Corvée de patates : Agnès Buzyn s’y colle à Paris !

patates

Sur la nomination en catastrophe – en attendant qu’elle ne devienne tout bonnement catastrophique – d’Agnès Buzyn, ancien ministre des Solidarités et de la Santé, en tête de liste parisienne des prochaines élection municipales, tout a été globalement dit et bien écrit sur ce site. Le coronavirus, urgence prioritaire pour cause de possible pandémie mondiale ? Un défi autrement plus important que celui consistant à briguer la bonne gouvernance de cette ville-monde qu’appelle de ses vœux Anne Hidalgo, madame le maire en place.

Moins de trois jours plus tard, Agnès Buzyn mange son chapeau tout en peinant à digérer l’ingestion de son masque antimicrobien et accepte de mener la liste en question. La faute au virus politicien ? Il n’est pas incongru d’y songer. Après tout, promouvoir un médecin afin d’administrer soins palliatifs, en attendant l’extrême onction, à une LREM condamnée à jouer les arbitres entre Anne Hidalgo et Rachida Dati, on a vu casting plus saugrenu.

Ce, d’autant plus que cette dame dont les lumières en matière médicale ne sont plus à remettre en doute pourrait nous être éminemment utile : qui d’autre qu’elle pour nous éclairer sur l’étrange épidémie frappant le premier cercle historique d’une Macronie jadis triomphante ?

Ainsi, on pourrait se croire dans Les Sept Boules de cristal, célèbre aventure de Tintin et Milou, mise en cases et en phylactères par le défunt et regretté Hergé. Pourtant, ces premiers « Marcheurs » n’ont pas, jusqu’à plus amples informations, profané on ne sait quel mausolée inca ; même si nous serions tentés d’y croire - la preuve par cette liste.

Richard Ferrand, emberlificoté dans ses histoires de mutuelles. Sylvain Fort, plume plutôt de droite, ayant tôt quitté la pétaudière élyséenne. Ismaël Emelien, conseiller spécial, presque aussi vite parti conseiller sous d’autres cieux. Alexandre Benalla, sorte de schtroumpf costaud s’affichant désormais auprès d’un macroniste incontrôlable, Joachim Son-Forget, lequel s’affiche à son tour auprès d’une Marion Maréchal, autre électron libre s’il en est.

S’il n’y avait les lois antiracistes actuellement en vigueur, on dirait bien que tout ceci ressemble aux Dix Petits Nègres d’Agatha Christie. D’ailleurs, la seule survivante subsistant encore dans le premier cercle du pouvoir demeure Sibeth Ndiaye, sa porte-parole toujours un peu ébouriffée qui croit malin d’arriver au dernier défilé du 14 Juillet en pyjama.

Dans le JDD de ce 16 février, Anna Cabana, journaliste toujours très bien renseignée en matière de microcosme politicien, assure néanmoins que Sibeth Ndiaye « quittera prochainement la politique ». Au final, l’Élysée en finira peut-être bientôt par regretter Benjamin Griveaux et ses sorties destinée à être gravées dans le marbre de l’Histoire. Quand il affirme que les électeurs de Laurent Wauquiez sont « des gars qui fument des clopes et qui roulent au diesel », lorsqu’il confond Marc Bloch et Charles Maurras à propos de la distinction entre « pays légal et pays réel » ou se mélange les pinceaux entre photo du Vel' d’Hiv' de 1944 – là où furent rassemblés les collaborateurs – et celle de la rafle des Juifs en 1942. En janvier 2019, il joue les maris modèles lorsque la porte de son ministère est démolie à coups de transpalettes par des gilets jaunes, assurant à l’hebdomadaire Gala que si son épouse, l’avocat Julia Minkowski, a été prise pour cible, c’est à cause de « ses origines juives ». Tout cela est-il bien sérieux ? Non.

En attendant, c’est Agnès Buzyn qui s’y colle, empruntant les pas d’une Nathalie Loiseau dont la campagne surréaliste, lors des dernières élections européennes, pourrait elle aussi faire date dans l’Histoire. On avait pourtant cru comprendre que, féminisme envahissant oblige, les tâches ménagères devaient être désormais partagées à parts égales entre femmes et hommes. Pour l’instant, il semblerait que ce soit aux gonzesses de pousser la poussière sous le tapis pour rattraper les bourdes de leurs gonziers. En l’occurrence, tout cela pourrait s’apparenter à une « corvée de patates », comme on disait autrefois, quand le service militaire n’avait pas encore été supprimé par Jacques Chirac.

Grace au « nouveau monde », le féminisme est en marche.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois