon message. Je dis que les français représentant le retrait de l’UE, OTAN sont très minoritaires. Je ne propose pas de ne faire voter que ceux-là.

  10. Ceux qui dénoncent les complotistes sont devenus complotistes eux-mêmes !
    Quel aveu d’échec de leur part !
    Alors qu’ils détiennent tous les médias et les partis politiques du « cercle de la raison », comme dirait notre génie Alain Minc, ils tremblent à l’idée que Poutine aurait tout prévu jusqu’à la chute de l’UE.
    Ce n’est pas très brillant de leur part de ne pas avoir envisagé que Poutine avait un plan !

  11. « Populiste » l’insulte suprême..Quoi? Le peuple veut décider! Ces veaux? Ces sans-dents? ces fainéants? OUI OUI! Ces contribuables…ces pères de famille, ces travailleurs de la peine et de la sueur, ces terrorisés des banlieus veulent donner leur avis et décider! Cela ne fait pas les affaires -toujours juteuses- de nos zélites..qui se refilent le mistigri de génération cooptées en générations cooptées… Ils ont ouvert les yeux..et les oreilles. La prochaine révolution ne sera pas avec des gilets jaunes contre les fusils..

    • Ce peter pan président a été réélu grâce aux voix de la NUPES et des LR ! Même la bande à Ciotti, qui veut jouer aux durs, est lamentable !
      L’Europe inepte finira par éclater !

  12. Comme Barroso, comme Macron et comme tant d’autres en UE (Lagarde, von der Layen & Cie) , Draghi est un homme des Américains, un produit de Goldman Sachs. Les populistes, c’est la clique de 5* et de Salvini. Braillards et assez bas de plafond. G Meloni, c’est tout autre chose : c’est le Zemmour italien ! Aussi travailleur que Zemmour mais en plus politicien et capable de faire des concessions pour constituer, avec la Lega et Forza Italia une Union des droites italiennes regroupées autour d’une plateforme en 15 points « très convenable » (avec des « nuances » sur l’UE et l’OTAN). . ça va marcher. Et le 25 septembre il va y a voir du changement. Un raclée historique pour Biden aux mid term américaines … et l’air deviendrait un peu plus respirable.

  13. Les Européens-toutes nations confondues -en ont assez de voir leurs dirigeants faire la sourde oreille !

  14. Combien de pourcentage représente l’opinion occidentale qui veut sortir de l’UE, sortir de l’OTAN, renouer avec la Russie, S’émanciper des USA…en France c’est 2% (Philippot, Asselineau). Il faut dire qu’on est tombé tellement bas (hôpital, armée, justice, police… en ruine, disparition de l’industrie, de l’agriculture…tout se dégrade…et on à une dette à 120% du PIB). Champion de monde de la subvention sociale à coup d’impôts et de dette. En Italie il virent Draghi mais si c’est pour mettre un pro USA, UE, OTAN…alors ce sera pareil. Les peuples grognent mais ne mordent pas. Ils préféreront, tremblotant dans l’isoloir, élire quelqu’un de l’establishment. L’auteur termine sur « ce que demandent les peuples »: C’est là qu’il se trompe, ils demandent une prime inflation de 100 balles et que cela continue comme ça.

    • Vous êtes un peu injuste avec les électeurs de MLP et EZ qui ne sont pas vraiment alignés sur les US et l’OTAN, et même avec des Lellouche qui ont pas mal évolué. Tous sont d’accord sur une France souveraine et indépendante conduisant une politique d’équilibre. Ce qui suppose en effet de l’ordre dans les finances une économie dynamique et une industrie forte et la restauration de l’autorité de l’Etat. Ne vous trompez pas sur l’Italie. Forza Italia est très atlantiste mais son américanophilie pencherait plus pour Trump que pour Biden …. Les deux autres ne le sont pas et Meloni a signé la plate -forme plus par intérêt tactique que par conviction. Observez une différence : En Italie la Droite est capable de faire taire ses divergences et de s’unir sur l’essentiel !

    • Votre conclusion me semble, hélas, bien vue.
      Nous en sommes là. À se satisfaire d’une aumône de l’état (qui ne mérite plus sa majuscule).

    • Si Philippot et Asselineau bénéficiaient de l’espace médiatique qui leur est refusé les anti bidules de Bruxelles ne seraient pas à 2% mais plutôt à 55% comme l’a prouvé le référendum de 2005, torpillé par Sarko, un valet de pied yankee.

    • Pas entièrement de votre avis, tout du moins selon ce que me dit mon entourage européen.
      Tous en ont assez des Vent de la Haine, Lacrotte and CO.
      Tous sentent dans leur pays l’envie du peuple de virer ces malpropres.

      La Liberté, à nous les gueux , nous appelle et nous saurons vaincre sans périr.
      Et je puis vous dire qu’en France, ce n’et pas seulement 2% qui veulent s’émanciper des USA!!!!
      Ceci n’ayant strictement rien à voir avec Philippot et Asselineau qui, grâce à la manipulation d’un certain candidat et la fin de l’anonymat des parrainages, n’ont pu se présenter, car ils auraient fait beaucoup plus de % que cela et peut être, auraient empêché l’em…deur (qualificatif donné par lui même) de passer le premier tour.

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