Il court, il court, Mélenchon… Il est passé par ici, il repassera par là

Il ne manque à son tour de France que Strasbourg et Metz, mais il ne faut pas désespérer… En effet, depuis sa première élection, voilà plus de trente ans (1985), Jean-Luc Mélenchon a pratiqué mieux que personne « le tourisme électoral ». Pensant que l’herbe est toujours plus verte et le pâturage plus gras chez le voisin, il a chaque fois plié bagage avant la fin même de ses mandats.

Sénateur de l’Essonne de 2004 à 2010, "l’insoumis" a rejoint l’Occitanie en 2009 pour un mandat de député européen. Puis aux législatives de juin 2012, il est parti au son des trompettes défier Marine Le Pen dans le Pas-de-Calais, sur son fief d’Hénin-Beaumont. La claque qu’il y a prise l’a calmé pour un temps, mais pour un temps seulement. Changement de ton et changement de costume pour la présidentielle 2017 ; son indéniable succès l’ayant requinqué, le revoilà, fidèle à sa nature et à sa grande gueule retrouvée, qui s’en va voir à Marseille si la sardine est plus goûteuse.

Verba volent, scripta manent, disaient les Anciens, qui se gardaient donc de trop écrire. Mais les temps ont changé, et les verba sont désormais stockés avec les images dans nos boîtes à malice. Une occasion de rafraîchir la mémoire d’un Mélenchon oublieux de ces principes qu’il assenait pourtant avec force voilà cinq ans quand il pensait battre Marine Le Pen sur ses terres du Nord :

"C'est ça, la noblesse de la politique ! C'est pas les chefs vont dans les planques, hein, dans des endroits où ils sont assurés d’être élus d’avance. Moi je ne suis pas nommé par Pierre Mauroy comme Martine Aubry l'a été à Lille, je ne suis pas nommé par la rue de Solférino tantôt dans la Somme tantôt dans le Grand Sud-Est comme l'a été Vincent Peillon, qui me fait des remarques et des observations sur le fait qu'il faut des élus de proximité pour comprendre les dossiers."

Surtout, ajoutait-il alors : "Madame Aubry, bien sûr qu'elle a été élue, et en cela elle est totalement légitime. Mais elle n'est pas venue ferrailler dans une terre contre la droite, elle est venue ferrailler pour prendre la place à gauche contre quelqu'un qui l'avait déjà."

C’est très exactement ce que le sieur Mélenchon fait aujourd’hui à Marseille, dans la IVe circonscription où il vient se présenter aux législatives contre son grand ami d’hier, le député PS Patrick Mennucci. Lequel lui fait d’ailleurs remarquer qu’il se garde bien d’aller dans les quartiers nord de Marseille, là où il pourrait encore batailler contre le Front national…

Interrogé vendredi matin sur RTL, Mennucci s’esclaffe : "Il a dit qu’il allait m’offrir une bouillabaisse, c’est juste la démonstration qu’il n’a rien compris, parce que la bouillabaisse, c’est un plat de touristes, à Marseille. […] Jean-Luc Mélenchon fait tout pour passer pour un Marseillais. Bientôt, il va se mettre à jouer aux boules et à boire du pastis […] Surtout, quand vos confrères lui ont posé la question “Est-ce que vous serez dans votre circonscription chaque semaine ?”, il a répondu “Et pourquoi pas tous les jours ? Je ne suis pas un témoin de Jéhova (sic)”."

Et quand le journaliste lui demande si Mélenchon "prend les Marseillais pour des gogos", Mennucci répond que, fort de ses 39 % recueillis au premier tour de la présidentielle, Mélenchon prend surtout les Marseillais "pour un pourcentage" : il "se comporte comme un caudillo en pensant que nous sommes un chiffre".

Conclusion : il ne suffit pas d’avoir une grande gueule pour être Marseillais, et s’il veut boucher une nouvelle fois le Vieux-Port, Mélenchon va devoir trouver autre chose que des hologrammes…

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Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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