Dans vos commentaires, cette semaine : les riches font débat !

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Cette semaine, dans vos commentaires, nous avons découvert un débat entre deux de nos lecteurs, F. Arondel et Brigantin, après la publication du billet de notre ami Richard Hanlet, « Pourquoi Marine Tondelier (EELV) en veut aux milliardaires ». Nous avons décidé de publier la plus grande partie de cet échange particulièrement intéressant. Histoire d’alimenter le débat… et les commentaires ! Nos deux lecteurs se confrontent, bien sûr avec la courtoisie qui sied à Boulevard Voltaire, autour de ce sujet si sensible en France : celui des riches. Il est vrai qu'il y a riches et riches... 

F. Arondel écrit :

Comment peut-on justifier l’existence de fortunes de plus en plus considérables alors que la paupérisation s’accentue y compris aux États-Unis (en 2018, 38 millions d’États-Uniens vivaient en dessous du seuil de pauvreté et 17 millions vivaient dans l’extrême pauvreté ; 30 % étaient proches du seuil de pauvreté et 14 % des familles manquent de nourriture !) ?

Au cours des trente dernières années, les milliardaires se sont enrichis comme jamais auparavant, tandis que les classes moins favorisées, y compris les classes moyennes occidentales, s’enfoncent dans la précarité, au mieux, et dans la pauvreté, au pire. La théorie libérale du ruissellement a fonctionné moyennement pendant les Trente Glorieuses parce que le sort des possesseurs de capitaux était encore très lié aux économies des nations dans lesquelles vivaient ces possesseurs et parce qu’il y avait la crainte des soulèvements sociaux, notamment en Europe. Depuis 1990, il n’en va plus de même, le capital est vagabond, le péril communiste a disparu et le ruissellement s’est arrêté, sauf dans les paradis fiscaux et les quelques États accueillants dans lesquels se réfugient les super riches. La mondialisation libérale a accéléré l’accroissement des inégalités et cet accroissement est profondément malsain.

Aristote, qui condamnait ce qu’il appelait la mauvaise chrématistique, c’est-à-dire l’enrichissement sans fin, conseillait d’exiler ceux qui s’enrichissaient trop : « Le mieux, c’est encore de s’efforcer, par voie de réglementation légale, de faire en sorte que nul parmi les citoyens ne s’élève trop au-dessus des autres en puissance, soit par le nombre des amis, soit par l’étendue des richesses, ou sinon, de les éloigner par des voyages à l’étranger » (Politique ; V, 8, 1308b). Le point de vue exprimé ici n’est donc pas un point de vue marxiste mais celui d’un philosophe que certains auteurs, qui ne craignent pas les anachronismes et qui n’ont sans doute pas lu les œuvres du Stagirite, disent « conservateur ».

Et voici la réaction de Brigantin qui n'est pas d'accord avec F. Arondel, évoquant pour nous la réussite d'un jeune entrepreneur de sa région :

J’habite un petit village paumé. Plus de poste, plus beaucoup d’école, une petite supérette qui vend de l’épicerie, de la boucherie-charcuterie et fait dépôt de pain. Le boulanger est en effet parti en retraite en conservant la propriété de son local commercial.

Un jeune est arrivé, s’est endetté à titre personnel, avec le risque d’échouer et d’être ruiné pour toute sa vie. Il a acheté l’ancienne boulangerie, l’a rénovée et a investi dans du matériel. Il fabrique un excellent pain, d’excellentes viennoiseries et pâtisseries. Les gens du village lui achètent ses produits, vantent leur qualité et, progressivement, les ménages des villages voisins sont venus, et maintenant de la ville voisine (20 kilomètres). Ce jeune entrepreneur a embauché deux commis et, plus récemment, une vendeuse, si bien que trois jeunes ménages sont venus s’installer dans le village avec leurs enfants. Il travaille beaucoup (environ 70 heures par semaine). Il gagne très bien sa vie et paie beaucoup d’impôts. Il a confié à un artisan de la région la construction d’une jolie maison. Le couple possède deux voitures dont la maintenance est confiée au mécanicien du coin. Sa boulangerie réalise plus de deux millions d’euros de chiffre d’affaires et, après douze années d’exploitation, une chaîne de boulangeries lui a proposé de racheter son fonds de commerce pour deux millions d’euros et de l’embaucher pour superviser les aspects techniques de la chaîne. Il a accepté l’offre et le voici millionnaire.

C’est à peu près cela, l’histoire d’un milliardaire… à une autre échelle. Il a pris des risques, a travaillé, a créé des emplois.

À bien y réfléchir, nos deux lecteurs n’ont-ils pas un peu raison tous les deux ? Qu'en pensez-vous ? Dans vos commentaires, cette semaine...

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