Comment ! Un général ose dire qu’il est imprudent pour une jeune fille de courir seule en forêt…

général jacques morel

Qu’est-ce qu’il n’a pas dit, ce général ! Des propos « polémiques », reprennent à l’envi les journaux du jour. Ce général, c’est le général de gendarmerie (2s : pour les non-initiés, retiré du service actif) Jacques Morel. Invité sur le plateau de BFM TV pour commenter l’affaire de la jeune joggeuse de Mayenne, disparue pendant 24 heures, cet ancien patron de la section de recherche de Versailles a osé « rappeler aux jeunes filles et aux jeunes femmes qu’il devient un peu imprudent de courir toute seule en forêt ».

Des propos « qui ne passent pas », lit-on ici et là. Qui ne passent pas pour qui ? Pour les militantes féministes, cela va sans dire. L’une d’elles, sur les réseaux sociaux, parle d’« inversion de culpabilisation ». Comme quoi, on mélange tout. D’ailleurs, pour expliquer cette « inversion de culpabilisation », la dame poursuit : « On n’imaginerait pas dire à quelqu’un qui vient de se faire cambrioler : bah oui, il ne fallait pas partir en vacances aussi ! » Non, on n’imagine pas ça. En revanche, on imagine bien dire à quelqu’un de fermer ses volets et ses portes à double tour avant de partir en vacances et, éventuellement, d’installer un système d’alarme. Je ne connais pas ce général ni cette féministe, mais j’imagine assez bien ce qu’a pu être l’expérience de cet officier de gendarmerie : la confrontation au réel.

Le réel, pour les gendarmes, les policiers ou les pompiers ? Ce sont ces recherches de personnes disparues que l’on (« on », ce sont des hommes et des femmes qui ne font pas dans l’idéologie mais dans le pratique) retrouve parfois au fond d’un fossé, massacrées, violées. Le réel, pour ces gendarmes, c’est ensuite ce moment terrible, lorsqu’il s’agit d’aller annoncer la triste nouvelle à la famille de la victime, de dire l'indicible. J'imagine que c'est à tout cela que ce général a sans doute pensé en prononçant ses propos « polémiques ».

Car le réel, la réalité, c’est qu’en France, aujourd’hui, on se barricade chez soi tout autant, sinon plus, qu’au temps des Grandes compagnies (les sociétés vendant des systèmes d’alarme et de surveillance se portent à merveille), que des parents ne laissent plus sortir leurs enfants dans la campagne, dans la rue, même en pleine journée, que beaucoup interdisent à leur grande fille de sortir seule (sans vouloir culpabiliser les parents de la jeune fille de Mayenne). Du reste, voyez-vous beaucoup de petits Poulbot aller seuls à l’école en pataugeant dans le caniveau, comme c'était encore le cas lorsque j'étais gamin, sous de Gaulle et Pompidou ? « Pour délivrer les femmes des violences, on va faire en sorte de diminuer leurs libertés », s’insurge l’auteur du livre Une culture du viol à la française, Valérie Rey-Robert, sur Twitter. Le général Morel n’a jamais dit ça. Mesdames les féministes feront comme elles voudront avec leur progéniture, mais personnellement, je connais beaucoup de grands-pères, sous Macron, qui n'ont pas spécialement envie que leurs petites-filles aillent faire du jogging toutes seules en forêt. Je sais, c'est patriarcal, paternaliste, voire même fasciste, pendant que nous y sommes, et tout ce que vous voudrez, mais c'est ainsi.

Une idée, comme ça : on devrait proposer à toutes ces défenderesses de la cause féminine de faire des stages dans les brigades de recherche afin d’écouter les « retours d’expérience », comme on dit, de ces gendarmes et policiers qui, un matin glauque, ont rencontré l'horreur. L’idéologie, c'est bien ; le principe de réalité, c'est mieux.

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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