On se demandait pourquoi Orbán avait confié à son ministre de la Justice László Trócsányi le soin de conduire la liste du Fidesz aux élections européennes. N’importe quel autre politicien aurait pu faire l’affaire, le Fidesz étant assuré d’une large victoire d’après les sondages. Sa liste obtiendra 52 % des suffrages.

On a compris qu’il s’agissait de lui faire acquérir une stature européenne lorsque la Hongrie l’a proposé comme commissaire européen. Ce juriste francophone a été ambassadeur de Hongrie en France de 2010 à 2014 avant de devenir ministre de la Justice du gouvernement Orbán. Il avait fondé, en 1991, un cabinet d’avocats qu’il a quitté il y a treize ans. Cependant, lors de la campagne des européennes, l’opposition hongroise a présenté comme un scandale l’existence de contrats entre ce cabinet et certains organismes gouvernementaux. Cela a suffi à la commission juridique du Parlement pour déclarer Trócsányi inapte à exercer les fonctions de commissaire en raison d’un conflit d’intérêts.

Un prétexte. À travers Trócsányi, c’est Orbán qui était visé. Les sociaux-démocrates, les Verts, les libéraux, l’extrême gauche et même une partie du PPE voulaient sanctionner le gouvernement hongrois, qui prend trop souvent des libertés avec les règles de bienséance bruxelloises. Les parlementaires européens « progressistes » n’ont toujours pas digéré la construction d’une clôture au sud du pays pour stopper la vague migratoire, le refus des quotas de relocalisation des immigrés arrivés en masse en Italie et en Grèce, le maintien des demandeurs d’asile dans des zones de transit le temps de l’étude de leur dossier, les attaques contre Soros avec la fermeture de l’université qu’il a fondée, en 1991, à Budapest, la taxe de 25 % sur les financements étrangers reçus par les ONG pro-migrants, etc.

Orbán, qui tenait beaucoup au portefeuille de commissaire à l’élargissement pour renforcer l’influence de la Hongrie dans les Balkans, prit acte du rejet de Trócsányi et proposa immédiatement un remplaçant en la personne d'Olivér Várhelyi, ambassadeur de la Hongrie auprès de l’Union européenne. Cette fois, c’est au niveau de l’audition par les députés que les problèmes sont apparus. Bien que M. Várhelyi ait clairement indiqué qu’en tant que commissaire, il serait au service de l’Union européenne et non du gouvernement hongrois, il n’a pas convaincu le jury qui lui a imposé de passer un rattrapage sous forme de questions écrites.

Le temps pressant, puisque la Commission devrait être opérationnelle le 1er décembre, d’amicales pressions dans plusieurs groupes politiques ont rendu les réponses de M. Várhelyi convaincantes. Il n’est resté que les Verts et l’extrême gauche pour s’opposer à sa nomination en tant que commissaire.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 24/11/2019 à 13:28.

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23 novembre 2019 à 9:14

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